Paris, Paris, Paris... (03/03/2010)

DSC04275.JPGJe connais un peu Paris, la ville lumière, capitale d'une nation qu'on appela un temps la fille aînée de l'église. Plus vaguement Paris est le deuxième fils du roi de Troie qui enlève Hélène la fille du roi de Sparte. On connaît la suite. En  revanche, je ne connaissais pas Alexandre Paris jusqu'à ce soir.

Alexandre Paris est pasteur. Il est aujourd'hui pasteur à Neuchâtel. Il fut aumonier de la prison de Saint-Antoine. Un pasteur un peu illuminé - l'exercice assidu de la prière sans doute - un théologien un peu en marge qui lutte contre l'antisémitisme et notamment contre la théologie de la substitution, celle qui a fait croire aux chrétiens qu'ils sont le nouveau peuple élu, le successeur d'Israël dont le rôle serait donc achevé. "Un scandale, une honte, dit-il, comment le fils adoptif, le petit frère peut-il avoir cette arrogance face à un grand frère qu'il devrait chérir!"

Mais ce n'était pas pour parler d'Israël ni de théologie que le pasteur Paris était à Plan-les-Ouates ce soir. Il a remplacé au pied levé Thérèse Glardon qui n'a pas pu honorer l'invitation du groupe oecunénique Genève Sud. Le pasteur Paris a parfaitement rempli son rôle de remplaçant.

Parler de la prière au coeur du monde en ce temps où le monde semble tout entier vouer à l'argent, à la consommation, au sexe, à l'assouvissement immédiat de désirs individuels n'est pas un sujet racoleur. Ils n'étaient qu'une quarantaine les chrétiens de Genève Sud à s'être déplacer au temple de Plan-les-Ouates.

Pas en vain.

Le propos est riche, éclairant, enthousiaste, interactif, même si l'environnement du temple donne à la soirée un tour par trop cultuel. Paris retrouve dans les pères de l'église grecque les mots de la déculpabilisation. Il n'évque pas les sept péchés capitaux qui fleurent bon le juridisme de l'église de Rome ou de celle de Genève, mais parle des maladies spirituelles qui font obstacle à la prière.

Premier détour par le désert où Jésus passa, disent les Evangiles, 40 jours avant d'affronter le monde et d'annoncer la Bonne Nouvelle.

Deuxième détour par la révision des sept péchés capitaux rebaptisés en autant de maladies spirituelles: la gourmandise, antichambre de l'enfer(mement), la pornelia ou désir de l'autre pour soi, plutôt qu'amour de l'autre pour lui, l'avarice, la peur de manquer, l'argent le meilleur ami de l'homme qui en devient le maître, la tristesse ou l'art d'être la victime, de ne pas entreprendre sa vie, la paresse, la déprime, la perte de la foi, la colère, d'autant plus explosive qu'elle est vieille et ressassée, la vaine gloire et l'orgueil.

N'en jetez plus. Le public est réceptif. Personne n'ose interrompre l'orateur.

Troisième tableau, les bonnes pratiques. La méthode mise au point dans le cadre de l'Union de prière de Charme sur Rhône dont Paris est un des responsables. Attention ça décoiffe:

Ces quatre sujets de prière se tiennent en boucle, conclue Alexandre Paris. Commencez par où vous voulez. Et si les maladies spirituels vous tiennent trop, allez demander conseil. Vous trouverez bien quelqu'un dans votre paroisse. Ou peut-être vous découvrirez-vous à l'exemple de Jésus devenir des guérisseurs des maladies spirituelles. Ce monde en manque tant.

Quatrième acte, l'exercice pratique. En trois fois trois minutes. Relaxation, écoute du coeur, expression créatrice. Facile! Je suis sûr que Paris est capable de léviter. Il ferme les yeux: Posez vos deux pieds par terre, soyez confortablement assis sur le banc, sentez le sol avec la plante des pieds... Je lâche le mollet, je sens le poids de ma jambe, mes assises sur le bois.... Je me détends, je lâche mon poids.... Ma tête en son point d'équilibre libère la nuque.... Je sens le souffle qui entre en moi, qui en ressort, le souffle qu'on me donne, que je donne... Non coeur en est bercé. C'est le lieu de ma prière....

...

Je suis une terre ouverte prête à recevoir la semence....

Prière au coeur de ce monde.... Prière au coeur de de monde...

....

Six minutes plus tard. Réaccélérez votre souffle, rouvrez les yeux, prenez un crayon et laissez s'exprimer votre créativité...

...

Le chant de Taizé sur des paroles de Thèrèse d'Avila s'élève: Sólo Dios... basta!

Epilogue.

La démarche est intéressante. Elle vaut comme d'autres d'être tentée. C'est le pari de Pascal. Où l'église retrouve les voies qu'empruntent les philosophies orientales: la guérison de l'humain, tout l'humain, de tous les humains.

Proche des charismatiques, Alexandre Paris reste sobre dans ses propos et dans sa gestuel. Quelques amen ponctuent son discours, repris par un ou deux paroissiens. S'est-il autocensuré pour ne pas effrayer les Genevois? "On n'a tellement peu la conscience de notre gloire d'enfants de Dieu envoyés ici-bas", dit-il comme dans un reproche. L'impatience du réveil d'une asssistance attentive mais vieillissante.

 

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