TPG: T'es Pas Genevois pour rien (19/11/2014)
J'étais à Lausanne aujourd’hui. Combien Genève peut paraître provinciale et incompréhensible dès qu'on passe la Versoix. Une grève en plein XXIe siècle! Et pour quelle raison? Parce que le prix du ticket de bus va passer de 3 fr 50 à 3 fr et qu'il risque de manquer 15 petits millions dans la caisse de la régie publique des transports. 15 millions que le syndicat dominant réclame aux contribuables comme un gamin qui piaffe parce qu'il n'a pas reçu son Kinder en chocolat. On ne rêve pas, ici c'est Genève.
D'abord, personne n'est sûr que ces 15 millions vont réellement manquer d'ici la fin 2015. L'AVIVO, qui n'a évidemment pas manqué d'apporter son soutien aux grévistes, avait fait campagne en mai dernier en expliquant qu’appâtés par la chute des tarifs les Genevois prendraient d'assaut trams et bus et compenseraient ainsi la perte. Une très sage réflexion économique au demeurant. Qui ne demande donc qu'à être testée.
Photos: Cornavin à 8h30 et devant la gare de Lausanne à 9h15 (cliquer pour agrandir)
Pas question donc à ce stade de céder à ces écervelés de syndicalistes qui, non contents de faire de la politique, empêchent le service public de livrer le service minimum auquel il s'est engagé dans son contrat de prestations. Au fait quelles pénalités ledit contrat prévoit-il en cas de non accomplissement du service minimum?
Laissons du temps ou temps comme disait tonton Mitterrand. Il sera grand temps, en automne 2015 ou plutôt au printemps 2016, de rallonger la subvention si d'aventure les prévisions de l'AVIVO s'avèraient fausses ou trop optimistes et pour autant que la régie ait bien démontré sa capacité à limer ses frais. Dans l'intervalle, maintenons la pression sur la direction des TPG et son conseil d'administration, dont les membres ne touchent pas des jetons de présence pour rien. Qu'ils fassent tourner la machine.
Bon, on ne va pas non plus se prendre la tête pour ça. La Genferei aura démontré que la débrouille, un poil d'anticipation, un vieux vélo, une trottinette, le covoiturage, le stop, la marche à pied auront permis à la plupart des travailleurs de travailler normalement en ce jour de grève. Merci à eux.
Ce matin, en descendant à vélo du pied du Salève pour prendre mon train à Cornavin, quel n'a pas été mon étonnement de voir la route de Drize vide de voitures jusqu'au Rondeau. On se serait presque cru un samedi. Il était 8 heures pile. D'ordinaire la queue remonte sur plusieurs centaines de mètres. En ville, on circulait pas mal aussi grâce aux feux qui faute de tram se libéraient plus vite. A Cornavin, une queue, celle de quidams attendant sagement des taxis. Arrivé à Lausanne, contraste, les trois files d'attente sont remplies de taxis qui attendent les quidams...
Bilan: SEV 0 - Genève et Grand Genève 5
A propos, le SEV aura au moins démontré,
1) que Genève peut vivre un jour ou deux sans transports en commun,
2) que les TPG ne sont pas pour rien dans les embouteillages notamment à certains carrefours comme celui du Rondeau,
3) que le covoiturage, c'est possible et ça peut même être sympa,
4) que le vélo, c'est assez rigolo, surtout quand il fait beau, malgré les autos et surtout les motos,
5) que le monopole des TPG ou celui des CFF dans le transports des personnes vit sans doute ses dernières années.
Je suis sûr que des caristes sont prêts relever le défi et à assurer des navettes directs entre des parkings situées à proximité des échangeurs autoroutiers et certaines destinations à Genève proches des trams: par exemple de Nangy, d'Etrembières et de Saint-Julien(Archamps) en direction de la Ziplo, Zimeysa, Aéroport, Palexpo, du quartier des organisations internationales, et place de l'Etoile gare du Pont-Rouge.
Plus d'info sur les TPG, leurs prestations, leurs coûts, leurs valeurs: la régie dépense 408 millions de francs, soit 1,1 million par jour, soit deux francs par voyageur. Elle reçoit 244 millions de subventions, retirent 44 millions de la vente des billets et 85 millions des abonnements et transportent 539'000 personnes par jour.
On lit encore cette phrase dans le rapport de gestion 2013: L'expansion du réseau s'est accompagnée d'un développement extraordinaire de l'entreprise, qui est passée entre 2002 et 2013 de 1'333 à 1'878 collaborateurs et collaboratrices. Tous ensemble, ils réunissent une somme précieuse d'expérience et de savoir-faire, une intelligence collective qu'il s'agit de mettre à contribution pour réussir la mission de service public qui nous est confiée.
18:00 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Je me permet de vous renvoyer à mon commentaire sur le blog de M. Holenweg :
http://causetoujours.blog.tdg.ch/archive/2014/11/19/transports-publics-genevois-une-greve-contre-une-prise-d-ota-261939.html
Auquel il ne réagit pas ou juste en répétant, tel un gamin capricieux et entêté, que le peuple a voté une baisse des tarifs pas des prestations.
Depuis plus de trois ans j'ai tenté vainement d'engager des synergies entre les taxis et les TPG afin de les soulager de lignes non rentables (proxibus), et de proposer des lignes nocturnes en semaine (noctambus). Ces discussions n'ont mené nulle part malgré l'intérêt manifesté à l'époque par le directeur, Monsieur Bonzon et le président du CA, Monsieur Plojoux.
Les TPG, comme la plupart des régies publiques, sont une usine à gaz qui rémunère royalement ses cadres et qui ronronne grâce à l'activisme politique de certains groupes qui voudraient éradiquer les alternatives de transport de personnes en milieu urbain.
Je partage donc votre indignation sur le chantage de la baisse des prestations, mais pour d'autres raisons liées à la gestion et à la capacité de faire de sérieuses économies sans toucher à l'offre.
Écrit par : Pierre Jenni | 19/11/2014