C'est quoi l'opium du peuple aujourd'hui? (08/12/2013)

opium pavot.jpgLes jeunes socialistes de Genève demandent que le Parti socialiste suisse retire de son programme l'adhésion de la Suisse à l'Europe. L'Europe est à la peine. C'est une évidence. L'élan des pères fondateurs s'est figé dans une histoire qu'on n'apprend pas à l'école. Les peuples de l'Europe ne font plus assez d'enfants. L'Europe vieillit, elle va se dépeupler. Les peurs ont fait la place à l'espoir d'un monde meilleur.

Certes, l'Europe fut et est l’œuvre d'entrepreneurs soucieux de leurs intérêts - le pourquoi du coup de la JS - mais de politiciens soucieux d'éviter au continent un troisième cataclysme armé - on en les remerciera jamais assez. Le temps de "tous les prolétaires unissez-vous" est passé. Et voilà que cette Europe qui ouvre les frontières et met les travailleurs sur le même pied, trouve sur son chemin la Jeunesse socialiste genevoise... Marx doit se retourner dans sa tombe.

Quatre jours plus tard, la même JS réclame qu'on baptise une rue de Genève du nom de Mandela. Des élus du Conseil municipal de la Ville, qui adorent voter des résolutions pour le monde, ne manqueront pas de relayer cette demande. Et je suis prêt à parier qu'une majorité soutiendra cette initiative BCBG comme on disait naguère.

Mandela force évidemment le respect. Il a résisté à l'oppression. Il a permis une transition sans effusion de sang dans son pays. Espérons que ses successeurs sauront demeurer dans ses pas. Mais qu'a fait Madiba pour changer le monde? Moins sans doute qu'un Jean Paul II, dont, que je sache, la JS n'a pas demandé qu'une rue de Genève porte son nom...

Ces quelques propos de travers pour rebondir sur un article du bimensuel de The Economist Intelligent Life. Le magazine a interpellé six écrivains d'expression anglaise of course avec cette question: Qu'est-ce qui est l'opium des peuples aujourd'hui? Les réponses ne manquent pas d'intérêt et sont diverses:

- la nourriture, fast ou slow food, bio ou ogm, l'alimentation nous fascine, même si la peur de manquer s'estompe et que nous dépensons bien plus pour notre santé que pour manger.,

- les enfants, qui manquent et que nous adulons donc,

- la célébrité, que l'on peut acquérir via Facebook pour le meilleur et pour le pire

- l'internet, qui nous connecte

- l'air marin,

- les objets de design.

Un sondage bien sûr interpelle les internautes qui sans surprise note que le nouvel opium est l'internet, suivi des enfants et de la célébrité.

En Suisse, l'opium du peuple, c'est sans doute le capitalisme, qui a fait la fortune des caisses de retraite et dont les hoquets récurrents inquiètent les rentiers. La célèbre shareholder value n'est pas le fruit défendue que des seuls barons de l'économie, ventrus et fumant le cigare, mais aussi des petits porteurs que nous sommes tous.

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