Le James Fazy d'aujourd'hui s'appelle... (12/12/2008)
La nouvelle était attendue certes. Des articles de journaux l'ont largement expliquée ces derniers jours. N'empêche que, pour les Genevois, la date est historique. Le jour même où ils commémorent l'Escalade, des murailles invisibles tombent tout autour de la Suisse. La libre circulation des personnes est une complète réalité en Europe, enfin pour être précis dans cet espace Schengen du nom de la ville où ces accords ont vu le jour.
Quel est l'homme politique qui peut en tirer profit? Qui est le James Fazy du XXIe siècle, tel le leader radical dès 1849, flanqué d'un Guillaume Henr Dufour libre de toute CMNS, détruisait les remparts de la ville de Genève et donnait à la cité assiégée une gigantesque respiration urbaine?
Point de poussière, point de gravas aujourd'hui, qui au XIXe siècle ont comblé les fossés et offert à Genève l'immense avantage de construire autour de la cité une ville moderne, dense, ouvrière, animée de jour comme de nuit. A cent lieux des cités dortoirs qu'un siècle plus tard des architectes en chambre et des promoteurs ont conçu en pleine campagne et que, 40 ans plus tard, les édiles ont toujours tant de peine à faire fonctionner comme de vraies villes.
08:59 | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Des cités dortoirs comme Ferney, M. Mabut ? Vous savez bien aussi que Fazy a été l'instrument d'une poussée populaire : depuis 1815, les communes réunies se sentaient mal représentées : c'est peu de le dire, je crois. Les patriciens, face aux émeutes, ont dû céder du terrain, comme la bourgeoisie française, en 1848. Or, ensuite, cela a voulu dire que les investissements ont été mieux répartis, entre la ville et les communes réunies. Il en a coûté à l'aristocratie traditionnelle. Maintenant, on dit toujours que sur le plan culturel, la spécificité des communes réunies n'est pas tellement prise en compte. Tenez, par exemple, je parle sur mon blog du duc Emmanuel-Philibert : eh bien, les communes réunies l'avaient pour Prince. Je parle bien de l'histoire du canton de Genève. Mais qui en aura conscience ? Cela dit, je ne sais pas si la libre circulation complète fera moins dire que Genève n'a pas à se soucier des modalités de construction des chemins de fer placés en territoire français, même si elle peut légitimement désirer leur création. Quel homme pourra être élu, qui ira dans ce sens ? Avec quels électeurs ? Car tout de même, au temps de Fazy, Carouge votait. Mais Ferney, aujourd'hui, non, même si Voltaire passe pour s'être réfugié à Genève.
Écrit par : R.Mogenet | 12/12/2008
La question est plus que pertinente mais elle ne tient pas compte d'un élément déterminant pour que la réponse le soit.
Au XIXe tout était à faire, il fallait sortir Genève de murs physiques dans lesquels l'enfermait un Ancien Régime à peine mort mais dont le cadavre était encore chaud.
Les Genevois avaient faim de modernité, faim de démocratie et surtout faim d'ouverture.
Aujourd'hui, les Genevois ont tout et même plus.
Ils sont devenus des enfants gâtés par l'insolente réussite de tout ce que leurs illustres prédécesseurs ont contruit pour eux et de ce fait se reposent sur ces lauriers là et non ceux qu'ils ont glânés ci ou là par une quelconque volonté de rayonnement extérieur.
C'est de cet attentisme, de cette négation de la nécessité d'avancer, de savoir prendre des risques que ceux qui dirigent la République aujourd'hui se ferment, se reposent. Genève, bientôt risque de s'endormir telle la Belle au Bois Dormant.
J'ai plusieurs fois évoqué le risque que cette Genève insolente court à moyen terme, celui du syndrome de Valparaiso qui, elle aussi à fait sa richesse sur la passage obligé qu'elle était avant le franchissement du redoutable Cap Horn.
De ville riche elle est devenue bidon-ville car tout simplement un jour on a pu sa passer d'elle. La Canal de Panama était né.
L'errance totale dans laquelle nous ont enfermé celles et ceux qui verrouillent toutes les possibilités de contruire et de faire, comme à l'image des Fazy, Dufour et consorts, sauter les remparts modernes, fait de champs et de bouts de diots perdus en milieu bâti, sont ceux-là qu'il convient de dénoncer.
Le logement est un bien de première nécessité et devra figuer comme tel dans la future Constitution genevoise sous une formulation simple du style:
"Le logement est un bien de première nécessité, l'exercice de son droit est opposable à tous et il est du devoir de l'Etat d'en assurer l'exercice que rien ni aucune loi ne saurait entraver".
Cette formulation élève au rang de devoir de l'Etat l'obligation de libérer les surfaces nécessaires à la réalisation de logements en suffisance pour répondre à ce besoin.
Tout le monde a oublié que la situation dans laquelle nous sommes est le fruit d'un combat de ceux qui s'opposent à l'extension des surfaces bâties et qui, dans le même temps, pour financer leur politique dépensière appellent sans cesse de nouveaux emplois.
Cette politique est un cul de sac et les Genevois en sont les premiers à payer la note.
Le Groupe "Changer Genève" mettra au centre de ses préoccupations la résolution de cette épineuse question, aux côtés de celle des libertés individuelles et de la démocratie participative que piétinent volontiers ceux qui, hier, s'opposaient au démentèlement des remparts.
Patrick Dimier
Constituant
Écrit par : Patrick Dimier | 12/12/2008
"Tout le monde a oublié que la situation dans laquelle nous sommes est le fruit d'un combat de ceux qui s'opposent à l'extension des surfaces bâties et qui, dans le même temps, pour financer leur politique dépensière appellent sans cesse de nouveaux emplois." C'est à mon avis exact. La différence avec l'époque de Fazy est justement que la population laborieuse ne peut plus s'installer dans le canton, non ? Le problème du temps de Fazy était justement que l'Etat de Genève, au-delà de la cité de Calvin même, devait dorénavant administrer des populations laborieuses et catholiques.
Écrit par : R.Mogenet | 12/12/2008