Biocarburants: joker énergétique? (09/05/2008)

831870693.jpg"Je roule au colza!" C'était il y a dix ans, le premier slogan d'Eric Herger, gérant d'Eco Energie à Etoy, quand il a créé au milieu des années 90 la première usine de biocarburant de Suisse. Il parle aujourd'hui de biodiesel, mais c'est toujours du colza qu'il tranforme en carburant au rythme bon an mal an de 3 millions de litres par an. Une goutte d'huile dans un océan de pétrole. Le jeu en vaut-il la chandelle? Pas vraiment. D'ailleurs sans les aides publiques, les biocarburants n'auraient pas vu le jour ni en Europe, ni aux Etats-Unis.

Quelques entreprises clientes d'Eco Energie Etoy tirent un avantage d'image. La coopérative vaudoise fait travailler quelque mille paysans suisses que les huileries à colza avaient abandonné, le prix de revient suisse étant trop élevé face aux autres huiles végétales.

La filière du biocarburant suisse est-elle le joker énergétique de la Sujisse? Pas sûr! Le prix des matières premières agricole réduit singulièrement la rentabilité de l'opération. Un accord de libre échange agricole avec l'Europe comme celui de Doris Leuthard prépare pourrait nous contraindre à fermer, avoue à demi mot et en aparté Eric Herger. C'est que sur le plan énergétique pur, le rendement n'est pas terrible. Au mieux, sous nos latitudes 1 litre de mazout fossile consommé pour produire 2 litres de biocarburant. On est loin des Brésiliens qui depuis 30 ans, sous l'impulsion de la Banque mondiale, ont un rendement quatre à six fois meilleur.

En matière de biocarburant seule la filière éthanol à partir de la canne à sucre fait saliver les investisseurs. Elle vient même de convaincre jean Ziegler, qui à son propos de parle plus de crime contre l'humanité. C'est la conclusion de cette matinée consacrée par le CUEPE à l'avenir des biocarburants. Gilbert Brunner de la société Fair energy de Genève en est convaincu.

Sa comparaison de la filière éthanol à partir du maïs américain et celle du sucre brésilien est sans appel. 

D'ailleurs remarque Gilbert Brunner le sucre est la seule matière première dont la transformation en carburant n'a pas provoqué l'explosion des cours. En outre la canne a besoin de soleil, explique l'investisseur, elle ne pousse pas dans les régions équatoriales. Pas de risque donc de déforestation comme c'est le cas de la filière du palmier à huile promue pour leur malheur par l'Indonésie et la Malaisie.

- Oui, mais la canne est exploitée par des ouvriers paysans qui sont réduits à l'état de quasi esclaves, intervient une voix dans l'aula bondée de Centre universitaire de Battelle?

Rien ne démonte l'homme d'affaires genevois, dont le dynamisme, le discours, le ton, l'aisance contrastent avec ses préopinants universitaires invités du Groupe Energie /CUEPE:

- Les coupeurs de cannes font un métier très dur. Ils sont  payés 400 dollars par mois ce qui est plutôt un bon salaire. Savez-vous que les machines travaillent à meilleur compte? Mais que feront les quelque trois millions de coupeurs de cannes quand la mécanisation battra son plein? 

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