La fin des paysans, est-ce la faim du monde? (07/09/2009)

paysans vannant.pngLes urbains se sont toujours fichus des agriculteurs, ces bouseux, ces péouais. Sauf quand ils ont faim et encore. D'abord parce que la plupart des urbains en sortent.

Ces paysans qui viennent grossir les faubourgs gigantesques des mégaloples connaissent la dureté de la condition de vie à la campagne: dureté de la terre, rigueur de la nature, rapacité des oiseaux, des rats, des vermines, des herbes concurrentes, qui ne vous laissent aucun répit. Banalité de la vie rurale, pression sociale du village, éloignement des soins médicaux et des divertissements. Sauf la télé, souvent le seul meuble de la maison, quand l'Etat a bien voulu tirer une ligne électrique pour son administration où chacun branche un fil vagabond.

Voilà la vie du paysan! A mille lieux de Martine à la ferme, que nous sert la Migros dans ses spots publicitaires, ou des Jardins de cocagne que veulent imposer à Genève les tenants de la souveraineté alimentaire.

Pas étonnant que les gens des campagnes cherchent à échapper à cette condition, même si c'est souvent pour tomber plus bas encore. Car, aux  conditions non paradisiaques de la vie à la campagne, s'ajoutent les rigueurs des politiques, qui rarement mettent l'agriculteur au rang des priorités nationales, et du marché mondial, qui lui a fait le choix du tout commerce parfois au mépris de la nature.

La fin des petits paysans, est-ce la faim du monde?

C'est une question délicate. Elle ne concerne pas que le sud, mais est au coeur de la politique du nord.

Le secteur agricole connaîtra-t-il la même évolution qu'a vécu la plupart des autres secteurs: la pharmacie (quelques grands groupes fabricants et des milliers d'officines commerçantes), le commerce de détail où l'épicier a  cédé face aux chaînes intégrées? La médecine et le droit, secteurs des professions libérales par excellence, suivent désormais le même chemin. Le médecin et l'avocat de famille doivent eux aussi intégrer des cabinets de groupe et bientôt des franchises des cliniques et même des réseaux d'assurances.

Combien de paysans demain en Suisse en France? Moins qu'aujourd'hui sans doute, malgré la volonté populaire et constitutionnelle de 1995 de maintenir une agriculture forte, productive et écologique, attachée à la sécurité alimentaire, à la conservation des ressources naturelles et à l’entretien du paysage rural et à l’occupation décentralisée du territoire.

Les médecins qui se comportent de plus en plus comme des paysans et qui vivent plus encore qu'eux d'une fiscalité obligatoire (les cotisations aux assurances maladie) devraient rester philosophes à l'heure du lancement d'une initiative pour une médecine de famille "forte, naturelle, attachée à la sécurité médicale, à la conservation des défenses naturelles et à l’occupation décentralisée du territoire" (c'est ma lecture de leur article constitutionnel).

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