0,7%! Et moi et moi et moi! (02/06/2013)
Une pétition circule à Genève jusqu'au 31 juillet. Elle réclame que les Genevois consacrent enfin 0,7% du budget cantonal d'ici 2018 (aujourd'hui 0,2%) à la lutte contre l'extrême pauvreté, dont souffre plus d'un milliard de personnes dans le monde.
J'ai été parmi les initiants de l'initiative 0,7 au tout début des années 80. Le texte réclamait que 0,7% du PNB, soit quatre fois plus que ce que demande aujourd'hui la pétition de la Fédération genevoise de coopépration et ses 63 associations membres, soit affecté à l'aide au développement. On entendait encore alors Jacques Dutronc chanter 700 millions de Chinois et moi et moi et moi (1966). L'initiative 0,7 "Pour la création d'un fonds cantonal d'aide au développement" fut battue à plate couture le 26 septembre 1982 (67.3% de non).
Aujourd'hui, il y a plus d'un milliard de Chinois et bien moins de victimes de l'extrême pauvreté dans la monde qu'à l'époque des yéyé, de Mai 68, des chocs pétroliers et des manifs anti-Pershing, ces fusées que les Américains déployaient en Europe contre les SS20 soviétiques. La pauvreté a reculé grâce principalement à la croissance fulgurante que la Chine a connue depuis une génération et à quelques politiques, sans doute trop modestes, de lutte contre les inégalités. La coopération au développement n'a jamais été qu'une goutte d'eau. Vais-je signer aujourd'hui le pétition 0,7%?
The Economiste fait sa couverture cette semaine sur l'extrême pauvreté et la diminution sans précédent de ce fléau indigne de notre monde. Le magazine explique dans un long article (à lire ici) que si l'on a pu sortir un milliard d'êtres humains de l'extrême pauvreté, dont deux tiers de Chinois, c'est grâce à la croissance économique très forte qu'ont connue nombre de pays durant les 20 dernières années dont la Chine. Et qu'il n'y a pas de raison de penser que d'ici 2030, le monde ne soit pas capable de sortir de la faim et de la misère l'autre milliard qui végète sous la barre d'un dollar 25 par jour. Il faut pour cela que l'Inde et l'Afrique dégage des taux de croissance chinois. Plus facile à dire qu'à faire, reconnaît le journal britannique mais pas impossible.
Et pour faire bon poids, The Economist démontre, sans forcer le trait, que ce succès, le monde le doit moins à l'objectif du millénaire de développement des Nations unies OMD (que la Chine n'a pas ratifié) qu'aux règles du libéralisme l'économique que le plus grand pays communiste du monde a adoptées. A son grand profit. Que donc l'Inde et l'Afrique auraient tout à gagner à suivre cet exemple du commerce libéré.
Le comité de pétition l'avoue: O7% du budget cantonal (un objectif fixé dans la loi depuis 2001...) c'est une goutte d'eau... pour un monde solidaire! Vraiment? Mais la soilidarité, n'est-ce pas aussi ouvrir davantage nos frontières au sucre du sud et à d'autres denrées agricoles, aux médicaments de l'Inde et à d'autres marchandises et services?
La coopération genevoise et ses 63 associations font sûrement du bon boulot - Elles l'affirment et on veut bien les croire. Mais parfois j'ai le sentiment qu'on ne vit pas sur la même planète.
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