Qu'est-ce qu'être Suisse? (14/11/2009)

t-shirt-suisse battra la france.pngQu'est-ce qu'être Français? La question mobilise l'opinion dans l'Hexagone depuis qu'un socialiste devenu ministre de Sarkozy a lancé le débat dans la médiasphère. Pas un jour sans que la question ne soit relancée par un journaliste, longuement chroniquée dans les journaux ou "spontanément" perroquêtée par des politiciens soucieux de plaire au prince. Le site internet  www.debatidentitenationale.fr du ministre Besson fait un tabac. L'identité nationale est le sujet du moment. Le divan national est ouvert;on sait que les cures de psychanalyse peuvent durer longtemps.

De quoi sans doute détourner l'attention des Français qui voient arriver les fêtes, le crapaud plat, et en ont un peu marre des rois mages qui les gouvernent et leur jurent que "la crise est derrière nous". Tout le monde l'espère, notez-le! C'est comme pour les bonus, le pire est à venir, car la consommation qu'il faut relancer à tout prix, c'est autant de carbone qu'on va cracher dans l'atmosphère et, selon l'autre pensée dominante du moment, c'est pas bon du tout pour notre avenir commun.

Mais laissons la France à ses états d'âmes. Nous, en Suisse, on n'en a pas. On vote. On vote sur des sujets sérieux: les minarets, le CEVA, les exportations d'armes. La démocratie directe, n'est-ce pas le creuset de l'identité nationale suisse? Qu'en pensez-vous?

A ce propos, je viens de relire quelque-uns des commentaires publiés sous un des derniers billets publiés sur ce blog: Dans quel camp es-tu Mireille? En matière d'identité nationale, ça interpelle comme on dit. Merci à ceux qui ont eu la courtoisie de signer leur messages.

Une précision @ Pascale, s'agissant de Mireille Valette. Je défends sa croisade féministe et je comprends ses craintes, ce qui m'a dérangé, c'est qu'elle a choisi de s'asseoir parmi des gens qui ne sont pas particulièrement connus pour être les défenseurs de la dignté de la femme. Sur ce plan je partage le point de vue de Pascal Holenweg, intitulé Le miracle des minarets.

Pascale écrit encore ceci: "Je suis quasi certaine, qu'avec la prise en compte des peurs existantes, justifiées ou injustifiées, cette initiative aurait pu être balayée raisonnablement. Mais il aurait fallu reconnaître qu'un débat sur notre avenir devait être ouvert à propos des intégrismes divers et variés et comment allions-nous les gérer, quelles seraient nos limites et nos garde-fous."

Ce propos renvoie directement à la question de l'identité nationale, laquelle serait mise en danger par l'érection de quelques minarets ici et là. Elle dit aussi le besoin d'un débat sur notre avenir. Ce qui tendrait à donner raison au ministre Besson qui a ouvert en France un exercice de psycho-thérapie nationale.

Reste que le qualificatif national appartient à la même famille que le mot nationalisme. L'identité relève du dieu Janus. dont l'autre face peut être hideuse, voire dangereuse. On le voit en sport où la haine peut se déchaîner - mieux vaut là sans doute que partout ailleurs. C'est la raison pourquoi je préfère en football la Ligue des champions, qui voit s'affronter des villes (et même désormais des clubs privés), à l'Euro ou au Mondial, où le nationalisme reste par trop exacerbé.

 

PS: Sur la notion d'identité nationale, on lira ici l'intéressante interview que mon confrère Jean-Noël Cuénod a eue avec Gil Delannoi intittulée Comment peut-on être Français ou Suisse? qui plaide pour l'humain multi-identitaire.

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