La nuit de la longeole: identitaire! (11/02/2011)
Du feunouil, pas du cumin, du fenouil! Il y en avait sans doute quelques graines dans les sept longeoles du troisième concours national de la meilleure saucisse genevoise, samedi dernier à Aire-la-Ville.
La grande salle polyvalente de cette agreste commune genevoise lovée au bord du Rhône, entre le bunker du Conseil d'Etat à l'est et l'usine d'incinération de Vervbois à l'ouest, était pleine de 450 membres du jury poopulaire. Même la ministre de l'agriculture du canton Michèle Künzler était de la partie. Elle a fait le tour des tables mais est restée coite. L'heure n'était pas à la politique, même si la politique n'est pas pour rien dans l'événement.
La longeole et le cardon sont à Genève ce que la saucisse aux choux et le papet de poireau sont aux Vaudois et la soupe à la radio romande: identitaire.
On ne rigole pas avec ces choses là. L'IGP est acquise depuis 2009, l'AOC un rêve. Notre petit canton rurbain n'héberge plus assez de porcs pour arborer le noble label. Peut-être le rêve deviendra-t-il réalité le jour où Genève oubliera l'Escalade et retrouvera son arrière-pays, le jour où le Grand-Genève étendra ses marges aux frontières de l'agglo franc-valdo-genevoise et grimpera la-haut jusqu'au crêtes du Jura et jusqu'au plateau des Glières, fief d'un autre symbole régional, le reblochon.
L'Amicales des sapeurs pompiers aériens qui ne manque pas d'humour avait d'ailleurs invité une formation musicale du Grand-Genève, un ensemble de cuivre pain fromage, façon comices agricoles, abbaye en Pays de Vaud ou fête de la bière ailleurs, qui eut tôt fait d'emporter la salle dans une série de rengaines indémodables. Identitaire je vous dis.
- Et la longeole, elle était bonne?
- Sûr! Les langues un instant silencieuses ont mastiqué et noté les sept rondelles servies avec des lentilles de Versoix, un gratin de cardon des Cherpinnes et de pommes de terre du cru. Avec application: de moyen à excellent. Un mien collègue amoureux des saveurs et spécialiste en glou glou et autres miams a, comme la plupart des convives de ma table, considéré que, ce soir-là - ah, les concours à l'aveugle!..., les longeoles de Bernard Menuz et d'André Vidonne sortaient du lot.
Pour ma part, je les ai mangées avec plaisir mes sept rondelles, ne retrouvant pas toujours le collant de la couenne et le parfum du fenouil des longeoles de mon enfance. Les longeoles 2011 étaient dans l'ensemble, à mon palais, un peu trop roses, un peu trop fines, un peu trop salées, un peu trop peu mijotée, un peu trop peu collante, bref c'était un peu trop des saucisses.
Identitaire, je vous dis.
06:23 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Des manifestations comme on les aimes.
Écrit par : Fabiano Forte | 11/02/2011
Lu et approuvé !!!
Toutefois :
" ... et l'usine d'incinération de Vervois à l'ouest, ..."
Je ne sais si c'est l'effet d'un abus de Pinot noir de Satigny ou une graine de fenouil qui vous est restée au bout de la langue, mais de mon temps il me semble que l'on disait Verbois ? Non ?
Écrit par : Jean d'Hôtaux | 11/02/2011