Le chat, le chien et moi (04/02/2013)

Chat joueur.jpgLe chat, c'est le buzz du moment. Une chouette vidéo réservée aux amoureux de ces félins de canapé, ces accros d'édredon, ces carnivores de croquettes.

Le chien est donné pour mort, son propriétaire, sans doute un ami des animaux, la balancé dans une poubelle. Toute la Suisse romande l'a vu ressusciter. Jusqu'à Mise au point, l'émission phare du dimanche soir de notre télé nationale, qui lui consacre de précieuses minutes en prime time. Audience maximale garantie.

Au palmarès de médiamétrie, les histoires d'animaux, ça vient juste derrière les faits divers et les grands événements populaires. 

Et moi? Et bien en deux jours, j'ai recueilli deux témoignages, celui d'un homme, celui d'une femme. Dans les tourments tous les deux. Invisibles tous les deux...

Le premier, c'est celui de ce fils qui a retrouvé sa mère poignardée par - sans doute - un père mal-aimé ou mal-aimant ou les deux, qui s'est fait justice, comme dit Obama. Un drone n'est jamais qu'un couteau qu'on tient à bout de brtas. Les deux font des victimes collatérales. Un drame familial. Il foudroie un adolescent de 17 ans. Son récit devait-il se retrouver à la une d'un journal moins d'une semaine après les faits?  Je ne le crois pas. D'autres ont fait un autre choix, incitant des concurrents à évoquer l'affaire à leur tour. Fort taux de clics.

Le second, c'est la vie  d'une femme, pantelante, la quarantaine. Une Suissesse qui a décroché. Elle parle sans vraiment se plaindre, étrangement lucide et pourtant incomprise, tellement incomprise. Une cascade de malheurs, un choc, une rente AI qui lui donne les moyens de vivre et l'exclut de l'Hospice général et  même des abris de la protection civile réservés aux vrais pauvres de passage.

De l'hôtel, à l'Armée du Salut, la rue, les bois, deux tentatives de suicide, l'hôpital, le combat pour voir son enfant privé de sa mère le jour de son anniversaire, père absent, parents déchirés, oncle abuseur, avocat sans cause. Elle est comme une mouche, elle déteste la discipline, elle se cogne contre la vitre qui la sépare des autres, sans trouver la charnière pour l'ouvrir. Elle dit connaître un homme de 65 ans. paumé, transparent comme elle. Il vit dans sa voiture, faute d'avoir trouvé un toit depuis que sa femme a changé les serrures. Drame familial.

Secret médical oblige, le centre de psychiatrie des Eaux-Vives ne peut rien dire d'elle. Mais l'écoute est présente: oui ces êtres perdus existent, hantent la ville, plus nombreux qu'on croit, sans où trouver refuge, trop riches pour être aidés, trop fiers, trop libres, trop compliqués pour les gens pressés que nous sommes...

Trop malheureux pour faire la une des journaux. 

Le chat et le chien sont des animaux domestiques au sens où l'esprit d'indépendance de l'un nous fait lui pardonner sa cruauté voire son sadisme et la fidélité dont l'autre témoigne cache la servilité et la laisse qui le tient. Sauvages dans le fond, dociles dans la forme, veules quand tombe la croquette dans l'écuel, chat et chien sont nos caricatures... Jusque dans l'indifférence à l'égard de leurs semblables dans la peine?


21:20 | Lien permanent | Commentaires (3)