Non à des régies eunuques (20/05/2008)

280854927.jpg La mode est au management pas à la politique. Pour que les trams roulent droit, l'eau ne se mélange pas au gaz et l'hôpital ne surfacture pas, il nous faut des compétents économiques par d'anciens maires, élus et évincés choisis au mérite politique. Tel est le credo en vogue à droite à Genève. En fait les trois lois qu'on nous soumet le 1er juin basculent d'un mal en pis et ratent la véritable réforme qu'attendent les Genevois: la représentation des usagers.

Profitant de la pétaudière du salaire du président des SIG, le ci-devant socialiste Mouchet, ex-maire de Carouge (salaire cumulé des jetons de présence reçus pour sa participation ex officio à d'autres conseils d'administration) et de celui de la patronne des TPG, la ci-devant Française Fontugne (femme et française c'était vraisemblablement un problème de trop, elle a été  blanchie depuis lors de toutes accusations), profitant donc de la crise des salaires, la droite genevoise va vraisemblablement réaliser, le 1er juin, un rêve qu'elle caresse depuis bien longtemps: supprimer la patitocratie régnante, c'est-à-dire la représentation obligatoire de chaque parti ayant des élus au Grand Conseil ou au Conseil municipal de la Ville de Genève.

Le problème des régies n'est pas tant le surdimensionnement des conseils d'administration.
Cet organe n'a de toute façon pas grand chose à voir avec les conseils d'administration des entreprises privées. Leurs compétences est limitées à la surveillance des directions. Les choix stratégiques sont en effet décidés dans le cadre politique des lois cantonales et fédérales, voire des accords européens (s'agissant de l'ouverture du marché de l'électricité) et des contrats de prestations. Et sa responsabilité de surveillance est limitée elle-aussi puisque les budgets et les comptes continuent d'être votés par le Grand Conseil.

On peut donc modifier les conseils d'administration comme on veut, ça ne changera pas grand chose. Toute autre aurait été une réforme qui octroie le droit à la parole aux usagers. Car ceux-ci sont fort démunis dans le système présent, passé et futur.  Une bonne gouvernance exigerait qu'on entende au moins une fois l'an les petits et les gros consommateurs dirent leur mot à ces services publics. Tout comme les actionnaires, petites et gros, des entreprises privées ont ce droit légal. Ils pourraient même désigner quelques administrateurs. 

 Les usagers sont sans voix ou presque. Certes les députés peuvent en partie se substituer aux clients lambda, mais en réalité les députés se comportent comme un super conseil d'administration. Ils discutent et votent les orientations stratégiques des grandes régies et se fichent le plus souvent des petites problèmes de facturation ou de qualité de service.

Entendre officiellement publiquement la voix des clients  devrait d'ailleurs aller de soi. Les régies genevoises ont la dimension démocratique adéquate. Elles ne sont pas (encore) aussi grandes que la Migros et la Coop où les coopérateurs comptent un peu pour beurre. Elles délivrent des services publics bien définis et peu politiques contrairement à la SSR dont les assemblées d'auditeurs et de téléspectateurs tournent un peu à vide.

Leurs assemblées d'usagers permettraient une représentation indépendante des géographies politiques. Des usagers de France voisine ou du district de Nyon pourraient être représentés dans la mesure où l'aire de chalandisation des régies s'étend sur ces territoires, préfigurent ainsi une nouvelle gouvernance régionale.

En désigner les membres est un problème technique. L'élection paraît compliquée. Le tirage au sort à l'exemple des jurés d'Assises, sur l'ensemble des usagers ou sur une liste d'usagers inscrits répondant à quelques critères de compétences ou de quotas devrait s'imposer.

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