Luc et Michèle: comment ne pas être le jouet des experts? (01/12/2013)

IMG_4889.JPGMichèle Künzler ne voit pas ce qu'elle a fait faux. Hier soir encore, à Forum, sur RTS la première, elle a répété que son bilan était bon, qu'elle a été la victime de la méchanceté des hommes et que la presse ne l'a pas protégée assez, voire qu'elle a attisé la hargne à son égard. Le problème, c'est qu'en politique, il ne suffit pas d'avoir raison pour l'emporter. Il faut surtout convaincre les citoyens que les décisions qu'on prend son justes et nécessaires. Et sur ce point, Michèle Künzler, qui a été un bon petit soldat, a trop fait confiance aux technocrates.

Luc Barthassat n'est pas, pas plus que Michèle Künzler, un spécialiste de la Mobilité. Il risque de tomber dans le même piège.

C'est que la circulation n'est pas simplement régie par la mécanique des fluides. Elle s'inscrit dans une trame bien serrée de normes techniques et légales qui donnent en fait le pouvoir aux ingénieurs et aux juristes. S'ajoute le coût élevé du moindre ouvrage et le temps disproportionné pour le réaliser.

Deux exemples qui au quotidien suscite mon exaspération. Je suis sûr que vous en avez d'autres sous la main.

Je descend régulièrement à vélo ou en voiture de Croix-de-Rozon à Genève, plus rarement en bus, car le bus est pris dans les bouchons, faute de disposer d'une voie réservée.  Mais voilà que l'Etat enfin s'est rendu à l'évidence. Il élargit la route qui du rondeau de Carouge monte à Drize. Seulement l'Etat, sans doute conseillé par toutes sortes d'avis d'experts, a décidé de conserver et donc de restaurer les murs de pierres qui bordent la voie. Le panneau de chantier annonce 27 mois pour réaliser ce tronçon de moins d'un kilomètre qui ne présente pas de difficultés majeures. Il n'a pas osé afficher son coût. 

L'autre exemple concerne les plus très nouveaux automates qui délivrent les billets de bus et de tram. Il serait bon qu'un audit soit lancer sur ces machines, illisibles en plein soleil, souvent bloquées, lentes et à qui il faut indiquer le code de sa carte de crédit pour débiter 3 francs 50. Combien ont-elle coûté? Combien coûtent-elles à l'entretien? Qui est à l'origine de cette gabegie? Sans doute pas Michèle Künzler. Mais a-t-elle seulement demandé des comptes à ce sujet et sanctionnés les responsables? Mais a-t-elle seulement compatis à la douleur des Genevois quand ils perdent des heures dans les embouteillages ou quand des machines rebelles les incitent à resquiller?

La politique, c'est l'art du discours, l'art d'écouter, d'entendre et de comprendre les gens. Le péché mortel, c'est de laisser entendre que les gens sont des c... et que les experts ont raison. Michèle l'a commis ce péché, pour son grand malheur. Souhaitons que Luc en tirera la leçon.

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