Gruson jette un pavé et les grenouilles coassent (18/02/2012)
Pauvre Genève! Jetée à cause de son histoire et de l'étroitesse de son territoire dans un débat débile. Les frontaliers n'existent que parce que la cité est une presqu'île dans une région qu'elle a toujours ingnorée voire snobée. Ajoutez le nationalisme, voire le localisme, qui a façonné et façonne encore l'Europe en un puzzle de baronnies jalouses, conservez encore un système politique qui nie la réalité de vie des gens mais donne une prime au poujadiste du XXIe siècle. Et vous obtenez le maigre brouest qu'un directeur d'hôpital touille.
Il suffit de superposer le canton de Zurich sur celui de Genève pour comprendre que le problème des frontaliers n'en est en réalité pas uns. (cliquez sur la carte pour l'agrandir)
Et Zurich n'est pas le plus grand des cantons. Prenez Vaud, Berne et chacun comprendra que du Jura aux Voirons, nous sommes du même pays. Si le nombre de cadres hospitaliers habitant le Genevois français est si élevé, c'est sans doute que Genève n'a pas su en former assez et n'a pas sur les loger.
Chacun profite des opportunités que les conditions politiques et économiques nous offrent. Il n'y a rien à redire à ça. En revanche que les politiciens ne parviennent pas à réformer les institutions - toujours pas de lieu où débattre des problèmes du grand Genève - ne mesurent pas les conséquences de la libre circulation des travailleurs et de leur libre établissement dans le territoire, que la démocratie du nombril pour ne pas dire du Sam suffit décide de l'intérêt général, voilà qui doit nous interpeller. Hélas le brouhaha des indignés laisse bien peu de place à des propositions audacieuses.
Je me permets d'en rappeler une que j'ai ici déjà développée. Elle est modeste, mais on ne réforme une cité qu'à pas comptés, sauf révolution.
Prenez les grandes régies de l'Etat: les TPG, les SIG, l'Université, les HUG, l'aéroport, les HES, etc. Qui les gouverne? Pourquoi n'instaurerions nous pas des parlements d'usagers de ces grands établissements publics? Une assemblée où tous seraient représentés et où les habitants du Genevois français et du district de Nyon auraient leur mot à dire.
08:51 | Lien permanent | Commentaires (8)
Commentaires
Excellente proposition, Jean-François. Qui prend tout son sens lorsqu'on songe qu'Annemasse vient de perdre son hopital public, déménagé à Contamine/Arve, sur la route de Bonneville, soit deux fois plus loin d'Ambilly ou Gaillard que les HUG... Localisation décidée aussi en partie pour faciliter le recrutement d'infirmières résidant plus loin d'une Genève trop attractive. Tandis que l'école d'infirmières d'Ambilly continuera de former, aux frais de la France, des personnels qui pour la plupart iront travailler à Genève...
Un nombre croissant d'habitants du Genevois français, disposant des asssurances ad hoc, privées françaises ou suisses, préfère se faire soigner à Genève. Les frontaliers et leurs familles, bien sûr, car pour les Français non frontaliers, la sécu ne le permet que dans des cas extrêmes.
Bref, il y aurait bien des choses à faire. Mais pour l'heure, c'est la voix des râleurs sans proposition qui domine. Sans doute faudra-t-il que frontaliers et doubles-nationaux s'expriment politiquement, en tant que tels, dans les urnes, pour que les choses changent et commencent à s'améliorer.
Écrit par : Philippe Souaille | 18/02/2012
Excellente proposition, Jean-François. Qui prend tout son sens lorsqu'on songe qu'Annemasse vient de perdre son hopital public, déménagé à Contamine/Arve, sur la route de Bonneville, soit deux fois plus loin d'Ambilly ou Gaillard que les HUG... Localisation décidée aussi en partie pour faciliter le recrutement d'infirmières résidant plus loin d'une Genève trop attractive. Tandis que l'école d'infirmières d'Ambilly continuera de former, aux frais de la France, des personnels qui pour la plupart iront travailler à Genève...
Un nombre croissant d'habitants du Genevois français, disposant des asssurances ad hoc, privées françaises ou suisses, préfère se faire soigner à Genève. Les frontaliers et leurs familles, bien sûr, car pour les Français non frontaliers, la sécu ne le permet que dans des cas extrêmes.
Bref, il y aurait bien des choses à faire. Mais pour l'heure, c'est la voix des râleurs sans proposition qui domine. Sans doute faudra-t-il que frontaliers et doubles-nationaux s'expriment politiquement, en tant que tels, dans les urnes, pour que les choses changent et commencent à s'améliorer.
Écrit par : Philippe Souaille | 18/02/2012
Je suis littéralement choqué par votre carte. Ce que l'on pressentait depuis longtemps devient maintenant très clair avec cette carte. Votre intention est manifeste. En opposant ainsi Zurich à une Genève à moitié française vous êtes en train de déconstruire l'unité politique de la Suisse. Je trouve cela scandaleux.
N.B. Le fait que vous vouliez instaurer des assemblées politiques franco-genevoises ne fait que confirmer ce constat.
Écrit par : Bien regarder | 18/02/2012
Il semble pertinent de rappeler à "Bien regarder" que le projet d'agglo franco-valdo-genevoise répond à une initiative de la Berne Fédérale, projet destiné à permettre la coordination des politiques d'aménagement à l'échelle qui doit l'être. Projet qui se concrétise par une subvention de plusieurs centaines de millions de Francs de Berne à là-dite agglo tous les 5 ans... Etonnant tout de même pour un projet censé "déconstruire l'unité politique de la Suisse !"
A moins bien sûr que vous ne considériez que l'unité politique de la Suisse implique que Genève reste un cul de sac coupé de son environnement naturel ? Ce qui entre nous, aujourd'hui, ne profite à personne !
Écrit par : Philippe Souaille | 20/02/2012
La Suisse paie tous les 5 ans des millions. Et combien paie la France pour cette région ?
Écrit par : Jean Romain | 20/02/2012
La réponse mesquine du pseudo intellectuel qu’est Jean Romain ne fait que nous démontrer qu’effectivement, nous sommes loin d’être débarrassé d’un débat pourtant tellement suranné.
L’avenir est à la régionalisation, tout le monde le sait sauf que politiquement, par les temps qui courent, ce n’est vraiment pas vendeur…
Et comme malheureusement la politique est bien trop souvent prise en otage par des démagogues en tout genre….on est pas sorti de l’auberge !
Écrit par : Vincent | 20/02/2012
Jean Romain, c'est Berne qui a initié ce projet, parce que Berne sait que la santé économique de Genève en dépend. Et que Genève est le deuxième contributeur net au budget de la Confédération après ZH et le 2ème par habitant après ZG... Et que Berne en profite largement, grâce notamment à l'imposition des frontaliers, dont seule une faible partie est rétrocédée à la France, une partie équivalent en fait à celle qui part à Berne... Parce que l'une de vos compatriotes valaisanne et néanmoins socialiste, à l'époque, avait commis l'erreur d'oublier de faire intégrer, dans la péréquation intercantonale, le fait que les frontaliers paient sans être résidents.
Il y a aussi les cotisations chômages des frontaliers (suisses ou français) qui restent en Suisse, alors qu'ils sont indemnisés par la France. Que c'est la France qui supporte les frais d'éducation et de viabilisation des zones résidentielles des personnels frontaliers qui participent à la croissance genevoise et autres babioles du même genre.
Par ailleurs si l'on se bougeait un peu, on pourrait faire inscrire la traversée de la Rade dans le cadre d'un projet Interreg de développement des régions transfrontalières et faire cotiser l'UE. Sans oublier que "les français" vont payer leur part des frais d'installation et ensuite d'exploitation des réseaux de transport public dont Genève a besoin... Bref si l'on commence ce petit jeu, on peut jouer longtemps.
J'ajouterai, à titre informatif, cher Jean, que plus de 8000 Suisses résidant dans le Genevois français votent à Genève (votent effectivement, sans compter les abstentionnistes) soit à peu près l'équivalent de vos 8000 électeurs et en tout cas beaucoup plus que les 134 MCG qui avaient voté pour vous aux dernières élections cantonales. La plupart de ces 8000 électeurs sont des propriétaires de classe moyenne dont la tendance naturelle est de voter PLR, PDC ou Vert'Lib... A condition bien entendu que l'on ne se mette pas en tête de leur couper l'accès aux postes à responsabilité, voire aux jobs tout court.
A bon entendeur :-)
Écrit par : Philippe Souaille | 20/02/2012
un parlement d'usagers dans les régies publiques ah que voilà un beau et bon brouest pour les alouettes...Allez donc voir et assister à ce genre de parlement dans les hôpitaux canadiens (ce que j'ai fait personnellement) vous aurez vite compris la vacuité de cette idée à première vue séduisante.
En réalité les institutions démocratiques que nos lois ont définies contiennent les ingrédients de la représentativité populaire. Je parle des conseils d'administration qui fonctionnent bien depuis des décennies ...C'est à force de les discréditer sans les connaître vraiment et d'inventer des nouveaux machins comme aurait dit Charles que l'on invente des remèdes pires que la maladie faussement diagnostiquée !
Écrit par : gruson bernard | 27/02/2012