Pour le rituel du vote dans l'urne (19/11/2013)

votation urne du samedi.jpgQue faire pour contrecarrer le rituel des jeux? Les interdire? Diable non! Le jeu est le propre de l'animal et donc de l'homme. S'y exerce la discipline, s'y forge l'esprit de clan, s'y affute l'esprit de compétition, s'y mesure l'esprit de domination, dans la sueur et sous les clameurs d'un public qui ne fait qu'un avec son équipe. Allez les bleus! Vae victis! Etc.

Naguère, les cultes divins proposaient, sous nos cieux comme toujours ailleurs, un contrepoids, ajoutant la modestie, la justice, la tempérance et la solidarité aux vertus sportives (ou guerrières). Bref l'horloge des rites étaient bien réglées. Ces cultes ne sont plus d'actualité que pour quelques-uns. Les Verts et les laïques en panne de repère tentent bien de remplacer le vendredi sans viande par un lundi, le carême par les jours sans achat et les saints du calendrier par des journées et des années internationales... Chassez le rite...

Parmi les rites, le Suisse connaissait le rite de la votation. Quatre fois l'an au moins, il s'en allait, à la sortie du culte ou de la messe, voter, passant dans l'isoloir puis devant l'urne, discutant des affaires un verre de blanc à la main, signant ou non une pétition, une initiative, un référendum sur des bancs installés devant les locaux de vote.

Le vote par correspondance et le vote par internet ont tué ce rituel et privatisé l'être citoyen. On le consulte sans doute davantage dans des assemblées, dans des sondages, dans des panels, mais son avis, malaxé dans la presse-purée des experts, ressort souvent méconnaissable.

A Genève, l'Etat, ces jours, poussé par les technocrates de la Cour des comptes, s'est mis en tête de réduire le nombre des locaux de vote. A quoi bon maintenir ouverts 68 bureaux, convoqués dix fois autant de jurés ou presque pour 5% des électeurs qui se déplacent encore! Pourquoi ne pas les supprimer tous d'ailleurs.

Il se trouve que lors de la dernière élection du Conseil d'Etat, j'ai apporté l'enveloppe de vote d'un vieil oncle oublieux le samedi au service des votations. Un préposé y faisait les cent pas. L'urne posée sur une chaise dans le hall d'entrée a englouti ce vote sans que personne ne me demande quoi que ce soit. 

Le lendemain, le dimanche 10 novembre, j'ai apporté ma propre enveloppe au bureau de vote de Bardonnex. Six jurés esseulés m'ont accueilli. Il a fallu que je m'identifie pour que je sois autorisé à glisser mon vote dans l'urne. Comprenne qui pourra...

Pourquoi ne pas rétablir un jour de vote fixe! Le jeudi, par exemple, de 12 heures à 22 heures.

On déposerait son enveloppe ou on voterait sur une machine à voter, dans quelques places, particulières, salles communales, centres commerciaux. Le vote citoyen s'inscrirait dans le cadre d'un festival politique, offrant de l'information, des débats, des occasions de rencontre avec les élus, des espaces de conciliation, des formations, des jeux civiques, des expositions de grands projets, des podiums vituels d'expression libre, etc. Bref, une fête citoyenne.

N'attendons pas que la démocratie se meurt dans l'indifférence!

 

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