Veyrier, la commune la moins dépensière de Suisse? Tu parles! (14/01/2013)

Barth sontagsblicj.jpgThomas Barth, qui a participé au lâchage de Mark Muller l'an dernier et qui s'est opposé à la construction de logements sociaux dans sa bonne ville du pied du Salève - 10'000 habitants ne font pas une cité d'un village savoyard encerclé par des centaines villas - cocoricote à tout va sur Facebook, parce que Veyrier est deuxième au palmarès des communes les moins dépensières par habitant de Suisse.

Monsieur le conseiller administratif, vous devriez faire attention aux chiffres. Comme, dans le réseau ferroviaire français auquel l'ex-ministre du Territoire voulait rattacher votre commune en créant la gare de Veyrier-Etrembières, un train peut en cacher un autre.

Il est très hasardeux de vouloir comparer les dépenses des communes suisses. Pour deux ou trois raisons.

La première et la plus importante raison réside dans le fait que la part des charges assumés par les cantons et  leurs communes est très différente d'un canton à l'autre. A Genève, la part des communes dans le budget général de la collectivité cantonale est de 17,4% en 2010. Ce facteur explique à lui seul que les communes genevoises caracolent en tête des communes les moins dépensières.

Ailleurs, la part des communes varie entre 22% (Jura) et 46 % (Thurgovie), 34% en moyenne suisse. Elle peut même presque atteindre 50% dans le canton de Zurich. Désolé, Monsieur le comaire de Veyrier, qui rêvez de vous asseoir dans le fauteuil d'Isable Rochat, votre commune n'est pas vice-championne des communes les moins dépensières.

La deuxième raison tient au fait que des communes gèrent encore en direct leurs services industriels, c'est le cas de Nyon, de Lausanne aussi, alors qu'à Genève les SIG sont un établissement public autonome. En clair les dépenses et les recettes des SI font partie des budgets de Nyon et de Lausanne et augmentent d'autant les charges de ces deux cités.

La troisième raison tient enfin aux systèmes péréquatifs, savantes mécaniques, dignes avatars des complications que nos maîtres horlogers sortent de leurs établis, sensées établir un peu d'équité entre riches et pauvres. Mais ce facteur ne pèse guère, car la solidarité atteint vite ses limites en Suisse.

Bref, même si la statistique fédérale présente des tableaux sur les dépenses et les recettes des grandes communes, aussi appelées villes en Suisse même si elles n'ont souvent l'allure que de banlieue, il faut impérativement intégrer les dépenses de leur canton respectif pour que le comparaison soit un peu moins fausse.

On se convaincra de la différence du poids des communes dans les collectivités cantonales à l'aide de cette statistique financière élaborée à partir du site du Département fédéral des finances. (voir tableau ci-dessous) A Berne, Philipp Rohr, porte-parole du Département des finances, confirme qu'il faut être très prudent quand il s'agit de comparer les communes suisses.

Je me suis amusé à calculer le budget total des communes genevoises, si leur part au gateau cantonal correspondait à la moyenne suisse. Et bien le total des budgets communaux ferait plus que doubler, à 3,4  milliards de francs, tandis que celui du canton fonderait à 6,6 milliards. Rebref, dans tous les cas, comme le souligne parfaitement le député Eric Leyvraz, Genève reste largement champion des dépenses par habitant.

A chiffres plombés, commentaires approximatifs. Sur Facebook quelques élus imprudents ou pressés ont laissé leur trace. Ce qui m'énerve, c'est que tout le monde est tombe dans le panneau. Plus c'est gros...

NB: le tableau ci-dessous est mis à jour le 15 janvier. Les transferts cantons communes ont été supprimés, ce qui donne une image plus juste des dépenses, sans changer fondamentalement le fait principal: le poids des communes est différent d'un canton à l'autre.

Blick 2010 budgets villes suisses sans doublons.jpg

 

 

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