La Suisse un pays d'extrême droite? Lisez les commentaires dans la presse étrangère! (29/11/2009)

figaro minarets.jpgtsr minaret.jpgLa première émission commune TSR-RSR a eu droit à un baptême de choc (de civilisation). Le vote des Suisses contre les minarets est le fait du jour - un dimanche noir selon la journaliste Judith Mayencourt. Sans doute pas tout à fait. Je ne partage pas non plus l'avis d'Olivier Tornay qui conclut l'émission, sur le coup de 18h15, en prévoyant une lourde tâche pour notre diplomatie pour redresser l'image d'une Suisse d'extrême droite. Vraiment?

Certes les pays arabes manifestent leur indignation. Il faut bien admettre que les leçons de droit-de-l'hommisme à la plus vieille démocratie du monde de ces régimes autocrates - voire carrément dictatoriaux - résonnent un peu faux.

Dans son excellent blog La presse internationale, David Laufer cite les commentaires postés par les internautes sur le site web du journal anglais The Independent et du Figaro de Paris qui ouvre son site sur cette info [cliquer sur l'image pour l'agrandir]: de l'Helvétolâtrie. Jugez-en!

"La Suisse, seule démocratie dans le monde ; la Suisse, seule à se lever contre la barbarie ; la Suisse, modèle de liberté ; vive la Suisse,...

... vive les Suisses ; si nous, en Angleterre, avions les mêmes droits que les Suisses, jamais les mosquées n’auraient pu voir le jour en telle quantité ; jamais les attentats de 2005 n’eurent été possibles, etc. Même ton dans le Figaro, où les quelques commentaires épouvantés par cet énorme écrasement populaire d’une minorité sont noyés dans des hurlements de bonheur. De bonheur décomplexé." écrit David Laufer qui s'interroge sur cette honte qui frappe nombre de personnes qui n'osent pas dire leur vraie opinion lorsqu'elles sont interrogées par les sondeurs d'opinion.

Certes, la peur du terrorisme, le fanatisme a guidé le vote des Suisses. L'incompréhension aussi. Les réactions à l'emporte-pièce de mes concitoyens m'alarment. Elles font le lit du fascisme. Peut-on le leur reprocher? Je viens de lire une enquête dans Books, qui en effet montre que tant que les musulmans auront une lecture littérale de Coran, le dialogue restera difficile.

L'incompréhension, elle est aussi le fait des forces politiques de ce pays, doublée d'une incapacité pédagogique de convaincre les Suisses de voter "dans le bon sens". Les médias (et les sondeurs) sont aussi pris dans la tourmente pour ne pas avoir perçu l'issue de ce vote et n'avoir pas su se faire l'écho de cette population inquiète, qui a cru pouvoir donner une leçon de démocratie au monde musulman.

N'en demeure pas moins que le vote de ce dimanche est une tche sur le drapeau national. Une tache pas plus grande ni plus grave que celles qui il y a peu concernaient le culte catholique (interdiction de la congrégation des jésuites et demande d'autorisation pour ériger un nouveau diocèse).

Faut-il pour autant relancer une initiative pour voter à nouveau sur le sujet comme le propose déjà un groupe créé sur Facebook? C'est sans doute prématuré. Les catholiques ont attendu presque un siècle pour recouvrer leurs droits. Et encore, je doute que la création d'un évêché à Genève passe comme une lettre à la poste.

Le vote des Suisses peut être salutaire. Il doit interpeller l'islam et ses docteurs de la loi, au premier chef, ainsi que les nomenclaturas qui se servent du fondamentalisme religieux et excitent les fous d'Allah pour conforter leur pouvoir conservateur.

Le vote des femmes a sans doute pesé très lourd ce dimanche. Les analyses fines du scrutin le diront bientôt. Elles sont sensibles à juste titre à l'inégalité de traitement - c'est un euphémisme - dont leurs consoeurs musulmanes sont les victimes - en droit et en fait - dans les pays soumis directement ou indirectement à la charia.

 

 

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