David engrange les bénéfices. Qu'en fait-il? (15/04/2010)

hiler keystone.jpgContrairement  à la plupart des salariés, les fonctionnaires genevois ont l'assurance légale que leurs rentes de retraite ne dépendra pas de la santé économique à venir de leur employeur. La loi leur assure jusqu'à la fin de leurs jours des versements calculés sur leurs derniers traitements. Pourtant la caisse de retraite des fonctionnaires, contrairement à celle des autres entreprises n'a pas accumulé les capitaux nécessaires aux versements de ces rentes. il manque 5,2 milliards de francs dans la caisse.

Les financiers - pas tous - expliquent que ce n'est pas un problème, car l'Etat est éternel. Il n'est pas menacé de faillite comme une vulgaire entreprise. Il a même la possibilité d'obliger les contribuables à payer davantage d'impôt - une possibilité relative en Suisse seul pays au monde où les citoyens peuvent refuser de se serrer la ceinture.

C'est sans doute cette dette de 5,2 milliards de francs, qui s'ajoute au 10 milliards de la dette publique cantonale courante, qui vaut à Genève une modeste note A+/stable par l'inspecteur privé Standard & Poor's (lire le rapport ici).

Standard & Poor's est une de ces entreprises de cotation, une de celles qui ont dit que la Grèce était au bord de la faillite, obligeant ce pays à emprunter à des taux usuraires, ou qui avaient surcôté des banques lorsque celles-ci faisaient des fortune de papier en prêtant de l'argent à des propriétaires de maison, manifestement au-delà du raisonnable.

David Hiler, qui annoncera sur le coup de dix heures ce matin les résultats du canton pour 2009 - quelque 320 millions de bénéfices officiels et sans doute quelques centaines d'autres cachés dans des provisions et autres amortissements, le ministre vert des finances aura sans doute un sourire de circonstances.

Trois bémols tout de même.

  1. Quelle est la part des bons résultats qui est due à la gestion des fonds que des épargnants et investisseurs étrangers ont soustraits à leur fisc national?
  2. La venue des hedge Funds à Genève est-elle vraiment due à la conversion de l'ancien militant maoïste, devenu ministre des finances, au vertu du capitalisme financier ou au fait que Londres a décidé d'augmenter sensiblement la fiscalité sur ces produits de l'ingénierie financières?
  3. Genève est une exception planétaire, dit Standard & Poor's cité ce matin dans mon journal préféré. Le canton détient le record mondial de la densité de postes de travail (deux emplois pour un habitant), à laquelle s'ajoute l'autre exception mondiale, le fait que les frontaliers français paient l'impôt sur le revenu au lieu de travail. Ce résultat est une pure fiction politico-géographique et une de ses aberrations de la statistique qui compare l'incomparable. Dans un billet j'ai déjà démontré que si la Ville de Genève avait la dimension de la ville de Zurich, elle engloberait toutes les villes de la couronne et aurait autant d'habitants que la capitale économique de la Suisse.

Genève est riche. Calvin disait que la richesse n'est vertueuse que partagée. Genève a sans doute une des politiques sociales les plus développées du monde, ce sur quoi S&P ne dit mot, mais notre richesse ne devrait-elle pas davantage être davantage avec les régions que l'effet attracteur de Genève contribue à vider de leurs meilleurs éléments?

 

09:17 | Tags : hiler, cotation, budget, comptes 2009 | Lien permanent | Commentaires (4)