Borgen n'est pas la Tour Baudet ni l'Elysée (30/10/2013)

Borgen nyborg.jpgDemain jeudi, les fans de ce qui se trame dans les coulisses politiques verront sur la RTS les deux derniers épisodes de Borgen, le feuilleton culte, en trois saisons et cinquante-huit épisodes, qui raconte les intrigues d'un gouvernement danois inventé, de sa cour de prétendants, de premiers et de seconds couteaux, sur fond d'alliances et de divorces, de maris volages et de femmes jalouses, le tout sous l'oeil gourmand de médias en compétition.

Je n'ai vu que deux épisodes de cette saga nordique, dont notre ex-Monsieur cinéma suisse, le Genevois Nicolas Bideau, veut importer la trame et les artisans sur le bord du Léman pour raconter les intrigues de la Genève internationale, dans l'espoir de la dérider un peu (dans le sens de l'humaniser et de la rajeunir...). Une excellente idée à suivre...

Pas de Birgitte Nyborg Christensen cependant à Genève, l'héroine de la série, une femme politique évidemment intègre, qui jongle avec son emploi du temps de mère et de chef de parti, et est en butte aux coups bas de ses adversaires jusque dans son propre parti et au voyeurisme des médias.

Autant de partis cependant dans la série que dans la course au Conseil d'Etat de Genève pour briguer la première place au Borgen, le château, ou siège le gouvernement danois, l'équivalent de notre Tour Baudet, avec quelques différences de taille. Des différences qui ôtent pas mal de sel et même de poivre au combat de nos chefs locaux.

À Genève, pas de premier ministre, pas de coalition, pas de programmes politiques autour desquels chaque camp rassemble ses troupes et ses alliés selon des règles de vassalité variables, pas de trahisons non plus. Ici, on n'engage pas la responsabilité de son gouvernement devant le parlement. Quand le peuple n'est pas d'accord et le dit par référendum, le gouvernement ne tombe pas. Le référendum est un outil démocratique proprement suisse dont usent et abusent pas seulement les partis exclus du gouvernement.

À Genève, les sept ministres du gouvernement sont proprement sept premiers ministres, en raison même du système qui les élit. Les Genevois ne votent pas ce 10 novembre pour l'Entente genevois PLR-PDC, l'Alternative rose, rouge, verte ou la nouvelle Force MCG-UDC mais pour des individus. Ils peuvent d'ailleurs allègrement panacher leur liste et ne vont pas s'en priver. Et ce même si la coalition PLR-PDC, dont on ne connaît pas le programme commun, veut nous faire croire que ses membres sont unis comme les doigts de la main, jusqu'à afficher les noms de ses cinq coureurs en tout petits caractères sur ses affiches, placardées, en autant d'exemplaires que cette coalition qui n'en est pas une a déposé de listes électorales, pour dire combien elles aiment les locataires, les vieux, les demandeurs d'emploi et les partisans d'une Genève libérale, ouverte et croissante.

Au risque de me répéter, force est de constater que le gouvernement genevois passé, présent et futur, n'a de coalition que l'apparence. En fait nous vivons en régime de cohabitation. Aucun premier ministre n'est là pour rappeler à l'ordre un ministre déviant ou fainéant. Le futur président durable du Conseil d'Etat n'aura aucune prérogative de plus, au point, je pense, que personne n'a trop envie d'endosser cette charge sans pouvoir.

On l'a dit et écrit, la prochaine législature verra, plus encore que celle qu s'achève, l'émergence de majorité d'occasion. Le xénophobe MCG l'a encore affirmé lundi sur RTS Deux, il votera avec la gauche sur les sujets sociaux et avec la droite sur les questions économiques. A propos, à part la question des pendulaires français, qu'est-ce qui distingue le MCG du PDC ou des Verts libéraux?

08:43 | Lien permanent | Commentaires (2)