Broulis meilleur patron des Finances que Hiler ? (17/04/2013)

dette vd ge 2012.jpg11,9 milliards et 765 millions. Le premier chiffre, c’est la dette actuelle du Canton de Genève, soit 25 320 francs par habitant, sans gros changement depuis que le ministre Vert a repris les rênes des Finances cantonales des mains de la libérale Brunschwig Graf à la fin de 2005. Le second montant figure la dette du Canton de Vaud, soit 1089 francs exactement par Vaudois, en forte baisse depuis le pic de 2004, date à laquelle la dette de l’Etat de Vaud culminait à 8,6 milliards de francs (13 352 francs par habitant).

David Hiler et Pascal Broulis ont publié jeudi dernier et ce lundi leur rapport sur le compte d’Etat 2012 (ici et cliquez sur l'image pour l'agrandir). Plus encore que la dette, un autre indicateur a fait ces jours derniers la une des médias, le résultat: en rouge à Genève – 460 millions, quand le budget prédisait un excédent de charges de 349 millions – en noir à Lausanne, qui a annoncé un excédent de recettes de 6 millions de francs, pile dans la cible budgétaire.

Le compte est bon: Hiler au tapis, Broulis champion?

 Ce n’est bien sûr pas aussi simple. Il faut se méfier des chiffres; de la dette et du résultat du compte de fonctionnement en particulier. Au point qu’on peut s’interroger sur la pertinence que ces deux indicateurs donnent de la bonne ou mauvaise santé financière des cantons de Vaud et de Genève.

Les grandes entreprises de notation internationales ne s’y trompent pas. Les notes qu’elles décernent sont fondées sur une batterie de paramètres. Standard & Poor’s note Vaud obtient AA+ positive et Genève AA- stable, soit 5,7 et 5,0 en notation scolaire. Broulis gagne, mais pas de beaucoup. Nos deux cantons sont dans la catégorie des emprunteurs de haute qualité.

Maintenant qu’il a désendetté l’Etat de Vaud, Pascal Broulis va-t-il concourir pour obtenir le fameux triple A, comme Zurich? Il suffirait qu’il reverse aux Vaudois, sous forme de baisses d’impôts, les excédents de revenus qu’ils dégagent régulièrement depuis huit ans et qui cette année ont permis de renflouer une partie de la caisse de retraite des fonctionnaires – un type de dette particulier. Au passage on notera que le terme consacré pour désigner un bénéfice l’excédent de revenus signale bien qu’il faut pour équilibrer les comptes alléger la pression fiscale. Dans la perspective de la baisse des impôts sur les entreprises à laquelle nous contraindra l’Union européenne si la Suisse veut conserver quelques atouts, Vaud apparaît mieux armé que son voisin.

En période d’inflation nulle, voire de recul des prix, la dette reste un boulet. Elle a de surcroît un coût. Nombre de pays européens en savent quelque chose. A Genève, cette facture s’est élevée à 241 millions de francs en 2012, contre 26 millions à Lausanne. Elle reste supportable ne serait que parce que certains actifs – que la droite ignore volontiers quand elle dénonce la dette - dégagent des revenus égaux aux coûts des intérêts passifs. Cependant, si la dette genevoise était égale à la dette vaudoise, David Hiler aurait pu annoncer non pas un déficit de 112 millions (hors éléments exceptionnels), mais un bénéfice de 103 millions.

Comment le Canton de Vaud est-il parvenu à se désendetter et pourquoi Genève n’y est-il pas parvenu? Ces deux questions relèvent de choix politiques. Le Canton de Vaud investit moins que Genève en proportion de son budget, fait payer la moitié de la facture sociale aux communes et profite comme nous de recettes fiscales en hausse régulière, reflet du dynamisme de l’économie de l’arc lémanique. Genève n’a pas réduit sa dette faute de volonté politique, parce qu’il supporte l’entier de la facture sociale et que ses fonctionnaires sont mieux traités que les fonctionnaires vaudois, ne laissant pratiquement aucune marge pour un désendettement.

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