HEPIA et Lamunière (14/11/2008)

lamunière station BP.pngJ'avais suggéré VertIge, ce sera HEPIA. Dans HEPIA, c'est le p qui pose problème. Enfin pour certains qui redoutent cette montée en puissance du paysage dans les métiers de l'ingénieur. Car l'HEPIA est le nouveau nom de l'Ecole d'ingénieurs de Genève depuis hier, date de son mariage officiel et forcé avec l'Ecole d'Ingénieurs de Luillier. A Genève, pour une partie des architectes, des constructeurs et des tenant du progrès social et de la modernité, l'HEPIA intrduit le Vert dans le fruit. Les paysagistes vont-ils dicter leur loi et renaturer n'importe quel bout de rivière? L'enjeu est de taille pour le futur quartier Praille Acacias Vernet où s'écoulent pas moins de trois cours d'eau: la Drize, l'Aire et l'Arve, seule le troisième étant visible.

Trois heures avant que Charles Beer n'intronise le nouveau directeur d'HEPIA, un chef d'entreprise biennois, l'EIG vernissait en ses locaux de la rue de la Prairie - je parie que le toit du futur siège de la Haute école du paysage sera couvert de gazon avant dix ans - l'exposition Jean-Marc Lamunière, Architecte, soustitrée "Théories (au pluriel) et pratique (au singulier) depuis 1950 à nos jours", un diverticule genevois de l'exposition principale qui se tient à l'EPFL.

Le maître - communiste bon teint, issue d'une famille bourgeoise, né à Rome, formé à Florence - était là, comptant ses paroles comme des pierres précieuses, entouré de quelques-uns de ses groupies au verbe tout aussi précieux. Sans contestataire donc à l'exception de la madonne du patrimoine Sylvie Nemec-Piguet, que le maître eut tôt fait de renvoyer dans les cordes. Morceaux choisis.

 "Je suis très italien, très romain. A Rome, il y a trois, quatre, cinq architectesqui sont intervenus en des temps différents sur les bâtiments qui font notre admiration. Je suis pour l'oeuvre sur l'oeuvre. la modernité c'est le progrès social, culturel. C'est pour beaucoup de gens vivre mieux. peu me chaut un patrimoine auquel on ne peut accéder. Sauver une école oui car elle est identitaire de vécues mais un immeuble perdu, il faut oser le transformer, le réinsvestir pour lui redonner vie."

Et le paysage? Jean-Marc Lamunières'en inspire. Il a laissé des dessins et des esquisses qui constituent son oeuvre autant que les constructions qu'il a érigées. Il l'appelle territoire. C'est une forme, un donné, évocateur d'une culture, d'un climat. Il faut respecter la vocation des lieux, les vues. Savoir où le brouillard fait place au ciel clair. Considérer le vallon et le coteau, le bord du lac et la hauteur. A une jeune architecte du paysage de Lullier, il conteste d'idée que le paysage devrait imposer son histoireà l'urbaniste, à l'architecte.

Comment se faire comprendre? Lamunière cite Le Corbusier qui déplorait la bêtise des maîtres d'ouvrage (des politiciens?): "Bêtise est un peu fort" dit JML, qui n'a aucun regret quand il regarde les 55 ans de sa carrière, "mais il y a un peu de ça". Le maître a été meurtri par "la pauvreté des d'arguments, le langage primitif, primaire" des décideurs. A Genève, on se fait vite traiter d'"intellectuel" de "théoricien". Ces mots sont devenus des insultes. 

Aux étudiants de cette Ecole d'ingénieurs de Genève qui dit aimer davatange que l'Université, qui "cultive les écrans de fumées", car "elle sait faire, elle est ancrée dans la réalisation", il dit: "Ne renoncez pas, continuez à avoir un langage élaboré, voire sophistiqué, qui procède d'une culture généreuse. Si l'autre ne veut pas vous entendre, tant pis pour lui"

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