Roulerons-nous au pétrole vert le 1er juillet? (10/05/2008)
Du carburant tiré de la biomasse, des déchets de l'industrie du bois, de la paille, du sucre, des huiles végétales, du blé, des pommes de terre ou du maïs ou, plus exotique, du miscanthus ou du jatropha? Le rêve fait briller les yeux des scientifiques et alimentent les conversations de bistrot. Le Groupe Energie/CUEPE de l'Université lui a consacré hier sa Journée 2008 "Biocarburants: joker énergétique?" sous la direction de Bernard Lachal.
Du carburant tiré de la biomasse, des déchets de l'industrie du bois, de la paille, du sucre, des huiles végétales, du blé, des pommes de terre ou du maïs ou plus exotique du miscanthus ou du jatropha? Le rêve fait briller les yeux des scientifiques et alimentent les conversations de bistrots. Le Groupe Energie/CUEPE de l'Université lui a consacré sa Journée 2008 hier sur le thème "Biocarburants: joker énergétique?"
Aujourd'hui seul le Brésil produit de l'éthanol en quantités industrielles sans subventions publiques. 80% des véhicules brésiliens tournent à l'alcool, le pétrole vert le plus produit dans le monde mélangé jusqu'à 80% à l'essence. Les Etats Unis en sont le premier producteur d'éthanol. Ils y consacrent 22% des cultures de maïs. Mais la filière américaine est subventionnée à tous les échelons étatiques et à toutes les étapes de la production. Comnme l'est le biodiesel que l'Europe presse en des volumes encore confidentiels du colza et des autres plantes à huile.
Et la Suisse? Il n'en fut curieusement pas question hier, dans les locaux Battelle, lors de la Journée du CUEPE 2008. Pourtant l'ordonnance sur l'imposition des huiles minérales entre en vigueur ce 1er juillet prochain. Elle consacre la défiscalisation du biodiesel à condition qu'ils
- émettent au moins 40 % de gaz à effet e serre en moins que l’essence (depuis la production jusqu’à l’utilisation),
- ne nuisent pas à l’environnement de façon notablement plus élevée que l’essence (depuis la production jusqu’à l’utilisation)
- ne met en danger ni les forêts tropicales ni la biodiversit.
Des conditions légales qui rendent assez difficile la production de biodiesel ou de bioéthanol en Suisse à partir de cultures spécialisées, dans l'état actuel de la technologie. Néanmoins tous les intervenants du séminaire du CUEPE ont défendu le développement du biocarburant en Suisse avec plus ou moins d'enthousiasme ou de réserves.
Le professeur Edgar Gnansounou du Laboratoire énergie de l'EPFL y voit une source transitoire. Le passage par la biomasse n'est pas la voie la la plus efficace pour exploiter l'énergie solaire. Mais aujourd'hui c'est la seule qui permet d'utiliser cette énergie pour faire rouler nos voitures. L'avenir, ce n'est certainement pas de faire de l'alcool ou du diesel à partir de plantes alimentaires. L'alcool de bois est plus prometteur mais aujourd'hui les enzymes capables de séparer la cellulose de la lignine et de transformer la cellulose en sucre coûtent encore beaucoup trop chers par rapport au prix du carburant.
Simonetta Zarrilli de la CNUCED, qui a reçu le bébé biocarburant il y a trois ans, s'est vite aperçue qu'il s'agissait d'un petit monstre. Le monstre étant surtout le fait des pays du Nord qui, sous prétexte de lutte contre le réchauffement climatique, utilisent des plantes alimentaires pour faire du carburant et qu'ils subventionnent ces agroindustries alors que le sud produit de l'éthanol plus efficacement et sans aides publiques. En fait, le développement des biocarburants a surtout pour origine les lobbies agro-industriels qui y voient une nouvelle opportunité d'exploiter les terres mises en jachère.
Bernard Lachal, professeur au CUEPE: "Les biocarburants joker ou miroir aux alouettes?"
07:39 | Lien permanent | Commentaires (8)
Commentaires
Le prix du baril est passé d'une soixantaine de $ en 2006 à 100 $ début 2008 (je me souviens que la presse s'inquiétait fin 2007 avec des titres genre "Le baril franchira-t-il le seuil psychologique des 100 $ ?").
Maintenant, les spécialistes de la finance prédisent le baril à 200 $ pour bientôt. A ce rythme, on peut logiquement imaginer le baril à 1'000 $ pour après-demain, n'est-ce pas ?
D'où ma question: "Pourra-t-on produire de l'essence pour nos bagnoles avec de la fondue, de la raclette ou du chocolat ?"
Écrit par : Blondesen | 10/05/2008
Bonjour à toutes et à tous,
Bonjour M. Mabut,
pendant que nous en sommes à parler biocarburant, un carburant qui d'ailleurs pose plus de problème que le pétrole lui même... et ne résoud pas le problème de la combustion qui génère de toute manière du CO2... les américains eux préparent le changement : l'hydrogène.
Et nous, sommes en train de nous questionner sur un paliatif qui ne résoud rien, pendant que nos amis d'outre atlantique eux déposent les brevets et mettent en fabrication des solutions à l'hydrogène.
L'avenir est bien là...
Ce serait vraiment le moment que le vieux continent se réveille un brin car nous avons toujours 10 - 15 ans de retard.
Bien à vous,
Stéphane
Écrit par : Stéphane | 10/05/2008
L'hydrogène, les biocarburants, la main de dieu...
Mais oui, la technologie fait des miracles c'est bien connu!!! Demain nos voitures seront propres!
C'est affligeant. Et carrément criminel.
Aujourd'hui, des millions de gens crèvent de faim entre autres parce qu'on s'est lancé dans cette folie des biocarburants. Faut-il continuer encore et encore à utiliser des terres agricoles, à utiliser de l'eau, de l'énergie pour faire pousser des plantes (alimentaires ou non) que l'on va récolter uniquement pour mettre dans les moteurs de véhicules souvent bien trop gros et bien trop lourds pour transporter une personne seule sur 2km?
Nous rentrons dans l'ère de l'énergie chère et précieuse. Et il n'existe pas de solution technologique à ce problème. Il existe une solution sociétale et ça s'appelle les changements de comportements. MOINS de transports, MOINS de gaspillage, plus d'économies, plus de densification des villes, moins de déplacements inutiles, plus de transports collectifs, plus de vélos (électriques ou non), etc.
Écrit par : Sandro Minimo | 10/05/2008
" Sandro Minimo. Alors que les chinois ont abandonnés ce mode de transport pour s'acheter des voitures, qui est une des causes de l'augmentation du prix du pétrole, vous voudriez que ceux habitués à conduire des voitures, depuis leur naissance parfois, abandonnent leurs habitudes ?
D'accord, mais pas pour des vélos.
A ce moment-là, les fitness feront faillite.
Écrit par : Victor DUMITRESCU | 10/05/2008
>>> Sandro Minimo. Alors que les chinois ont abandonnés ce mode de transport pour
>>>s'acheter des voitures, qui est une des causes de l'augmentation du prix du
>>>pétrole, vous voudriez que ceux habitués à conduire des voitures, depuis leur
>>>naissance parfois, abandonnent leurs habitudes ?
Et pourquoi pas?
>>>D'accord, mais pas pour des vélos.
Et pourquoi pas?
>>>>A ce moment-là, les fitness feront faillite.
Et alors?
Écrit par : Sandro Minimo | 11/05/2008
Il faut arrêter de dire n'importe quoi sur la filière hydrogène.
1) l'EPFL, qui n'est pas américaine, est à la pointe dans ce domaine (notamment en ce qui concerne l'optimisation des échanges dans une pile à combustible et en ce qui concerne le reformage: comment tirer de l'hydrogène de méthane)
2) la filière hydrogène n'a pas d'avenir tant qu'on n'a pas trouvé une source d'hydrogène libre. Vous savez quoi? il n'y en a pas sur Terre!!!! Il faut donc dépenser de l'énergie pour fabriquer de l'hydrogène à partir d'eau! Ou alors prendre du gaz naturel (méthane CH4) et le reformer en C d'un côté et 2 H2 de l'autre. Avec ça ON NE RESOUT RIEN.
Écrit par : Vincent Rossi | 13/05/2008
Bonjour à toutes et à tous,
Bonjour M. Rossi,
intéressant, juste une question, vous dites que l'EPFL est à la pointe dans le domaine de l'hydrogène... ??? Ah oui ? Combien de brevets sont - ils déposés ?
Ensuite, la fabrication d'hydrogène n'est problématique seulement parcque nous sommes incapables d'investir... en effet, nous perdons notre temps à théoriser, pendant que nos amis d'outre atlantique, financent les brevets, développent l'industrie capable de générer de l'hydrogène en masse.
La fierté d'avoir raison, les USA s'en tartine des biscottes, ils avancent... et nous on regarde, impassibles...
En attendant, les voitures fabriquées par les "major" roulant à l'hydrogène arrivent... et nous, bon européens, pro EPFL à mort, on se dit qu'on est à la pointe... vous me faites sourire.
Mais bon... c'est le propre des Européens d'être nombrilistes.
Bien à vous,
Stéphane
Écrit par : Stéphane | 13/05/2008
Prix du pétrole et hydrogène
Deux articles à mettre dans le débat :
- http://futura24.site.voila.fr/petrole/prix.htm : prix du pétrole en dollars et en euros, chacun de nous peut faire la conversion en francs suisses,
- http://travail-chomage.site.voila.fr/energie/fin_uranium.htm : voir la partie sur l'hydrogène (le reste aussi à l'évidence) pour relativiser tous les discours sur ce vecteur d'énergie, car l'hydrogène n'est pas une énergie et il faut le fabriquer.
Écrit par : Marcel | 18/05/2008