Vu du Salève

A Dieu Steve Jobs? Comme tous les fans de l'homme à la pomme, je ne le connaissais que par les articles et émissions innombrables qui lui ont été consacrés et ses conférences de presse fréquentées comme on fréquente un culte. Ce n'était pourtant qu'un bidouilleur génial, doté d'un sacré flair commercial et d'une trempe de patron, ce qui n'est déjà pas si mal.

J'ai eu mon premier Mac dans les années 80. Une merveille. Je l'avais amené à la Tribune et l'avais enchaîné sur mon bureau  - j'étais alors chef de la rubrique genevoise - Pendant un ou deux ans je fus le seul à disposer d'un ordinateur dans cette vénérable maison qui était encore installée dans son vétuste bâtiment de la rue du Stand. C'est aujourd'hui un parking. Ce mac m'a libéré en me permettant de rendre des copies à peu près propres. La seconde libération fut le blog qui est une discipline, un entraînement de tous les jours au maniement des mots. Je le recommande à tous ceux qui n'écrivent pas aisément.

A Dieu Steve Jobs? Son avenir reste caché. Il va rester un sacré temps encore dans nos mémoires et laissera des traces que manipulent aujourd'hui des centaines de millions d'êtres humains: iMac, iPod, iPhone, iPad, iCloud... des outils qui facilitent l'acquisition et la diffusion des connaissances à vitesse accélérée.

Mais quelle est cette énergie noire qui meut cet univers en expansion? Le parallèle avec le prix Nobel de physique n'est pas fortuit. Trois scientifiques viennent d'être primés pour avoir démontré que notre univers - il en existe d'autres peut-être - est en expansion accélérée, mais ils ne peuvent qu'échaffauder des hypothèses pour expliquer la raison de cette agrandissement exponentiel.

Tel est l'univers de la connaissance. il s'alimente des connaissances de tous les êtres humains. Des connaissances qui demeuraient jusqu'à il y a peu confinées à un petit cercle. Désormais les connaissances s'échangent et se jaugent dans le monde entier et forment un univers que je crois en expansion accélérée.

Ce qui au passage me rappelle une métaphore entendue un jour sur France culture. Un scientifique comparait la connaissance à un ballon de baudruche, chaque nouvelle connaissance agit sur le ballon comme un souffle d'air, le ballon grossit et sa surface où les connaissances sont ancrées grandit plus encore, si bien que plus les connaissances gonflent le ballon plus sa surface augmente et que bientôt les connaissances qui étaient à l'origine toutes accessibles aux savants d'antan forment désormais des îles qui s'éloignent les unes des autres, des spécialités avec leur langue propre, alors qu'entre ces îles grandit l'océan de notre ignorance.