Monsieur Hiler, un homme fort? (03/05/2011)

hiler longchamp.jpgDavid Hiler passe pour être l'homme fort du gouvernement. Tout est relatif! C'est le géant vert des Verts, un homme vif d'esprit, quoique difficile à percer, rompu à la politique, non dogmatique - les milieux financiers sont toujours ébahis à l'idée que c'est lui et non un libéral qui a ouvert la porte aux hedge funds... Il n'envisage pas, sauf surprise, de supprimer les forfaits fiscaux, tient tête aux syndicats, annonce de très confortables bénéfices, bref voilà un bon vert libéral.

Mais quelle mouche l'a donc piqué hier pour tancer les patrons genevois coupables à ses yeux et sans doute à ceux de ses collègues de ne pas être assez solidaires du gouvernement dans sa lutte contre le chômage. Voilà une parole forte que toutes les personnes concernés ont dû apprécier. Mais qui dénote malheureusement une faiblesse de gouvernance. On se demande au passage pourquoi cette remontrance populiste n'est pas sortie de la bouche du ministre en charge de l'emploi ou de celle du président du Conseil d'Etat (absent).

Ils ont néanmoins été très nombreux les Genevois à apprécier le propos du ministre, car, au chiffre officiel des chômeurs actuels, il faut ajouter ceux qui l'ont été et ceux qui pourraient bien l'être un jour ou l'autre, soit un bon tiers de la population et peut-être plus. Malgré le filet social, le stress de la perte d'emploi est un choc dans cette société marchande. Même si la stigmatisation est moins cruelle que naguère où le chômeur était considéré comme responsable de son sort, la culpabilité demeure, le sentiment d'injustice aussi. Le parcours pour retrouver un emploi est semé d'embuches. Il faut un sacré courage, une sacré volonté pour remonter la pente et décrocher le sésame de l'emploi.

Mais revenons au coup de gueule du ministre des finances. Sera-t-il efficace?

chômage à Genève.jpgOn peut se le demander. Ce n'est pas en engueulant les gens qu'on obtient mieux. On risque au contraire de les cabrer. Ce qui n'a pas manquer à entendre Blaise Matthey. Le patron des patrons a répliqué sans hausser le ton que l'Etat ferait bien de balayer devant sa porte, lui qui vient de se voir infliger un rapport sévère de l'autorité fédérale sur le fonctionnement de l'Office cantonal de l'emploi, ce que rappelle plus cruellement hier déjà mon confrère Olivier Francey.

Un à un. Match nul. Et les chômeurs restent sur la touche.

On se demande donc pourquoi le Conseil d'Etat n'a pas donné sa conférence de presse de concert avec la Fédération des syndicats patronaux. N'est-il pas en mesure de convaincre quelques PME et grandes entreprises de lancer des programmes d'embauche des chômeurs et de démontrer leur bonne volonté en publiant une fois l'an un bilan social de leur entreprise?

Non, le gouvernement leur promet un nouveau label, si elles se soumettent volontairement - les obliger serait contraire à la légilsation - à la fameuse commission tripartite qui, avant la libre circulation des travailleurs, pouvait refuser des permis de travail et donc appliquer une certaine préférence nationale. Il est douteux que les entreprises privées se laissent séduire.

Le Conseil d'Etat n'a pas donné le choix aux entreprises publics, accréditant le reproche que la libre circulation des travailleurs est pour partie responsable du chômage à Genève. Il donne ainsi raison au MCG, ce qui réjouit l'avocat Poggia, ce matin dans son blog.

Question: une telle décision anoncée il y a deux mois n'aurait-elle pas rétabli un peu la crédibilité du parti de Monsieur Longchamp?


PS: pourquoi 24 heures après la conférence de presse, la page d'accueil du site de l'Etat ne publie-t-il un lien vers le communiqué de la conférence sur l'emploi et les documents cités?

 

07:49 | Lien permanent | Commentaires (8)