Le Discours de Saint-Pierre, le Cé qu'è lainô et la paix du 21 juillet 1603 (07/12/2009)

Saint_Pierre de nuit.jpgH-7. Dans sept heures, nos sept sages dévoileront au peuple de Genève assemblé en la cathédrale, rendue au culte civile pour l'occasion, le menu de la législature qui court jusqu'à fin 2013.

Quatre ans qui seront marqués, en automne 2012 - l'année même du tricentenaire de la naissance de Rousseau et à l'avant-veille du bicentenaire de l'entrée de Genève dans la Confédération - par le vote des citoyens genevois sur la nouvelle constitution.

Seule une minorité des habitants de la région franco-valdo-genevoise participera à ce scrutin. Outre le taux de participation qui ne dépassera sans doute pas 40%, les 230'000 électrices et électeurs genevois ne représentent aujourd'hui déjà que 30% des quelque 750'000 habitants de la région.

Comment élargir le corps électoral du Grand Genève est sans doute l'un des défis majeurs de la Constituante, qui débat précisément ce jeudi 10 décembre de l'octroi des droits politiques aux étrangers établis à Genève.

Sans doute les constituants entonneront-ils, comme les Genevois ce soir, le Cé qu'è lainô à l'issue de leurs débats en mémoire de la bataille de 1602. Une commémoration qui devient de plus en plus anachronique en ces temps de libre circulation. Les Constituants seraient peut-être bien inspirés de décréter fête régionale le 21 juillet (calendrier grégorien), date de la signature de la paix de Saint-Julien en 1603 - certes imposée aux belligérants par Henri IV, l'Américain d'alors - mais paix tout de même, dont les Genevois ont fini par s'accommoder.

Notre société libérale avancée est en recherche de signes fédérateurs. Mieux vaut fêter la paix que la bataille!

Autre symbole fort qui pourrait forger la région dans le coeur de ses habitants bien davantage que les projets d'agglo qui restent l'apanage des technos, Charles Beer nouveau ministre des Sports devrait d'ici 2013 convaincre l'ancien club de football des Croix-de-Savoie, devenu ETG pour Evian-Thonon-Gaillard, de jouer dans le stade de Genève et trouver avec son nouveau propriétaire Frank Riboud les moyens de devenir un des club phare du championnat de France, Servette poursuivant sa lente remontée aux premiers rangs des clubs suisses. Zurich a bien deux clubs, pourquoi le Grand Genève n'en aurait-il pas autant?

A propos du projet d'agglo, il appartient à Pierre-François Unger de démontrer qu'il est au service de la population du bassin qui s'étend de la vallée de l'Arve (jusqu'au Mont-Blanc) et des portes de Lausanne à celles d'Annecy. En tant que ministre de la santé, le PDC doit créer une seul région médicale transfrontalière - Annemasse construit un hôpital de 445 lits et des privés reconstruisent la clinique de Savoie (275 lits). En tant que ministre de l'économie, il doit trouver avec Paris, les moyens de rééquilibrer l'emploi dans la couronne frontalière. Vaste défi.

Toujours à propos du projet d'agglo, Mark Muller doit parier sur trois grandes infrastructures et les engager pour que les chantiers commencent avant 2020:

Toujours à propos du projet d'agglo, François Longchamp doit inventer le financement régionale et l'encadrement des personnes âgées dépendantes, dont le nombre ne va pas cesser d'augmenter. Il doit aussi prévoir l'extension de l'aéroport GVA qui ne peut se concevoir qu'à Annecy ou à Payerne.

Isabel Rochat doit réformer la police. Les propositions de l'ancien flic de quartier devenu constituant seront-elles mises en oeuvre? Une brigade transfrontalière sera-t-elle créée. Une gendarmerie fédérale - pourquoi pas la police de l'armée et les gardes-frontière reconfigurés - viendra-t-elle en appui des cantons et surveillera-t-elle les missions étrangères? Quant à la Justice, elle doit nous démontrer que la réforme du code de procédure pénale qui met fin au juge d'instruction et au jury populaire ne revient pas à une privatisation. Mais c'est là un débat de politique fédérale.

Reste Michèle Künzler. A elle d'inventer l'agriculture urbaine. Des basses-cours au pied ou sur les toits engazonnés des immeubles aux tours maraîchères, il y a de quoi faire.

Enfin le roi David Hiler doit se mettre au travail et ne pas se contenter d'engranger les bénéfices des fonds spéculatifs qu'ils accueillent dans sa bonne ville. La fiscalité communale - si tant est que la Constituante conserve les communes en l'état - doit être fondamentalement réformée. Un bon modèle est celui qu'un professeur de Zurich, Carl-August Zehnder, a proposé il y a une quinzaine d'années déjà pour lutter contre le tourisme fiscal. Il s'agit pour faire simple de supprimer les centimes additionnels sur les revenus supérieurs à 200 ou 300'000 francs pour les verser soit dans un fonds communal soit dans la caisse du canton. Ainsi réduirait-on l'épaisseur des oreillers de paresse des communes aisées.

Tous doivent enfin réussir le pari: construire 10'000 logements d'ici 2013!

 

 

 

 

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