Un évêque à Genève? (10/10/2009)
Bernard Litzler, rédacteur en chef de l'Echo magazine signe un éditorial cette semaine qui risque de remettre le feu aux poudres des guerres confessionnels. On se souvient que le projet au milieu des années 80 d'installer Mgr Amédée Grab sur le siège de saint François de Salle, évêque de Genève réfugié à Annecy pour cause de Réforme, avait suscité dans la cité de Calvin l'ire des protestants fondamentalistes et même de quelques autres.
C'est le cancer désormais officiel de l'évêque de Lausanne Genève Fribourg (et Neuchâtel comme le précise toujours le populaire Mgr Genoud), qui inspire à l'éditorialise de l'hebdomadaire édité à la Servette une réflexion sur la dimension des évêchés suisses.
Prudent, Bernard Litzler ne propose pas la création d'un évêché à Genève, mais dit clairement que deux évêchés sont trop grands: "En France, il y a environ un évêque par département. En Suisse, les trois évêques de Bâle, de Coire et de LGF ont à charge une large majorité des catholiques du pays." A noter que dès le 1er novembre prochain, Bernard Litzler, 53 ans, suddédera à André Kolly à la direction du comité du Centre catholique de Radio et Télévision (CCRT)qui produit les émissions religieuses sur la SSR.
La fondation du diocèse de Genève est due aux évêques de Vienne (France) au IVè. siècle., rappelle une notice historique publiée sur le site internet du diocèse de Lausanne Genève Fribourg. Ce diocèse se composait de la ville et des régions qui en dépendaient, plus les territoires sardes et français avoisinants, donc une grande partie de la Savoie et le Pays de Nyon.
Après la Réforme, l'évêque se fixa à Annecy en 1564. Lors de la restructuration des diocèses français par Pie VII en 1801, l'évêque de Chambéry prit le titre de Genève. Pas pour très longtemps: en 1821 ce titre fut adjoint à celui de Lausanne car, en 1819, le territoire de la République de Genève, suisse depuis 1815, avait déjà été rattaché administrativement au diocèse de Lausanne. La nomination en 1873 de Mgr Mermillod, évêque auxiliaire depuis 1864, comme Vicaire apostolique de Genève modifia la juridiction épiscopale, mais pas les frontières du diocèses; en 1883, Mgr Mermillod était nommé évêque du diocèse, confirmant ainsi son unité.
Depuis 1819, le diocèse de Lausanne et Genève a conservé sa même configuration géographique mis à part les démembrements survenus en 1828 et 1864 qui virent des régions bernoises rattachées au diocèses de Bâle. C'est en 1924, par l'érection de la collégiale Saint-Nicolas en cathédrale que le diocèse a pris son appellation actuelle, son territoire est le même depuis 1864
Le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg dépend directement du Saint-Siège.
Depuis le 10 juin 2001 et l'abrogation de l'article 72 de la Constitution fédérale par 64% des votants, l'Eglise catholique n'a plus besoin de demander l'approbation du Conseil fédéral pour modifier les frontières des évêchés ou en créer de nouveaux.
17:35 | Lien permanent | Commentaires (8)
Commentaires
Et pourquoi ne pourrait-on pas redéfinir un nouveau diocèse franco-valdo-genevois ? Englobant Annecy, Annemasse, Genève, Evian et Nyon ? Histoire de refaire l'Histoire et de devancer les grandes envolées des politiciens à la page ! On commence par un diocèse hyper fraternel transfrontalier, puis on adapte les frontières politiques au diocèse ! Finalement, c'est vrai à quoi servent-elles encore ces frontières politiques dans l'église ? Ne sommes-nous pas tous frères et soeurs ? Bien entendu, Genève serait la Rome "catholique" régionale de toute cette racaille qu'elle saura bien convertir et ramener dans le droit chemin! Vous n'êtes pas d'accord ? Alors protestez !
Écrit par : Jean-François Girardet | 10/10/2009
En toute laïcité, rien ne s'oppose à ce que les catholiques s'organisent comme bon leur semble, et ceux qui verraient là une occasion de guerre confessionnelle seraient bien étroits d'esprit.
C'est pour cela que l'association suisse pour la laïcité a demandé, en 2003, l'abrogation de l'article constitutionnel sur les évêchés, qui discriminait les catholiques; dans la même logique, elle s'oppose à l'initiative de l'UDC contre les minarets.
Faudrait quand même finir par savoir ce que c'est, la laïcité. Grand Dieu !
Écrit par : yves scheller | 10/10/2009
Yves Scheller écrit :
" Faudrait quand même finir par savoir ce que c'est, la laïcité. Grand Dieu ! "
Invoquer de cette manière le nom de Dieu en vain, venant de la part d'un intégriste de la laïcité et bien bravo, c'est très fort, fallait oser le faire !...
@:o)
Écrit par : Jean d'Hôtaux | 10/10/2009
En tout cas, contrairement à ce qu'on croit, l'essentiel de l'oeuvre de François de SALES [c'est la bonne orthographe], en tant qu'évêque, fut de renforcer le sentiment religieux chez les catholiques de son diocèse et d'ailleurs, et non de chercher la controverse avec les protestants. Sa mission en Chablais même date d'avant sa titularisation en tant qu'évêque. La plupart de ses livres sont des traités mystiques à destination de ceux qui voulaient bien les lire, et qui n'évoquent que brièvement et par allusions les protestants et les philosophes qui se réclamaient de la tradition philosophique antique (et auxquels il s'opposait aussi).
Ses controverses, datant de sa mission dans le Chablais, n'ont guère été relues depuis le temps où elles ont été imprimées, et François de Sales lui-même disait que la controverse à laquelle il s'était d'abord adonné était somme toute plus nuisible qu'utile, que ce qu'il fallait, c'était prêcher sa foi, ce en quoi on croyait, et non polémiquer avec les autres. François de Sales n'a sans doute pas inspiré la politique de Louis XIV et l'intolérance de Bossuet, car c'est surtout Mme Guyon, elle aussi persécutée par Bossuet, qui a été sa disciple, au XVIIe siècle. Et Joseph de Maistre assure que de son temps, les mystiques protestants de langue française avaient pour remarquable qualité de lire Mme Guyon et François de Sales.
Il ne faut pas être crispé sur l'histoire, à mon avis, car au vu des faits tels qu'ils sont vraiment, on pourrait toujours penser qu'au-delà de l'histoire, il s'agit de continuer à réprimer, comme le faisait Bossuet, le pur mysticisme de coloration chrétienne, au profit d'une forme de rationalisme religieux qui est la marque de Bossuet, mais aussi de Calvin, somme toute.
Écrit par : rm | 11/10/2009
Le hic!... La laïque cité de Calvin, l'arôme calviniste et la liberté religieuse!
Si la présence d'un mitré, le représentant d'un tiaré lui même représentant de Dieu sur Terre pose problème à Genève, il est "normal" que les minarets, colonnes Morris d'un autre Dieu (ou le même?), puissent également occasionner quelques querelles de clocher. Clocher qui n'a d'autre but que d'être aussi une colonne de pub. là les cloches remplacent le muezzin.
... Et Dieu reconnaîta les siens ou les Dieux reconnaîtront... les leurres?
Écrit par : Père Siffleur | 11/10/2009
Vous savez, Père Siffleur, il existe aussi des clochers portatifs, qu'on peut emmener avec soi même sur des blogs. Ce n'est pas la taille visible de l'objet qui compte forcément le plus.
Écrit par : rm | 12/10/2009
Cher Erem,
Je n'ai pas tout compris! Je dois donc être une sacrée cloche!
Attention! ne pas confondre "sacrée cloche" et "cloche sacrée". Celle qui part à Rome pour Pâques!... Il me manque le battant.
Écrit par : Père Siffleur | 12/10/2009
Eh bien, on peut imaginer que les photos des blogueurs sont des icônes, et que le clocher du temple est le titre général "La Tribune de Genève", et que tout cela n'est fait que pour servir de publicité aux uns et aux autres. Ne jetez pas la pierre aux amateurs de clochers: est-ce que ceux qui ne les aiment pas font tellement mieux?
Écrit par : rm | 12/10/2009