Béglé victime de l'esprit fonctionnaire (19/01/2010)

béglé part tg 19 janv 10.pngJe ne connais pas Claude Béglé. Le patron de La Poste suisse n'avait sans doute pas que des qualités. Il avait une stratégie - le développement de La Poste à l'étranger - qui était, nous a-t-on répété ces jours derniers, soutenue par son conseiller fédéral de tutelle, le socialiste Leuenberger, les commissions de gestion du Parlement et le conseil d'administration de la Poste (là on n'en sait pas grand chose) . Et voilà que le grand Vaudois tire sa révérence victime sans doute de la peur de la Suisse d'affronter le vaste monde. (La nouvelle ici et )

La Poste, comme une majorités d'agriculteurs, comme bon nombre de médecins, comme la plupart des fonctionnaires et quelques autres professions, va donc se calfeutrer derrière nos frontières.

Certes développer des marchés à l'étranger étaient prendre un risque qu'une entreprise publique n'était peut-être pas en mesure d'assumer, trop engoncée qu'elle est dans ses traditions, dans ses statuts et ses lenteurs. Mais alors il n'aurait pas fallu embaucher Béglé et se contenter d'un simple administrateur.

La Poste et Béglé sont aussi victimes du niet des banques de voir La Poste transformer PostFinance en une véritable banque. Ces banques qui croient encore conserver une chiche part du secret bancaire et obtenir des licences en Europe. J'ai le sentiment que les Européens ne sont plus prêts à nous offrir le beurre et l'argent du beurre.

Pour la Suisse, c'est sans doute un échec. Alors que notre pays dispose de nombreuses grosses multinationales - un nombre même très important en regard de sa grandeur - et donc des capacités managériales requises, voilà que l'une de ses principales régies recule devant le défi de devenir un "global player" sur le marché de la distribution. C'est d'autant plus paradoxal et rageant que ce marché va croître en proportion des achats sur internet. Si le trafic traditionnel des lettres va se réduire, celui des colis ne devrait pas cesser d'augmenter

La Poste n'a pas su faire sa révolution culturelle il y a dix ou quinze ans déjà. L'idéologie du service public et du facteur à cheval allant verser son AVS à une personne âgée au fin fond d'une vallée alpine a empêché l'entreprise de séparer plus rapidement ce qui appartient au devoir de l'Etat - le service universel - et ce qui doit répondre aux règles du marché.

Or les tenants du service public ont voulu subventionner le service universel jusque dans les vallées par les tarifs payés dans les villes. Ce mode de financement ne tient pas dans une économie globalisée. L'Etat doit assumer sa part et financer directement ce qu'il estime relever du service universel. En clair le facteur et son cheval doivent émarger au budget de la Confédération et relever de la politique régionale et non du ministre des Postes.

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