La CGI aime la poésie en pleine ville (27/05/2008)

2086695707.JPGPourquoi les Genevois n’auraient-ils pas la liberté de peindre leurs volets à leur guise ? L’idée m’est venue ce matin en passant par la rue Lissignol, où plusieurs immeubles attendent une rénovation lourde. Laquelle, sans doute, fera exploser les loyers et/ou les aides au logement. L’ensemble du pâté de maison appartient en effet à la Ville de Genève. Parmi les façades gris souris, il y en a une qui sourit. Colorée comme un bouquet de fleurs. Des pots en terre cuite accrochés aux volets ajoutent une note rupestre à la maison.

Un peu de poésie en pleine ville? Une provocation à deux pas du siège central de l’association des propriétaires, 12 rue Chantepoulet.? Détrompez-vous, cette façade multicolore ne choque pas Christophe Aumeunier, qui a cependant des choses à redire sur la gestion du parc immobilier de la Ville. C’est que la Chambre genevoise immobilière vient justement de publier un manifeste, que dis-je une ode, à la ville dense, à la ville organique, à la ville en ville. 

Un manifeste pour une ville façonnée en partenariat avec ses habitants ? Un peu. Pour une ville verte, de ses fondations à ses toitures transformées en green ? Pourquoi pas. Pour une ville sociale, ouvrant ses vitrines au ras du bitume aux activités économiques et associatives? Aussi. Le tout avec mesure et sans chamailleries administratives évidement.

La brochure de la CGI («Densité et qualité : les deux défis d’un urbanisme responsable», lire aussi ici.) tend une perche aux habitants et à leurs représentants et plus largement à la population genevoise. Les premiers destinataires de la brochure sont les conseillers municipaux qui ne jurent que par le densité (mètres carrés de plancher construit par mètres carrés de terrain). Or, derrière les taux se cachent des urbanisations très diverses. La densité n’est pas un critère de qualité.

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En face des volets multicolores de Lissignol, un contre exemple, l’austère Ecole professionnelle et ménagère de jeunes filles fait la gueule, typique de cette architecture haussmannienne, fonctionnelle et monumentale, presque carcérale du XIXe siècle. A deux pas, Manor, vaste tanker commercial aux façades aveugles. Plus loin, sur Chantepoulet, l’immeuble Saugey du cinéma Plaza, un immeuble classé. Verre vert sans verdure.

522630895.pngProvocante la brochure de la CGI? Oui, car elle tranche avec l’idée qu’on se fait de cette honorable association. Elle est le fruit d’une longue réflexion. Qui a démarré en 1998, a donné lieu à une première brochure en 2005. Il s’agit, nous confie Christophe Aumeunier, de convaincre les conseillers municipaux que faire la ville ne se résume pas à une bataille de densité. Pour le député libéral qui signe le rapport sur le déclassement des communaux d’Ambilly, il faut renoncer aux densités moyennes 0,4 à 0,8 et opter courageusement pour des densités de 0,2 (villas) et des densités supérieures à 1, à la condition de créer des quartiers conviviaux.

Plus facile à dire qu’à faire. Genève est champion des cités satellites et des nouveaux quartiers excentrés qui mettent des années à se forger une âme. Cressy à Confignon-Onex, La Tambourine à Carouge, Les Pommiers à Meyrin, Le Vélodrome à Plan-les-Ouates ou Les Verchères à Thonex, etc. n’ont rien de commun avec le vieux Carouge, les Grottes, ou le quartier Vauban à Fribourg en Brisgau, cités en exemple par la CGI.

A noter que même la SPG semble se convertir à la vie en ville. Elle offre aux lecteurs de la dernière livraison été 2008 de sa luxueuse publication "L'information immobilière" la photo d'un immeuble du quartier de Friedrichshain qui fait chanter la ville. Pourquoi faut-il aller chercher en Allemagne des modèles d'urbanisme vieux de quelques décennies?

 

 

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