Edipresse licencie (09/10/2009)

tdg.pngEdipresse biffe 100 postes de travail annonce 20 Minutes ce matin. Licenciements massifs chez Edipresse, écrit le site internet de la TSR. Edipresse va supprimer une centaine d'emplois, écrit la Tribune, alors que l'attention du monde est retenu par la désignation audacieuse de Barak Obama par le comité Nobel pour la paix. On peut lire le communiqué d'Edipresse ici.

La presse, c'est comme les partis politiques républicains, c'est atteint d'un mal sournois - la désaffection - qui pourrait bien emporter sinon transformer nos démocraties.

Les deux institutions ont des choses en commun. D'être notamment des maillons essentiels de la bonne gouvernance: les partis, en sélectionnant les bons candidats et en les préparant pour affronter le suffrage universel; les journaux, en relayant l'action des autorités et des politiciens, parfois en mettant au jour des infos peu reluisantes ou scandaleuses. Sans ce travail d'information que serait notre démocratie? Plus encore qu'aujourd'hui le jeu et l'enjeu des puissants, des lobbies, des intérêts économiques ou populistes?!

L'effondrement des journaux est certes un choc pour les personnes qui seront concernées par la réduction des postes de travail. Mais c'est aussi une question de politique générale. Déjà le peuple souverain a accepté, par le truchement des lois votées au Parlement fédéral, de financer au travers de la redevance radio/TV obligatoire, que nous payons dès que nous possédons un poste de radio, de télé ou un ordinateur, même si nous jurons ne jamais regarder les chaînes de la SSR.

Depuis peu les radios locales reçoivent quelques miettes de cette manne. A Genève, Léman bleu facture les retransmissions en direct des débats du Grand Conseil du Municipal de la ville et de la Constituante. Aucune plus-value journalistique dans ce coup de main technique, mais des fonds qui alimentent la rédaction de cette télévision locale.

Des abonnements des services publics et des avantages tarifaires offrent certes à la presse écrite quelques menus avantages. Insuffisant, on s'en doute, pour assurer le développement durable d'un quotidien.

Reste la fusion. La France voisine se contente bien de deux quotidiens pour une population presque égale à la population suisse. Demain un seul quotidien romand? Le débat est ouvert. Ne tardez pas. Les choses vont vite.

Reste aussi à réinventer la presse, à basculer entièrement sur Internet. De nombreux journaux américains saisis par le même tsunami ont sauté dans le vide de la toile. Au prix d'un amaigrissement drastique de leur rédaction. D'autres confrères journalistes tentent de créer de nouveaux journaux sur le net pour défendre le meilleur de la profession, l'indépendance qui permet de poser les questions, d'enquêter longuement, d'analyser sans relâche. Leur combat est noble, leur avenir incertain.

En Suisse, Largeur.com diffusé depuis 1999 est un pionnier de la presse en ligne. L'article le plus lu ce matin porte justement sur La presse écrite à l'agonie. Henry Muller ajoute un point d'interrogation.

En France, plusieurs anciens journalistes notamment de Libération et du Monde ont lancé des quotidiens en ligne qui en réalité sont mis à jour en permanence modifiant en profondeur le rythme de vie des journalistes, nouveaux forçats de l'info. Citons  Slate.fr de Jean-Marie Colombani et Jacques Attali, Mediapart.fr d'Edwy Plenel et trois autres journalistes.

Ce dernier envisage de publier une fois par semaine les meilleurs articles dans un magazine imprimé. C'est déjà le cas depuis trois semaines du journal en ligne Bakchich.fr.Bakchich s'est associé au sein du réseau Infovox.fr à Agoravox (une sorte de Youtube citoyen lancé par Joël de Rosnay en 2005), coZop, La TéléLibre, Ouvertures et Naturavox.

Quant au sit LePost.fr, il se nourrit des articles envoyés par les internautes sous une forme collaborative semblable dans l'esprit à celle qui a fait le succès de Wikipedia.

 

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