Comme pour la monnaie, l'inflation dévalue la démocratie (02/10/2013)

IMG_4512.JPGQui peut énumérer le nom des 29 candidats au Conseil d'Etat genevois? Qui peut même dresser la liste des partis en lice de 6 octobre 2013, un an avant le bicentenaire de la République, an 0 de la nouvelle ère constitutionnelle?

Qui a pris la peine, car il faut s'en donner, et le temps, que ne nous laissent plus les familles recomposées, les réseaux sociaux qui les remplacent et le boulot de moins en moins réglo, qui donc a pris la peine de lire les programmes des partis? La démocratie genevoise va mal. Depuis des lustres, elle est frappée de nombreux maux.

Le peuple est comme KO debout. Et ces maux s'aggravent. Où sont les médecins?

Premier mal de la démocratie genevoise, l'exclusion de 40% de la population des urnes. Ces Genevois sont étrangers donc non citoyens. Presqu'un habitant sur deux! À ces exclus s'ajoutent les quelque 60'000 frontaliers qui paient leurs impôts à Genève mais sont privés de droit de vote. Nombre de pendulaires vaudois sont des Genevois qui n'ont pas trouvés à se loger dans le canton. Ils sont eux aussi exclus du débat démocratique. Car notre démocratie calée sur les frontières et les concepts du XIXe siècle ne sait pas organiser des géographies nouvelles, celles du bassin de l'emploi par exemple. On multiplie les consultations locales et les moyens de recours des communes et des voisins qui bloquent toujours plus le développement du canton, mais on n'ignore la population du Grand Genève qui pourtant fait la prospérité commune.

Deuxième mal de la démocratie, le poids des administrations et des experts. Pas une décisions qui ne soit pesée, mesurée, évaluée par des armées d'experts qui fonctionnent souvent et c'est la que le bât blesse enfermé dans leur spécialité. Du coup leur rapport donne à chaque micro camp des opposants des arguments irréfutables car tirés de la science pour s'opposer aux décisions de bien commun que les élus doivent prendre. Apeurés par ces avis contradictoires, ils se divisent, s'éparpillent, compliquent les lois à l'excès, laissant ainsi toujours plus de pouvoirs à l'administration qui ne se prive pas d'interpréter la loi de manière extensive et inflationniste, donnant du même coup toujours plus d'occasion aux juges de casser des décisions.

Troisième mal de la démocratie genevoise, la complication des lois et règlements justement. Les lois s'allongent, veulent prévoir tous les cas de figure, manifestant une défiance croissante des législatifs face à à l'exécutif. Cette défiance généralisée trouble les citoyens qui a leur tour ne parviennent plus à donner leur confiance aux politiques. Des lois trop intrusives, la confiance qui se délite, autant de bonnes raisons de rester sur la touche. On garde au pire la possibilité de lancer un référendum ou une pétition ou de bloquer une décision.

Quatrième mal de la démocratie genevoise, la contestation permanente et jusqu'au boutiste. Lorsque Robert Cramer à lancé ses grandes opérations participatives dans le cadre du premier projet d'agglomération franco valdo genevois il y a 7 ans, je me suis étonné dans un blog de n'y voir aucun élu suisse ou presque et bien peu d'association représentative à l'exception des défenseur de l'environnement. Du côté français au contraire, les bancs étaient bien garnis. Un paradoxe pour la Suisse championne du monde la démocratie directe? Non, j'ai vite compris que les Suisses se fichent des consultations préalables, encadrées par des experts. Du pipeau tout ça. L'essentiel de la démocratie directe suisse se passe au moment des élections et plus encore par la voie de l'opposition référendaire et des recours, c'est à dire non pas au début du processus mais à la fin. Le modèle démocratique suisse et genevois en particulier est devenu un modèle bloqué ou autobloquant.

Le cinquième et sans doute pas Le dernier mal de la démocratie est le nombre trop grand des candidats et des partis.

Comme la monnaie, l'inflation dévalorise la démocratie.

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