La citrouille de l'Hôtel de Ville (30/11/2013)
Une belle grosse courge, en habit vert, bien joufflue, posée sur un trépied, trônait hier soir au milieu de la Cour de l'Hôtel de Ville, dépassant juste les têtes des Genevois, pas très nombreux, qui avaient répondu à l'apéritif impromptu de départ des cinq conseillers d'Etat sortants: des hauts fonctionnaires, des députés, des journalistes essentiellement, les proches des élus qui ne le sont plus, quelques badauds perdus... Et emmitouflés, mais heureusement épargnée par la bise et la neige qu'on annonçait.
Pourquoi diable avait-on placé cette courge là? Les gens interrogés sont restés sans réponse? Un député avança, sous couvert d'anonymat, qu'un malicieux avait sans doute exposé cette courge là pour signifier à l'assistance qu'il ne faut pas l'avoir trop grosse...
La courge est-elle en voie de se substituer au jet d'eau pour illustrer Genève? Qu'on en juge!
Ce fruit automnal aux formes et couleurs multiples illustre mieux que le cardon argenté et épineux de Plainpalais la diversité genevoise. Sa chair fait une bonne soupe et des veloutés délicats qu'on sert sur toutes les tables jusqu'aux plus raffinées. La courge, un légume rassembleur? Les cucurbitacées sont aussi des objets de décoration. Percées d'yeux, les citrouilles font de bien beaux masques à la veille de la Toussaint. Mais gardons nous, en ces temps où des gardiens sourcilleux est sans doute déjantés de la laïcité font feu de la moindre chandelle, d'évoquer les rapports de la courge avec les mondes cachés.
En son cœur, la courge tient un labyrinthe de filaments, une autre piste pour dénouer l'énigme de sa présence hier soir: la dénonciation des réseaux politiques, le "Filz" disent les Suisses allemands, dont Facebook ne livre que l'écume superficielle?
Dernière explication. La courge d'hier soir est d'une variété à la peau dure. Comme celle des politiciens? Évidée elle devient une marmite. Celle de la Mère Royaume? Séchée, elle devient calebasse, résonne et amuse le peuple. Son vert hésite entre le tendre de l'écologie et le foncé de l'UDC. Enfin sa chair, orange, est un subtile mariage de rouge et de jaune. Bien genevoise la courge! Toute allusion à des partis politiques est évidemment fortuite. Addittionnée de quelques pépins de courge passés au feu, elle était délicieuse.
10:10 | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
"Ce type de courge à la peau dure, comme celle des politiciens". Très joli récit qui fait plaisir à lire!!!
Vive le nouveau symbole! S'inspire-t-il le sens figuré de "courge" puisque plusieurs membres de un gouvernement sorti méritent une telle désignation?
Écrit par : lemondeestetrange | 30/11/2013
Et pourquoi pas seulement pour annoncer une excellente soupe à la courge, que chacun a pu déguster!,
Écrit par : Ribordy MABUT Marie-Cécile | 30/11/2013
Cher JFM,
Vous parlez des « gardiens sourcilleux de la laïcité qui font feu de la moindre chandelle d'évoquer les rapports de la courge avec les mondes cachés. »
Je vais vous éclairer : sachez que cette magnifique courge, soupe ou pas, est un élément de la création qui nous renvoie à son Créateur, bien au-dessus des prétentions humaines éphémères étalées à l’Hôtel de Ville, et de la gourmandise qui caractérise les Genevois dont je fais partie autant que vous !
Bon dimanche !
Écrit par : Hani Ramadan | 30/11/2013