L'Inde, c'est aussi une fusée cryogénique! (06/02/2014)

Des forêts de tecks plantées au cordeau alternent avec des marquetteriez de rizières encore en friche, quelques-unes en cours de plantation, des champs de soya, des pâtures, quelques villages que l'express Nandand Delhi-Puri (dans dans l'Odissa) traverse à 80-100 km/h, mais parfois aussi à 50 km/h quand la voie ploie à son passage. Il est 6h30, le soleil se lève et nous tire d'une nuit agitée par le roulis irrégulier du train. Nous mettrons 19 heures pour avaler sans encombres 1097 kilomètres. Pour 1092 roupies par personne (17 francs suisses, mais le salaire d'un enseignant atteint tout juste 300 frs mois).

Le long convoi de wagons bleus est sorti de la nuit, précédé d'un puissant phare jaune, avec 3h30 de retard, à Moghul Sarai, la gare grandes lignes de Varanisi. Pour atteindre ce "plus grand carrefour ferroviaire d'Asie", comme la nomme Ranjan K. Banerjee, correspondant de Neos dans la ville sainte, distant d'une vingtaine de kilomètres, il faut plus d'une heure et traverser une banlieue poussiéreuse et une gare routière où des milliers de poids lourds attendent les prochaines récoltes.

Peu ou pas d'objets en plastique le long des voies, sauf à l'approche des gares où les terplins sont squattés par abris de fortune des plus pauvres. Les railways station, qui conservent leur ancienne dénomination de l'époque coloniale, sont fatiguées, crasseuses, mais balayées régulièrement, ce qui n'empêche pas les rats de pulluler sur le ballast du noeud ferroviaire de Varanasi et d'élire domicile jusque sous les éviers et près des moteurs des réfrigérateur du restaurant de quai. Les sanitaires associés aux salles d'attente séparées hommes et femmes sont puants.

Nous partageons notre compartiment à quatre couchettes, fermé sur le couloir par un rideau, avec une famille de l'Orissa. Lui, la trentaine, est fonctionnaire dans le département du développement, peu loquace sur son activité exacte. Elle, femme au foyer. Deux garçons de 9 et 3 ans, pour qui le père nourrit des ambitions. La famille n'a pas de voiture, mais deux vélos. L'Orissa est situé au sud du Bengale, partagé entre une côte aux infrastructures touristiques en plein développement, notament à Puri, et un arrière-pays montagneux couvert de jungle, pour une petite partie encore vierge et peu propice à l'agriculture, peuplées de groupes éthniques importants disposant de leur propre langue, souvent critiques, à juste titre, aux entreprises minières. Les montagnes sont riches en fer, chrome, etc. Selon le journal Orissa Post du 6 février, qui rapporte les conclusions d'une commission d'enquête, plusieurs rivières seraient polluées.

Le Chhattigarh voisin connaît, en partie de ce fait, une rébellion maoïste active, genre Sentier lumineux péruvien, qui déborde dans l'ouest de l'Orissa. Quelque trois à six cents victimes par an. Outre le fer et le chrome et d'autres richesses forestières et énergétiques, une mine de diamants vient d'y être découverte. Nous avons bien noyé des vallées pour exploiter la houille blanche renouvelable au temps où le dieu croissance était, chez nous comme ici ajourd'hui, synonyme de machine à laver pour tous ...

Sur la longue et superbe plage de Puri, des vendeurs proposent des colliers de rubis, lapis lazuli, améthyste, œil de tigre de seconde main et de second choix... à partir de 25 fr. En fait des american diamant, du zirconimiumn coloré, que les orphèvres aux portes du temple offrent pour 3 frs pièces.

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