Et si la Ville nous offrait une tablette? (18/09/2012)
Elle - la Ville de Genève, minuscule territoire de 16 km2 - veut enterrer les trésors des ses deux musées - MAD et MEG - dans des abris - sans doute antiatomiques - du futur quartier Artamis rebaptisé Carré Vert. Le projet avance à la vitesse du Conseil municipal. Il en coûterait 53 millions, y compris quelques travaux destinés aux fouilles.
Et voilà que la Ville nous propose d'enterrer les livres. Pour 57 millions. On ne calcule pas les coûts de déménagement ni les coûts de climatisation et peut-être les primes pour inconvénients de service que ne manqueront pas de réclamer les travailleurs taupes.
Petit calcul. A raison de 500 francs pièce, combien ces millions de béton font de tablettes? 114'000 rien que pour la bibliothèque, le double avec le crédit des stocks des musées! Combien y a-t-il d'usagers et de visiteurs dans nos beaux musées et nos excellentes bibliothèques? Les rapports à l'appui des crédits demandés n'en disent mot.
Ainsi donc la Ville pourrait, pour le même prix:
- faciliter l'achat des tablettes, comme d'autres communes subventionnent l'achat des vélos électriques...
- mettre à disposition des tablettes dans quelques salons feutrés de ses musées qui vont être rénovés pour des dizaines de millions, afin que les livres numérisés soient accessibles en tout temps et universellement, sans mouvement des clients et tiennent dans quelques disques durs minuscules.
- doter les espaces dédiés aux écoles ou aux personnes âgées ou à mobilité réduite d'équipements de visualisation de haute qualité, évidemment interactifs
- confier la numérisation de ses collections à Google ou à un autre prestataire
- éliminer ou vendre les doublons déjà détenus ailleurs
- confier le solde à des entreprises qui les confineront dans quelques cavernes alpestres.
Je prétends qu'il vaut mille fois mieux consulter un vieux grimoire sur une tablette que d'être frustré à devoir le contempler dans sa prison sous un verre maculé de taches de doigt.
Je note que le MAD offre déjà une partie de sa collection en ligne. Une mise en situation, des parcours ludiques virtuels, l'association avec des jeux en ligne encourageraient sans doute la consultation. Le Louvre en ligne est un bon exemple. Bref il n'y a pas que le bâtiment qui compte.
Et je lis dans la Tribune en ligne que le collectionneur Gandur, qui a promis de financer une bonne partie de la rénovation du MAD, a commencé à mettre ses oeuvres sur le net. Au profit de l'humanité toute entière. C'est ici.
15:43 | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Cher JFM,
puisque vous parlez de conservation du patrimoine, j'aimerais attirer votre attention sur la nécessité de préserver la pensée contemporaine et ses auteurs. Je citerais par exemple Philippe Souaille, l'incontinent sans visage, qui aura marqué les 3o dernières années par sa construction du discours de droite qui ne veut pas dire son nom, une telle pensée ne peut disparaître avec lui.Je songeais aussi à Pascal Descaillet, le polygraphe enflé, sodomite cruelle et raffiné de la langue française sans qui le monde ne serait qu'une morne plaine et sans oublier votre ami Jean Romain, Philosophe, oui philosophe j'insiste, qui a publié des oeuvres définitives et inspirées sur les grands de ce monde comme Pascal Couchepin. Je proposerais aussi un bâtiment sécurisé et sous vide pour abriter les restes de Jan Marejko. Votre église catholique qui a fait le commerce des reliques pendant des siècles pour abuser tous les gogos des surfaces émergées nous a enseigné de se méfier du virtuel. Rien ne vaut un bon prépuce de Jésus enfoui dans une crypte que l'on peut adorer dans la pénombre. quant à vous, vous avez certainement votre place au musée, pourquoi pas au nouvel herbier, en sandwich entre deux pages de la Julie ?
Écrit par : Anastase | 20/09/2012