La révolution est en marche. Et la constituante? (27/05/2009)

kasser.jpgOn regrette un peu Louise Kasser. L'icône juvénile, première présidence de la Constituante, a donné l'illusion d'une assemblée inventive. Ce n'était pas le choix des 80 élus de porter sa benjamine au perchoir, mais celui du Grand Conseil qui avait fait une entorse à la tradition en décrétant dans la loi plébiscitée par les Genevois que le benjamin et non le doyen serait le premier président de la noble assemblée. Une fois installé, les Constituants se sont donné une présidence quadricéphale, renouvelable chaque année, de sorte que plus personne aujourd'hui ne sait  qui pilote le bateau.

Sans audace, en revanche, le Grand Conseil a maintenu le caractère non public des séances de commissions de la Constituante. De sorte que les cinq commissions thématiques travaillent depuis Pâques dans le silence le plus profond. Demain, la Constituante votera son concept de communication et les cinq présidents rendront compte de l'état d'avancement des travaux. Il est peu probable qu'on apprenne quoi que ce soit sur les sujets qui fâchent.

Les sujets qui fâchent sont pourtant nombreux.


Cette  liste des sujets qui fâchent et promet des débats aussi intéressants que musclés est longue et certainement pas close. Mais, depuis six mois, que la Constituante est constituée, la salle des Pas-perdus du Grand Conseil ne bruit que des mots structures, commissions, budgets, locaux, équipement. Rien de substantiel, à l'exception notable du développement durable, qui, dès la première séance plénière, a été intronisé grand principe général, à l'égal du Dieu tout puissant que la Constitution fédérale invoque dans son préambule.

C’est bien la preuve, diront les mauvaises langues dont le canton est regorgent, que la Constituante n’a pas lieu d’être. D’ailleurs, on ne rédige pas une Constitution à froid. Il faut une révolution pour pouvoir changer la manière de gouverner le bien commun.

Révolution? Mais celle-ci est en marche! Vous ne la voyez pas!? Serait-ce que l’Internet et les biotechs sont déjà coulés dans le sens commun? Ces deux technologies bouleversent le monde. L’internet change notre rapport à l’Etat et notre statut de citoyen. Les biotechs repoussent les limites de la vie et annoncent les premiers robots citoyens qui nous surveilleront pour notre bien, jour et nuit.

Les jeunes jouent sans considération de frontières, ni d’origine. Croyez-vous qu’ils accepteront encore longtemps nos frontières héritées du XIXe siècle? Le passeport biométrique a failli succomber au verdict populaire. Parions que les natifs de l’Internet le détestent moins que les anciens, migrants de gré ou de force dans le monde digital.

Oui, la révolution est en marche. Quelle réponse lui donneront les constituant de Genève, la ville où le web est né? Feront-ils œuvre de pionniers?

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