Les trams transfrontaliers menacés? (03/03/2013)
Un vote de protestation. Michèle Künzler aura fort à faire pour défendre son siège cet automne. Le succès de l'AVIVO surprend, même si les raisons des Genevois de signifier leur mécontentement à leur régie publique des transports et à leur tutelle politique étaients nombreuses...
Le basculement prématurée du réseau des trams sur le modèle du métro parisien exigeant des changements de lignes à quelques grands carrefours et privant les Carougeois d'un accès direct à Cornavin, la coexistence de deux types de machine à tickets, dont l'ancien ne rend pas la monnaie et le nouveau modèle offre un écran souvent illisible et des procédures tellement compliquées et lentes que l'usager est sûr de rater son bus.
Faut-il aussi citer l'échec malheureux de la désignation du patron français de la Migros à la tête du conseil d'administration de la régie qui intervient après celle avorté d'une directrice débarquée de Paris, mais aussi ces trop nombreux bus coincés dans les files de voitures qui dissuadent les automobilistes de choisir la mobilité collective.
Enfin le soutien du MCG à l'initiative de l'AVIVO cache peut-être le refus d'un réseau des trams transfrontaliers. Le tram est bon pour la ville et la banlieue proche. Se justifie-t-il pour relier des cités plus éloignées? On peut en douter au vue du coût d'un tram en comparaison d'un bus en site propre.
En outre, il faut se rendre à l'évidence: au-delà de 10 km la mobilité douce est un leurre ou ne concerne que les promeneurs du dimanche et quelques mordus du vélo électrique (j'en suis de temps en temps).
Dans la grande banlieue où logent de plus en plus de travailleurs, la voiture s'impose d'autant plus que l'urbanisme est très dispersé en France voisine. Geneve a tout misé sur le ferroviaire, dont le CEVA. très beau, très confortable, très mode, mais très peu souple et surtout très coûteux. Les dépenses sont telles d'ailleurs qu'elles se font désormais au détriment de tous les autres investissements.
Ce dimanche, les Genevois ont dit qu'ils ne sont pas prêts à en payer le prix.
14:37 | Lien permanent | Commentaires (9)
Commentaires
Je trouve votre conclusion un peu abrupte M. Mabut.
Pas si sûr que les Genevois aient voté "contre" les transports publics. Par ailleurs il ne s'agissait pas de voter sur le coût des investissements, même si ceux-ci se traduisent sur les tarifs.
Non, je pense que les Genevois ont cédé aux sirènes populistes sans en analyser vraiment le problème. Mais ce résultat, qu'il conviendra d'analyser, est probablement un avertissement à l'ensemble de la classe politique sur les modes de déplacements à Genève.
Dans notre politique de déplacement, on a fait le choix il y a quelques années déjà, de ne rien décider ... On a voulu, pour des raisons politiques, ménager la chèvre et le chou, comprenez les déplacements individuels et les transports publics. Or il faut bien admettre qu'on a mécontenté tout le monde et on en paie le prix aujourd'hui. Si les transports publics se trainent à 10 km/h, c'est en raison du manque de sites propres. Le tram par exemple en est la parfaite illustration.
L'AVIVO a récupéré ce mécontentement, mais le oui d'aujourd'hui n'est pas forcément sa victoire !
Écrit par : Jean d'Hôtaux | 03/03/2013
Je ne pense pas qu'il faille voir de l'anti-frontaliers partout et dans toutes les actions du MCG.
Ce vote manifeste un réel ras-le-bol des genevois à l'égard de celles et ceux qui veulent par tous les moyens les contraindre à utiliser un transport public dessiné selon leurs visions.
Ce vote sanctionne en premier lieu dame Kunzler c'est certain. Mais il sanctionne aussi ceux qu'elle a mis en place pour diriger cette très importante entreprise publique qui ne sert plus le public mais des lubies.
Ce vote est destiné à faire comprendre à ceux qui dirigent, fort mal, cette régie que ses utilisateurs, dans notre démocratie, sont ceux qui ont le dernier mot. Ca doit forcément les changer des règles en vigueur dans le pays d'où ils viennent. Là bas il suffit qu'un ministre ou un président décident et le peuple n'a rien à dire. Tout est téléguidé depuis Grosse Pariss!
Ce vote enfin préfigure la déculottée que prendront cet automne celles et ceux qui croient qu'il suffit d'être VERT pour que les feux politiques soient de la même couleur. Ce n'est pas possible si le peuple voit rouge!
cordialement,
P. Dimier
Écrit par : Patrick Dimier | 03/03/2013
Je souscris à l'analyse que vous présentez dans l'avant-dernier paragraphe, d'autant plus que le même phénomène se fait sentir dans d'autres domaines, comme celui de la Petite enfance. Cette critique n'a rien d'un rejet ou d'une rancoeur nationaliste, c'est un simple constat d'incompatibilité entre des coutumes culturelles et des habitudes politiques souvent incompatibles.
Écrit par : Mère-Grand | 04/03/2013
P.S. Ma référence concerne le texte de Patrick Dimier et non à celui de Monsieur Mabut.
Écrit par : Mère-Grand | 04/03/2013
@mère-grand : "Je souscris à l'analyse que vous présentez dans l'avant-dernier paragraphe,"
Moi aussi. La France n'est jamais complètement sortie de la mentalité monarchique.
Écrit par : Mathusalem | 06/03/2013
Bonjour Jean. Une fois n'est pas coutume, je ne souscris pas à votre analyse.
Si nous suivons votre logique des sites propres, il faudrait l'envisager aussi pour les pistes cyclables. La configuration de notre ville ne s'y prête pas.
Mais surtout ce que vous ne semblez pas comprendre, c'est l'immense écart entre les visionnaires de la mobilité de demain et la réalité quotidienne de la grande majorité des citoyens.
Ce n'est pas pour rien que le choix du mode de transport a été confirmé dans notre nouvelle constitution.
Il s'agit donc non pas, comme vous le relevez, de ménager la chèvre et le choux, mais de mettre en place une stratégie globale et cohérente qui permette à tous de circuler avec fluidité.
C'est possible et ça implique des arbitrages à certains carrefours stratégiques. Mais tant que la philosophie de nos élus consiste à vouloir éradiquer la voiture en ville et donc mettre en place toutes sortes d'obstacles qui ne favorisent pas concrètement la vitesse commerciale des transports publics, nous subirons durablement la paralysie et le durcissement des fronts.
En premier lieu, il s'agit d'étudier le réseau des trams, qui sont les principaux utilisateurs de sites propres, afin de d'harmoniser les flux des transports individuels sur des axes qui suivent ces sites et non pas qui les traversent.
La réintroduction d'ondes vertes sera alors seulement possible et favorisera le dégagement.
Il serait peut-être aussi judicieux d'envisager un peu moins d'arrêts de bus et de trams. Nous voyons un peu trop petit, à l'échelle de notre pays.
Il est aussi aberrant d'empêcher la sortie de ville sur des axes comme la route de Lausanne où les automobilistes doivent s'arrêter à pratiquement tous les feux entre la gare et l'avenue de France.
Ce ne sont que quelques pistes et exemples qui mettent le doigt ou ça fait mal.
J'espère sincèrement que le prochain conseiller d'Etat en charge de la mobilité saura consulter les gens du terrain plutôt que les technocrates qui planifient les flux par des simulations informatiques.
Mais surtout qu'il aura la sagesse de lisser les fronts en reconnaissant la volonté populaire de pouvoir choisir son mode de transport.
Écrit par : Pierre Jenni | 06/03/2013
@JF Mabut, vous écrivez "Le basculement prématurée du réseau des trams sur le modèle du métro parisien "
quelle langue de bois! vous détournez les faits: il ne s'agit pas de "modèle parisien" mais de contrats de sous-traitance, Unireso étant sous contrat RATP
- les sous-traitants parisiens se font payer chaque années plus cher et les genevois n'ont rien à y dire
- les CFF sont obligés de payer pour les RFF déficitaires et doivent assumer le CEVA sur France
- le réseau TPG 2011 est un amalgame coûteux et destructeur de retours en arrière sur les améliorations transports acquises, une montagne de travaux de reconstruction sans fin
L'important manque dans votre billet
aurait été de soulever coûts et conséquences des contrats de sous-traitance donnés aux français (y inclus aux BTP français sur chantiers CEVA),
- impliquant une part d'abandon du pouvoir décisionnaire des responsables du transport genevois
- mais forçant chaque année GE/le contribuable à payer plus ces sous-traitants de Paris
Ce vote est le refus du contribuable payeur @toujours plus d'une dégradation hors contrôle des transports publics genevois
Écrit par : Pierre à feu | 06/03/2013
Bonsoir Pierre Jenni,
Je vous remercie de votre commentaire !
Je me suis exprimé ici avant tout en tant qu'usager des TPG, étant entendu que je n'utilise pratiquement plus ma voiture pour me rendre en ville, sauf à de rares exceptions.
Je vous situe parfaitement et par conséquent, en tant que professionnel de la mobilité urbaine que vous êtes, c'est avec attention que je vous ai lu.
Vous réclamez la mise en place "d'une stratégie globale et cohérente qui permette à tous de circuler avec fluidité." J'y souscris totalement, mais je vous avoue mon scepticisme à cet égard. Comment en effet concilier à la fois les transports publics, lorsque ceux-ci ne sont pas en site propre, et les transports individuels ? Vous parlez d'ailleurs "d'arbitrages à certains carrefours stratégiques", ce qui relève bien le caractère potentiellement conflictuel des deux modes de transport. Certains carrefours sont emblématiques à cet égard. Je pense particulièrement à la Place Bel-Air qui est l'exemple parfait d'une réalisation loupée, autant dire un coupe-gorge pour les usagers des TPG obligés de changer de lignes, comme pour les voitures qui y transitent. Je ne parle même pas des voitures privées qui débouchent de la Rue du Rhône sur ladite place, en parfaite illégalité.
Vous parlez aussi de la configuration de la ville pour expliquer certaines difficultés. Je reconnais bien volontiers que le Lac, le Rhône et l'Arve constituent autant d'obstacles à franchir, mais n'est-ce pas le cas de pratiquement toutes les villes de Suisse, voire au-delà ? Prenons l'exemple de Lausanne, qui a su mettre en place des transports publics efficaces avec le M2, colonne vertébrale de son réseau urbain, ceci malgré la configuration très particulière de la ville. Pourquoi n'avons-nous pas à Genève emboîté le pas, alors que les occasions s'y prêtaient parfois. Je pense notamment à l'aménagement de la GTRB (Galerie Technique des Rues Basses) qui aurait permis de faire circuler le tram dans la galerie. Mais on ne refait pas l'histoire.
Vous écrivez "espérer que le prochain conseiller d'Etat en charge de la mobilité saura consulter les gens du terrain plutôt que les technocrates qui planifient les flux par des simulations informatiques". Je suis stupéfait d'apprendre que tel n'ait pas été le cas jusqu'à ce jour. Il m'apparaît en effet indispensable de réunir les représentants de tous les acteurs autour d'une table, si l'on veut trouver un compromis.
Nous nous sommes un peu éloignés du thème du billet de M. Mabut qui portait sur l'acceptation de l'initiative de l'AVIVO, les tarifs de TPG en l'occurrence, mais nous aurons je pense l'occasion d'échanger à nouveau sur le réseau des TPG, véritable serpent de mer du quotidien des Genevois.
Cordialement !
Écrit par : Jean d'Hôtaux | 07/03/2013
Merci pour cet article et la volonté pour mettre en commun ces idées. Je serais enchantée de revoir votre blog sur ce thème dans le futur. Ca m'est très très important ! Merci encore !
Écrit par : Robe neuve | 13/03/2013