Doha, c'est fini, hélas! (30/07/2008)
Les paysans suisses crient victoire et s'économiseront un référendum. Le cycle de négociations multilatéral de Doha, dont la naissance s'opérait aux forceps à Genève est mort né,. La résistance paysanne matinée de guillaumetelisme est de bonne guerre. Comment leur reprocher leur refus de devenir pour la plupart des jardiniers du paysage, des sous-fonctionnaires ou assimilés, dont les modes de production sont et seront de plus en plus réglés par des fonctionnaires qui eux sont grassement payés et ne prennent aucun risques économiques?
Il serait d'ailleurs intéressant de calculer le taux d'encadrement public ou parapublic de la paysannerie. A Genève, je parie qu'on ne doit pas être très loin d'un fonctionnaire par patron paysan à plein temps.
N'empêche, l'échec de Doha est une mauvaise nouvelle pour le monde.
- Pour les pays du sud qui n'ont bien souvent que des denrées agricoles à exporter pour faire face à la facture vertigineuse du pétrole.
- Pour la forêt dont l'élimination va se poursuivre. Moins celle de l'agro-business du soya, mais celle plus sournoise, moins visible, mais tout aussi dévastatrice des populations qui n'ont que ce moyen pour cuire leurs aliments. Installer des cuisines solaires serait certainement utile, mais les habitudes culinaires sont vectrices de tradition. Et la cuisine est l'apanage des femmes et les femmes sont souvent très conservatrices. Vaste défi plus difficile à relever vraisemblablement que la révolution verte.
- Pour le coût de la vie qui profite de la libéralisation du commerce, laquelle est un des meilleurs moyens de lutter contre les rentes de situation que créent immanquablement les aides publiques.
Quant aux marchés agricoles, leur libéralisation s'imposera tôt ou tard. C'est la loi du plus fort qui s'imposera. A moins que Doha tel le phoenix ne ressucite et s'organise autour de deux conditions:
- Il est impératif de disposer de stocks pour réguler les marchés des dentées de base (blé, riz, maïs). Les Etats (l'OMC) devraient l'imposer aux entreprises de trading et de transports internationales, comme la Suisse impose aux pétroliers de constituer des stocks stratégiques pour les produits pétroliers et les banques nationales imposent des fonds propres minimaux aux banques.
- Il faut aussi défendre les AOC et imposer clairement sur les paquets des informations écrites en grand comme sur les paquets de cigarettes, lorsque les produits ne répondent pas aux normes minimales que s'impose une région souveraine, l'Union européenne par exemple.
08:27 | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Que de temps perdu, pour enfin arriver...à rien...
Pendant ce temps-là...les salaires coulent à flots...pour ces "diplomates" rétribués par les impôts...
Écrit par : Victor DUMITRESCU | 30/07/2008
Vous voilà bien amer. Je pense plutôt qu'il faut féliciter les diplomates et Pascal Lamy d'avoir tout tenté pour sortir de l'impasse. L'échec vient évidemment de l'impossibilité dans laquelle se sont retrouvés les responsables politiques de vendre à leur population des concessions (dont les paysans du nord auraient dû payer le prix) tout en faisant apparaître les avantages globaux d'un accord. La crise alimentaire actuelle a évidemment exacerbé les tensions et offert aux paysans des alliés, les consommateurs, soudain apeurés de la perspective de payer plus cher leur pain quotidien. Bonne journée.
Écrit par : JF Mabut | 30/07/2008
Amer, amer est-ce que j'ai une gueule d'amer ? (Arlette, 1930? )
Non, point amer, mon cher, mais réaliste...
Combien de "diplomates" ont travaillé sur le sujet et quel est le salaire de chacun d'entre eux ?
Faites le compte, vous me donnerez raison...si, si, vous en êtes capable...je le sais...
"On juge un homme à ses actions, voir résultats", jamais pour ses "tentatives"...et là, nous sommes devant un échec...cuisant ?
Bien à vous,
Écrit par : Victor DUMITRESCU | 30/07/2008
Excellente analyse, cher Jean-François et vos idées en matière de régulation sont tout à fait pertinentes et intéressantes.
V.D. devrait savoir qu'il y a moins de personnel dans tout le staff opérationnel de l'OMC que dans la plupart des cabinets d'avocats new yorkais qui défendent les lobbyistes et qu'ils ont à affronter. Des avocats encore mieux payés que des diplomates au demeurant. Et pour bien connaître plusieurs des gens qui sont au charbon à l'OMC, notamment l'équipe de Lamy, je peux vous dire qu'ils bossent
comme des malades 20 heures par jour, WE compris, depuis des années.
Ils ont du faire face à l'uNion sacrée d'intétêts contradictoires: lobbyistes et leurs cohortes d'avocats, armées d'altermondialistes et de paysans subventionnés, opinion publique apeurée, le tout sans pouvoir se défendre car toute leur communication doit répondre aux desiderata contradictoires de leurs gouvernements respectifs. la quadrature du cercle. Qu'il faudra briser, pour s'en sortir.
Écrit par : Philippe Souaille | 30/07/2008
""" # Pour la forêt dont l'élimination va se poursuivre. Moins celle de l'agro-business du soya, mais celle plus sournoise, moins visible, mais tout aussi dévastatrice des populations qui n'ont que ce moyen pour cuire leurs aliments. Installer des cuisines solaires serait certainement utile, mais les habitudes culinaires sont vectrices de tradition. Et la cuisine est l'apanage des femmes et les femmes sont souvent très conservatrices. Vaste défi plus difficile à relever vraisemblablement que la révolution verte. """
Ahahah. Incroyable ce condensé de clichés et de contre-vérités.
En gros, la déforestation n'a rien à voir avec les monocultures de soja qui servent à nourrir nos poulets de batterie, elle n'a rien à voir non plus avec l'exploitation du bétail, rien à voir avec la production d'huile de palme (qu'on trouve partout dans nos produits), rien à voir non plus avec les agrocarburants, NON, Jean-François Mabut vous le dit : la déforestation est due aux habitudes des femmes du Tiers-Monde, qui sont "souvent très conservatrices"!
Je ne pensais pas qu'il était possible d'aligner autant d'énormités en quelques mots.
Demain, deuxième volet de "la mondialisation par JF Mabut" où il vous expliquera que si 815 millions de personnes souffrent de la faim, c'est de leur faute car ils sont fainéants... et très conservateurs!
Écrit par : Sandro Minimo | 30/07/2008
Voici Philippe Souaille en donneur de leçon, mais avec quels arguments ?
"V.D. devrait savoir qu'il y a moins de personnel dans tout le staff opérationnel de l'OMC que dans la plupart des cabinets d'avocats new yorkais qui défendent les lobbyistes et qu'ils ont à affronter.
Des avocats encore mieux payés que des diplomates au demeurant.
Et pour bien connaître plusieurs des gens qui sont au charbon à l'OMC, notamment l'équipe de Lamy, je peux vous dire qu'ils bossent
comme des malades 20 heures par jour, WE compris, depuis des années."
Comparer des gens qui travaillent, les uns avec des salaires des impôts (fonctionnaires), les autres avec des honoraires (indépendants).
Cette comparaison, mon cher, ne vous fait point honneur.
Dans mon estime, vous avez pris l'ascenseur...pour entamer la descente...
Mais, je vous souhaite de continuer de la sorte...
Écrit par : Victor DUMITRESCU | 31/07/2008