L'évêque Charles Morerod manque de gras (16/11/2011)

morerod bachhofner vicariat 15 nov 2011.jpg«Je ne suis pas le préfet de Rome». Le dominicain fribourgeois Charles Morerod, dont la stature est à l'opposé de celle du moine vendeur de fromage, a semblé, hier à Genève, prendre ses distances avec le Vatican, sans mordre toutefois la main qui l'a désigné successseur de François de Sales sur le siège de l'évêché de Genève (in partibus ou virtuel, mais toujours existant).

Les oeuvres du saint savoyard sont les seules exposées dans une vitrine de la salle de conférence du vicaritat, 13 rue des Granges, où, une heure trente durant hier, le prélat était à la disposition des journalistes dont la consécration aura lieu le 11 décembre à la cathédrale Saint-Nicolas de Fribourg.

Une quinzaine de mes confrères et consoeurs a répondu à l'invitation. Pour la plupart des journalistes travaillant pour des revues ou des émissions religieuses.

Un évêque sans histoire?

Charles Morerod n'a cité ni le frontalier contre-réformateur François de Sales, évêque de Genève résidant à Annecy de 1602 à 1622, docteur de l'église et patron des journalistes, ni le cardinal carougeois Gaspard Mermillod, dont le portrait orne la salle du Vicariat et qui a été expulsé de Suisse pour avoir voulu rétablir l'évêché de Genève au XIXe siècle, ni son prédecesseur Mgr Bernard Genoud, décédé en fonction il y a plus d'une année. Il n'était pas accompagné de Pierre Farine, l'évêque auxiliaire de Genève qui a assuré l'interim sans faire d'histoire.

Bref il est apparu seul, dans son habit de curé au col romain (un héritage de l'habit des pasteurs que portaient les prêtres en pays réformé, dit celui qui regrette sa robe blanche) d'où sortait une petite tête glabre qui le rendait plus gris encore. Mais l'esprit est vif, le regard franc. L'homme a réponse à tout, mais sait surtout ne pas répondre. Sa langue est agitée. Il le sait. Il la contrôle. Elle est contenu, au point d'en être parfois inaudible. Charles Morerod devrait apprendre à respirer. Chante-t-il? Personne ne lui a posé la question.

Etiez-vous prédestiné à devenir évêque de Genève, lui ai-je demandé?

Dans une certaine mesure oui, a-t-il répondu dans un sourire.

Qu'est-ce qui vous sépare donc des calvinistes d'aujourd'hui? - Il faudrait se demander ce qui sépare les calvinistes d'aujourd'hui de Calvin.

Les rencontrerez-vous? - Oui, je m'en réjouis, mais je ne sais ni l'heure ni le lieu. J'aimerais bien aussi rencontrer les évangéliques, mais le souhaite-t-ils?

Et l'oecuménisme? - Il ne faut pas se tromper. Le but de l'oecuménisme, c'est la même eucharisitie pour tous. Les églises ne sont pas détentrices de morceaux de la vérités qu'il suffirait d'assembler pour reformer un tout.

J'ose: si l'église n'est pas un puzzle, elle peut être un millefeuille? - Il sourit, mais n'en démord pas.

Tout le monde autour de la table a compris que le nouvel évêque de Genève ne sera pas le béni oui oui des bobos de l'intercommunion.

Sur les femmes prêtres, même orthodoxie. - Jésus-Christ n'a pas choisi de femmes parmi les apôtres. Et ne me faites pas dire qu'il y a été contraint par le contexte sociologique de l'époque. C'était un homme libre. Il a fait scandale en déjeunant avec des exclus de la société, il a chassé les marchands du Temple, il fréquentait les femmes, il mangeait le jour du Sabbat...

Je remarque: Il est vrai que Jésus Christ n'était pas une femme.

Un pas de coté tout de même, sur la crise: -Elle est dans les hommes (et les Etats) qui vivent à crédit. Une croissance infinie est impossible. Seriez-vous un décroissant? L'évêque ne dit pas franchement oui mais pas non non plus: - Le partage s'impose entre tous les êtres humains. C'est un défi pour les riches.

Ite missa est!

 

Photo: le nouvel évêque de Genève Charles Morerod. A ses côté Aline Bachofner, rédactrice en chef de la Vie protestante, qui va intégrer en janvier le service des émissions religieuse de la RTS. Pendu au mur le portrait de Mgr Mermillod.

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