Genève sans budget (06/03/2013)

Cinq des quinze membres de la commission des finances ont donc voté le budget du canton de Genève. Quatre députés ont voté contre, cinq se sont abstenus et deux ont disparu dans la nature dont, hypothèse probable, le député Gautier qui n'entend pas se faire dicter son choix par un jeunot radical fût-il devenu ministre de la sécurité.

Dans son blog - rendons-lui hommage d'avoir le courage de défendre ses idées - il explique ce soir que le budget est le vote le plus important du Grand Conseil. Personnellement je n'en crois rien. Quelques raisons de mon scepticisme.
Premièrement, le budget est une loi - la seule - qui ne peut pas être contestée par le peuple par référendum. Pour une raison simple, le budget n'est que la prévision chiffrée annuelle de dépenses, aujourd'hui à Genève regroupées en dix-sept politiques publiques, toutes définies par des lois, lesquelles sont soumises à référendum ou initiative.

Deuxièmement, les moyens dont disposent tant l'Exécutif que le Législatif pour modifier le budget sont ridicules et leur effet inférieur à la marge d'imprécision dont sont entachées les prévisions fiscales. Il suffit de considérer les années Hiler pour se rendre compte que notre ministre verts, servi par une conjoncture sans précédent, a systématiquement sous évalué les rentrées. Son successeur n'aura sans doute pas la même chance.

Troisièmement, si le PLR voulait sérieusement nous convaincre de ses efforts - sans doute bien réels mais vains - de réduire le train de l'Etat ou son tempo, il ne s'attaquerait pas au budget mais aux lois qui sont à l'origine de la dépense, ainsi qu'a leur enchevêtrement à l'origine de la presque toute puissance de l'administration. S'il voulait néanmoins continuer à s'échiner à ne traiter que du budget qu'il fixe alors des taux de réduction de dépenses de sorte que Genève revienne par étape dans la moyenne des dépenses par habitants des grands cantons comparables. Ou qu'il nous indique combien Genève et quelques autres cantons dépensent pour collecter 100 francs d'impôts et le transformer en une même quantité de CFC, d'arrêts des tribunaux, d'heures de gendarme sur le terrain ou renaturation de rivière. De quoi découvrir quelques coûts cachés, frictions inutiles redondance kafkaïenne...

Le Grand Conseil va passer quelques longues heures à refaire sous les caméras d'une télévision les débats que la commission des finances à tenu à huis clos pour le plus grand bonheur des amateurs de scoops à cent sous. le plus heureux doit être le rapporteur de majorité dont le rapport pourra tenir en deux phrases: Nous avons passé de longues heures à examiner le budget. Lors de notre dernière séance le Conseil d'Etat à présente une nouvelle liste de réductions de dépenses que nous avons acceptée biffant du même coup tous les amendements votés préalablement.

Ceci étant je me rallie évidemment à la conclusion de notre député dépité.

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