A quoi sert le maire de Genève? (23/11/2008)

tornare duplicité.jpgA quoi sert le maire de Genève? A rien. Il n'a aucun pouvoir sur ses collègues. L'affaire de la réforme du statut du personnel de la Ville le prouve à l'envi. Manuel Tornare a cru devoir/pouvoir intervenir pour calmer la tempête que la publication intempestive (?) des "propositions abouties" du Conseil administratif le 13 novembre avait soulevée. Mal lui en a pris, le maire de Genève n'est pas le syndic de Lausanne. Il n'est que le président du Conseil administratif, juste bon à passer la parole dans les séances de l'exécutif et à serrer les mains des hôtes de la Ville internationale.

Mis au pilori vendredi par ses collègues pour avoir outrepassé les prérogatives de sa modeste charge, le maire rentre dans le rang. Meurtri, un peu aigri. Ne devrait-il pas démissionner? Tels ne sont pas les us et coutumes sous nos cieux helvétiques.  L'avenir du maire de Genève sera assurément un des plats de résistance de la Constituante.

Pour revenir à la Ville, que se passera-t-il à la fin de la semaine marathon qui s'ouvre, si les négocations sur la réforme du statut de la fonction publique de la Ville échouent et qu'aucun accord n'est trouvé entre le trio Maudet Salerno Pagani, délégués à la réforme du statut, et les syndicats? Après avoir été bafoué en place publique, Manuel Tornare sera-t-il appelé à la rescousse?

"Chacun assumera ses responsabilités" a déclaré Rémi Pagani à la Tribune. Le gouvernement de gauche passera-t-il en force au Conseil municipal? A ce stade de l'imbroglio, rien ne semble impossible. Les syndicats descendront-ils dans la rue? A qui profite-t-on donc ce bras de fer annoncé?

Pour le moins, le Conseil administratif doit des comptes aux Genevois et aux employés de la Ville. Les tableaux relatifs à la grille salariale qu'il a publiés jeudi 13 novembre nécessitent de plus amples explications. Ainsi les magistrats ne semblent pas contester les baisses de salaires qu'entraîne la nouvelle grille salariale sur l'ensemble de la carrière d'un fonctionnaire, mais, font-ils remarquer samedi dans la Tribune "les observateurs ont omis de prendre en compte les importants rattrapages auprès de la caisse de pension".

Une clarification s'impose aussi quant à l'utilisation par le Conseil administratif du terme "opération blanche" qui signifie que le nouveau statut ne devrait donc pas coûter plus cher au budget de la Ville que l'actuel. A l'évidence, la nouvelle grille salariale n'est pas une opération blanche pour tout le monde. Et sur ce plan, une des clés du problème semble résider dans la manière dont les annuitées exceptionnelles ont été accordées jusqu'à présent, au point d'être devenues non plus exceptionnelles, mais tous simplement des droits acquis que les syndicats comptabilisent dans leur calcul de la rémunération. Une mise à plat s'impose à l'évidence.

Quant à la transparence des documents et au rythme des négociations, ils ne manquent pas d'étonner. Peut-être le Conseil administratif s'inspirent-ils des méthodes en vigueur ailleurs. S'imposer une date butoir s'est souvent révélé positif. Ce genre de contraintes oblige tous les acteurs à jouer cartes sur table et à rechercher effectivement un accord. 

 

22:55 | Lien permanent | Commentaires (2)