Peut-on être contre l'énergie nucléaire? (11/06/2008)

41111064.jpgQuand on regarde la carte que publie ce matin la Tribune, on se dit qu'il est grand temps que le débat sur l'énergie nucléaire soit relancé. L'âge moyen des centrales en Europe dépasse allègrement vingt ans et même trente ans en Suisse. Or il faut bien une quinzaine d'années pour passer du projet à la mise à feu d'un réacteur. La demande d'Atel qui va en 2009 constituer avec Energie Ouest Suisse (détenue en partie par les SIG) créer le second pôle suisse de l'énergie électrique suisse tombe donc à pique.

Imagine-t-on un seul instant comme en rêvent encore les Verts fermer les centrales? Comme le commande même l'article 160 E de notre Constitution genevoise? La Suisse et Genève en particulier, dont les SIG nous mentent quand ils affirment ne vendre que des électrons "propres", tousseraient méchamment si la France venait à couper le jus de ses centrales nucléaires.

Je reviens de la vallée de la Loire, dont le cours rendu furieux ces jours par des pluies incessantes baigne toujours ses châteaux musées. Le plus grand fleuve de France a depuis bientôt un demi-siècle accroché plusieurs perles atomiques à son collier Renaissance. A Chinon, à Chambord, à Sully, les hautes tours des centrales percent au-dessus des chênes séculaires, désormais voués non plus à Neptune mais à Bacchus, et arborent en leur sommet un panache blanc que François 1er n'aurait certes pas dédaigné.

Une génération d'énergie nucléraire. Certes pas sans incidents - quelle oeuvre humaine en est-elle dépourvu? - pas sans question, ni responsabilités encore non résolues, telles l'épineuse gestion des déchets radioactifs. Une énergie néanmoins bien moins meurtrière que toutes les autres. Et qui, n'en déplaise aux Cassandres vertes, rouges ou noires, n'a pas non plus transformé nos sociétés démocratiques et libérales en sociétés policières. Bien moins ou pas plus, selon le point de vue, que la menace terroriste actuelle ou la confrontation est-ouest naguère. 

Le débat fait dàjà rage aux deux bouts de l'échiquier politique. Solidarités et Ecologie libérale disputent déjà aux Verts patentés cet os. A Genève surtout, qui, depuis 1986, connaît dans sa Constitution un article antinucléaire le bien-nommé 160 E, dont l'alinéa 5 prescrit:

5 Les autorités cantonales s’opposent par tous les moyens juridiques et politiques à leur disposition à l’installation de centrales nucléaires, de dépôts de déchets hautement et moyennement radioactifs et d’usines de retraitement sur le territoire du canton et au voisinage de celui-ci. Pour les installations ne répondant pas à ces conditions de localisation, le préavis du canton est donné par le Grand Conseil sous forme de loi.  

Encore que, en matière nucléaire, le droit fédéral prime désormais, lequel prévoit un référendum facultatif. En attendant le vote des Suisses, Genève pourra donc toujours tromper son monde en affichant que ses trams roulent à l'électron libre. mais nous ne pourrons pas longtemps encore éluder le nécessaire développement de cette énergie, pas plus ni moins sale que les autres. Toutes sont nécessaires comme les mesures d'économies. Le temps en tout cas que de nouvelles découvertes, à défaut d'une révolution drastique de nos modes de consommation, rendent sans intérêt la fission nucléaire.

PS: A propos de révolution vertueuse, la France en mai 2008 annonce quelque 370 tués sur ses routes, 10% de pous que l'an dernier. La hausse du gazole n'a pas encore atteint son but.

  

 

 

 

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