Les socialistes font du populisme (05/01/2010)
Qui peut décemment s'opposer à l'augmentation des allocations familiales?
Notre société vieillissante n'a pas d'autres choix pour assurer ses vieux jours que de faire davantage d'enfants ou d'accueillir davantage de migrants. Ce qui est le cas depuis dix ans: la population étrangère a augmenté plus vite que la population suisse 13% contre 7%.
Mais ce n'est pas cet argument que la gauche met en avant. L'argument démographique n'est pas très en cours chez les alliés Verts des socialiste,s lesquels sont volontiers malthusiens voire carrément adeptes de la décroissance. Les Verts étaient d'ailleurs absents hier à la conférence de presse annonçant le dépôt de l'initiative pour l'augmentation des allocations familiales grâce à l'augmentation de 1,3% des cotisations sociales à la charge des employeurs (et donc des contribuables pour les quelque 35'000 travailleurs de la fonction publique).
A l'heure où les patrons doivent se battre contre la concurrence étrangères où les salaires et les charges salariales sont généralement plus bas, on appréciera l'opportunité du projet socialiste, dans ses modalités de financement tout au moins. D'autant que si le nez des allocations familiales est un peu petit à Genève comparé au gros nez valaisan - personne ne le conteste - il convient de considérer le visage dans son entier. Et là le visage genevois s'éclaire d'un tout autre sourire, s'agissant des familles à revenu modeste.
Les allocations familiales ne sont qu'un petit élément du revenu des familles. Les deux gros éléments, ce sont le niveau des salaires et la charge fiscale qui pèse sur les familles. Et sur ce plan, il n'y a pas photo: Genève sort grand vainqueur des comparaisons cantonales comme le prouve le tableau ci-dessous tirée de la dernière brochure du Département fédéral des finances sur La charge fiscale suisse.
En pages 18 et 19, le tableau [cliquez sur les images pour les agrandir] montre que les familles ayant deux enfants et gagnant 60'000 francs brut par an paient 25 francs d'impôt à Genève contre 2424 francs à Sion. L'écart se réduit jusqu'a 100'000 francs de revenu brut, puis s'inverse. Une famille gagnant 150'000 francs paie 17'849 à Genève et 15'426 à Sion.
Cela dit, il faut sans doute augmenter les allocations familiales qui mettent d'autant plus de beurre dans les épinards que le revenu est faible. L'effet inverse des cotisations maladie en somme, dont le poids, devenus intolérables pour beaucoup, est d'autant plus lourd que le revenu est petit.
Avec leur initiative, les socialistes tentent de rétablir par la petite porte le rabais d'impôt que Calmy-Rey avait imposé au forceps, mais qui a disparu sous le coup des libéraux et de l'harmonisation fiscale fédérale.
08:26 | Lien permanent | Commentaires (10)
Commentaires
Un éléments qui vous négligez : comme se répartissent les ménages avec deux enfants ? Bref, dans les ménages à deux enfants, quel est le revenu médian par exemple ?
Écrit par : Djinius | 05/01/2010
Bonne question Djinius, mais je n'ai guère le temps de poursuivre l'enquête. Tentez d'interpeller la statistique cantonale, ça m'intéresse. Encore que je ne vois pas en quoi la connaissance de cette information, changerait quelque chose.
Écrit par : JF Mabut | 05/01/2010
Le plus dérangeant dans cette initiative n'est pas tant son côté populiste. La démocratie ne s'accompagne-t-elle pas depuis toujours de cette dérive ?
Ce qui ne va pas est qu'elle provient d'un parti qui participe au gouvernement de Genève, qui devrait donc adhérer à la politique de ce dernier. C'est une nouvelle manifestation de l'inadéquation de notre système dit de "concordance" dans lequel les partis n'ambitionnent pas conduire Genève mais simplement de prendre un ou deux sièges à la table du Conseil d'Etat pour se répartir les bons plats.
Le même problème se pose bien sûr au plan fédéral. Avec en illustration caricaturale la cas du 29 novembre dernier. Le Conseil fédéral s'opposait aux deux initiatives soumises au peuple mais le PS soutenait celle visant l'interdiction de l'exportation du matériel de guerre, l'UDC s'affichant en défenseur de celle destinée à interdire les minarets.
Quelle salade !
Écrit par : pierre kunz | 05/01/2010
Le plus dérangeant dans cette initiative n'est pas tant son côté populiste. La démocratie ne s'accompagne-t-elle pas depuis toujours de cette dérive ?
Ce qui ne va pas est qu'elle provient d'un parti qui participe au gouvernement de Genève, qui devrait donc adhérer à la politique de ce dernier. C'est une nouvelle manifestation de l'inadéquation de notre système dit de "concordance" dans lequel les partis n'ambitionnent pas conduire Genève mais simplement de prendre un ou deux sièges à la table du Conseil d'Etat pour se répartir les bons plats.
Le même problème se pose bien sûr au plan fédéral. Avec en illustration caricaturale la cas du 29 novembre dernier. Le Conseil fédéral s'opposait aux deux initiatives soumises au peuple mais le PS soutenait celle visant l'interdiction de l'exportation du matériel de guerre, l'UDC s'affichant en défenseur de celle destinée à interdire les minarets.
Quelle salade !
Écrit par : pierre kunz | 05/01/2010
Oui, Pierre, mais il y a des limites au populisme. Si vous dites aux gens : « Voulez-vous qu’on vous donne de l’argent en plus ? » Il y a peu de risques qu’on réponde : non, ce qui compte c’est que je prenne la mesure de mes responsabilités.
Demain, on rase gratis ! Un parti qui, comme le nôtre d’ailleurs, Pierre, s’essouffle peu à peu, a un intérêt direct à répéter haut et fort à chacun : rendez-moi ce qui ne m’appartient pas !
Écrit par : Jean Romain | 05/01/2010
Ah mais c'est notre motard philosophe, notre cher Jean Romain Putallaz, thuriféraire attitré du génie octodure, grand Mamamuchi de la pensée réactionnaire qui se dresse devant nous. Mais quel honneur de nos gratifier d'un de vos aphorismes dont vous détenez jalousement le secret (pour notre bien sans doute). Il est vrai que la copulation procréatrice était la doctrine favorite de vos maîtres de St-Maurice même si eux se limitaient au simulacre ambidextre.
Écrit par : Anastase | 05/01/2010
Le gros défaut des allocations familiales, telles que prévues par la loi fédérale de 2007, c'est qu'il s'agit de prestations "arrosoir" : tout parent y a droit quel que soit son revenu. Certes, elles mettent d'autant plus de beurre dans les épinards que le revenu est faible - comme vous l'écrivez - mais elles mettent aussi plus de beurre dans des épinards déjà très gras...
Écrit par : enfaitetendroit | 06/01/2010
Genève est déjà le Canton qui a une des meilleure politique sociale de Suisse avec de nombreuses aides et une politique fiscale qui est en faveur des petits revenus. La hausse des allocations familiales demandées par le PS est de la poudre aux yeux électoralistes.
Écrit par : demain | 06/01/2010
@ enfaitetendroit,
Et après les socialistes disent que c'est la droite qui fait des cadeaux aux riches .
@ F-M Mabut
"Cela dit, il faut sans doute augmenter les allocations familiales qui mettent d'autant plus de beurre dans les épinards que le revenu est faible. L'effet inverse des cotisations maladie en somme, dont le poids, devenus intolérables pour beaucoup, est d'autant plus lourd que le revenu est petit."
Les plus démunis sont quand même aidés par des subsides pour leurs primes maladies. Les allocations familiales seraient plus juste si il serait mieux ciblés. Pour Genève je ne sait pas, mais sur Vaud, les allocations familiales sont imposables. Belle idée pour aider les familles. on donne d'un côté et on reprend de l'autre. Les socialistes devraient plutôt se battre pour corriger cette injustice que de vouloir encore augmenter les charges patronales.
D.J
Écrit par : D.J | 06/01/2010
Question: depuis combien de temps les allocations familiales n'ont-elles pas été augmentées? Quelle est leur valeur actuelles en francs constants? Le seul système correct est une indexation sur l'inflation.
Écrit par : Johann | 15/01/2010