Dans quel camp es-tu Mireille? (11/11/2009)

valette infrarouge.jpgQuel choc de voir ce soir à Infrarouge mon ancienne consoeur dans les travées des partisans de l'initiative contre les minarets. Sa croisade pour le droit des femmes musulmanes est sans doute honorable et courageuse. Elle a écrit un livre réquisitoire au titre de combat: «Islamophobie ou légitime défiance» paru ce printemps aux Editions Favre.

Croit-elle vraiment que les gens qui l'entouraient partageaient ses idéaux humanistes et égalitaristes? Certes, elle a précisé d'emblée qu'elle aurait pu s'asseoir aussi sur les bancs d'en face, encore que le côtoiement avec une femme voilée et le ministre de la Fondation de l'Entre-connaissance Hafid Ouardiri lui a sans doute paru délicat aussi.

La journaliste Esther Mamarbachi, qui a piloté ce débat de main de maître, aurait-elle dû installer une troisième estrade pour ceux qui, comme l'ancien procureur de la République de Genève, trouve à juste titre que le débat posé par les partisans de l'interdiction est un faux débat? En démocratie, il faut aussi affronter les faux débats et dénoncer les fabricants de peur.

Le 29 novembre, il faudra bien choisir, ne pas rester dans l'abstention et glisser un non ferme dans l'enveloppe, un non déterminé contre cette initiative haineuse, discriminatoire et liberticide.

Mireille Valette croit-elle trouver en Oskar Freysinger un meilleur avocat de la cause des femmes que Bernard Bertossa? Sa peur de l'islam et de la loi civile que cette religion définit l'emporte. L'occident se mure derrière les interdictions. "L'arme des lâches et des faibles", dit Bertossa qui s'interroge: La Suisse est-elle donc devenue si faible qu'elle doive recourir à de telles mesures en contradiction avec ses idéeaux et ses principes?

Des propos clairs et sereins que l'esprit accueille avec soulagement. Presque trop sereins cependant. La lecture des quelque 150 commentaires postés sur le site de l'émission avant sa diffusion alimente une autre peur. La peur de la montée du fascisme. La peur des idées simples qui s'infiltrent et se propagent comme un virus. Les têtes se ferment aux arguments rationnels. Ce sont les tripes qui parlent.

Quel vaccin contre cette peste? Comment faire comprendre aux démocrates - même des amis - qui s'apprêtent à voter pour l'initiative qu'ils se tirent une balle dans le pied, que leur vote est, comme le dit la journaliste Caroline Fourest, le plus beau cadeau que l'on puisse offrir aux ultras?

Quand les minarets seront interdits, on s'en prendra aux cloches, puis aux clochers, aux croix qui se dressent encore à certains de nos carrefours, à la croix fédérale, à la croix rouge. Soyez en sûrs!

Revoir le débat ici

 

23:28 | Lien permanent | Commentaires (44)