Vernier en pleine crise d’adolescence tardive? (29/08/2008)

Vernier SITG.pngAvec ses 32'000 habitants, Vernier est la plus grande commune du canton après la Ville de Genève. La 17e ville de Suisse. Le village préservé a donné son nom à cette portion du territoire genevois sise entre le Rhône et l’aéroport. Vernier est l’une des plus vastes communes du canton - 8e  - c’est aussi celle qui abrite la population la plus pauvre, derrière la Ville de Genève, selon l’indicateur du revenu médian par habitant (chiffre 2004 de l’Office cantonal de la statistique). Mais au fait… Vernier est-elle bien une commune?[cliquez sur l'image tirée du SITG pour l'agrandir]

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Depuis des lustres, un tiers de ses habitants habitent le « douze dix-neuf », pardon Aïre Le Lignon. Lové dans un coude du Rhône, le quartier fait figure de ville à la campagne. Le serpent de verre et de béton a fini par se forger une certaine identité et ses habitants, dit-on, s’y trouvent bien. La cité satellite des années cinquante est même devenue un modèle d’urbanisme. Pourquoi pas une commune d’Aire le Lignon?

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Un autre tiers vit au « douze vingt », aux Avanchets, à deux pas de Balexert, un des plus grands centre commercial de Suisse. Retranchée derrière la route de Meyrin qui deviendra tantôt, tram oblige, un boulevard ou une avenue, et l'avenue Louis-Casaï, la cité colorée vit en autarcie et ignore sa commune mère, même si un bus transhume vaillamment entre ces bourgs sans bourgeois, entrelardés de routes à grand trafic et de zones grosses d’activités commerciales, pétrolières et industrielles. 

 

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Le reste de la population vit dans des banlieues informes – entre le 1214 et le 1216 – à Châtelaine, aux Libellules. Immeubles égarés, ceinturant à l’est les jardins familiaux du Coin de terre, ou au nord de la route de Peney abrutis par le vrombissement des avions. Guirlande de villas le long de la route de Meyrin, vouées un jour ou l’autre à faire place à une ville plus dense, grappes de maisons proprettes au sud du vieux village, qui lui-même se calfeutre derrière ses pots de fleurs. Et, ça et là, de part et d’autre de l’entaille autoroutière internationale, des immeubles sans nom, des ensembles sans identité, les Tattes, que rien ne lie ni ne relie.

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L’arrivée du géant du meuble suédois Ikea a été la goutte d’eau qui a fait débordé cet espace baroque, plus mal que trop rempli, où  l’on peine à trouver la trace d’un plan d’urbanisme cohérent.
Les frustrations de la vie aidant, la relative pauvreté, la mixité des populations, le bruit, le béton, les bagnoles, le sentiment d’abandon par un canton trop content de trouver dans cette commune assez de place pour y loger ses rebuts, le cocktail social n’attendait qu’une étincelle pour donner libre court à la surenchère verbale, au blocage identitaire le maire vert lutte contre Ikea, les radicaux du cru contre la centrale à gaz des SIG. Un mal-être latent qui déborde jusque dans quelques blogs hébergés par la Tribune. Le ton est vindicatif, les commentaires acerbes, les attaques personnelles. Beaucoup d’anonymes, mais aussi des citoyens qui tentent vaillamment de faire entendre la voix d’une certaine raison.
La proximité de l’élection partielle du Conseil administratif le 28 septembre prochain, suite à l’invalidation rocambolesque de l’élection du policier Thierry Cerutti, candidat du MCGe, en mai 2007, échauffe les esprits et déroute les partis – les Verts soutiennent le candidat libéral contre le socialiste, tous contre ThierryCerutti.
Cerise sur le gâteau, l’émergence récente d’un comité Alerte ajoute un peu de surréalisme à la vie politique locale. Animé par un couple de jeunes activistes donquichottesques et un brin surexcités, mais à première vue adorables, le comité Alerte entend sans délai sauver les handicapés et les vieux des maltraitances avérées ou supposées dont ils seraient victimes dans les homes genevois.
Quel avenir pour Vernier? Il n’est pas sûr que le 28 septembre, la solution sorte des urnes. Être banlieue de Genève sans avoir un lieu d'expression démocratique de son mal-être, telle la raison des ruades des maires de nos communes.

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