La retraite des fonctionnaires va-t-elle couler l'Etat de Genève (02/04/2012)

comptes 2012 ge.ch.jpg7 milliards de francs au moins - trois fois la débacle de la BCG - c'est ce qui manque dans les caisses de retraite des fonctionnaires de l'Etat de Genève pour couvrir les rentes dues à ce jour, si l'Etat cessait de fonctionner. En fait, la facture risque d'augmenter encore puisque, pour l'heure, on escompte un rendement moyen de 3,5% sur les fonds placés. Merci les locataires qui assurez un rendement confortable, alors que la bourse est atone.

Pire, le vieillissement de la population, l'allongement de la durée de vie vont commander une réduction forcée du nombre de fonctionnaires, sans quoi les actifs restant croûleront sous les impôts - il faudra bien payer la retraite des fonctionnaires, laquelle est garantie sur le dernier salaire et non sur le capital effectivement accumulé - et la cotisation de leur propre caisse de retraite. Or si le nombre de fonctionnaires diminue... le déséquilibre des caisses de retraite s'accentuera.

Et pourtant le Conseil d'Etat annonce des bénéfices. Le sixième bénéfice consécutif, affiche le site internet de l'Etat (cliquez sur l'image pour l'agrandir). Or, en 2010, comme en 2011, l'Etat de Genève a bouclé dans le rouge. L'Etat ment-il?

Un peu, cependant l'Etat joue carte sur table et compte sans doute sur le dicton: péché avoué est à moitié pardonné... Quand on lit attentivement le rapport des comptes 2011, rendu ce jour par le ministre Hiler, on comprend que les bénéfices annoncés en 2010 et en 2011 ne résultent que d'opérations nombreuses en plus et en moins qui ne se reproduiront pas. Ces corrections ne portent que sur une année. Elles ne pourront donc pas embellir la mariée l'an prochain.

caisse de retraite fonctionnaires taux technique 2012.jpgEn plus, l'an prochain, c'est-à-dire en 2012, il faudra bien commencer à assainir les caisses de retraite. On va donc vers un déficit abyssal et une dette publique qui va exploser à plus de deux fois la dépense annuelle. Comme le souligne le Conseil d'Etat, la Constituante fixe la limite à 1,2 fois. Ce qui fait grosso modo six milliards de remboursement à prévoir ces prochaines années. Six milliards, c'est six cent millions pendant dix ans ou trois cent millions pendant vingt ans. On rêve...

Le Vert Hiler va quitter le pouvoir en 2013 - c'est une supposition - laissant à son successeur - un libéral peut-être? - la tâche d'éponger les déficits. Comme ses deux prédecesseurs Vodoz et Brunschwig Graf qui ont accumulé les résultats négatifs. Chouette perspective!

Reste l'essentiel et le coeur du problème. Le canton de Genève engloutit 8,2 milliards de francs par année dans ses services publics, dont presque un dans l'hôpital. C'est plus de deux fois le budget du Sénégal...

Genève et ses communes est, depuis des années, et de loin, la collectivité la plus dépensière par habitant de Suisse (Bâle-Ville assure des services qui lui valent des dédommagements notamment en ce qui concerne  l'hôpital et l'Université de ses voisins, notamment Bâle Campagne). Les Genevois s'en rendent-ils compte? Sont-ils plus heureux que leurs compatriotes?

Mais rien n'arrête le canton. On continue d'embaucher et d'investir comme si de rien n'était. En annonçant un bénéfice manipulé - en tout bien tout honneur évidememnt - on fait croire aux Genevois que la vie est rose et verte... (ci-dessous un dessin paru dans le Temps il y a quelques années illustrant la réaction naturel lorsque les comtes sont bénéficiaires...)

fisc à la soupe dessin du temps.jpg

 

 

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