Injure gratuite à l’UDC ? (24/04/2008)

866845389.jpg Ce sont les autres partis politiques qui sont des menteurs ou, pour user d'une terminologie plus politiquement correcte, "sont en porte-à-faux historique avec leur "raison sociale."" Soli Pardo, président de l’Union démocratique du centre, n’a pas apprécié que, dans une perspective parue mardi sous le titre «Un canton de Genève tout bleu ou presque»,  je qualifie son parti de menteur, parce que son «C» ne correspond pas à son positionnement politique. Sa lettre a été publiée dans la Tribune de ce jour. On la trouvera ci-après intégralement. Même si les critiques du premier UDC du canton sont contestables, sa prémisse mérite quelque attention.

L’UDC est un parti de droite extrême. Qui ne trompe personne. Et moi non plus. Cependant, n’en déplaise à son  président, son «C» reste une tromperie. Pire que celle qui fait dire à n’importe quel commerçant qu’il est le moins cher. Au moins, le commerçant fait des efforts pour que son activité colle à son slogan, même si parfois il peut être pris en défaut. Il en va de même du PDC à qui l’on reproche souvent de s’écarter par trop de son «C» et dont on ne peut nier ses efforts réguliers de recentrage.

Plus curieuse est cette remarque de Soli Pardo: «Le "C" de "UDC" signifie bien "centre". Cela est dû à l'évolution de ce parti depuis des décennies, et non à une volonté de se présenter comme centriste tout en pratiquant une politique bien orientée à droite.» Faut-il comprendre que l’UDC fut autrefois un parti centriste et que passant par  un extrême-centre audacieux, (expression dont Domaine public l’aurait affublé jadis, avant que Jean-François Kahn et plus récemment François Bayrou ne se l’approprie), il aurait perdu le sens de l’orientation et se serait retrouvé, malgré lui (?), à l’extrême-droite?

Plus intéressante est la dernière partie de la lettre du président de l’UDC: «La plupart des partis suisse, écrit-il,  sont en porte-à-faux historique avec leur "raison sociale" : il y a bien longtemps, par exemple, que les radicaux, contrairement à leur dénomination, naviguent à la surface des choses et ne s'attaquent plus à la racine des problèmes traversés par notre société. Ou que les socialistes se sont transformés en un syndicat de hauts fonctionnaires nantis, délaissant les intérêts des classes laborieuses de ce pays. Ou encore que les libéraux militent pour une adhésion à l'Union européenne, impliquant l'application de circulaires européennes contraires à l'idée même de libéralisme, tout en continuant à utiliser ce terme pour se désigner. Ou enfin que le PDC revendique un héritage chrétien et même catholique, tout en étant favorable à l'avortement.»

Même si les critiques du premier UDC du canton sont contestables, sa prémisse mérite quelque attention. Ce sont les autres partis politiques qui sont des menteurs ou, pour user de sa terminologie plus politiquement correcte, sont en porte-à-faux historique avec leur "raison sociale", soit par mollesse (les radicaux et les socialistes), soit par dérive (les libéraux et le PDC). Seul donc le parti UDC, bien que menteur dans son appellation, serait authentique dans ses actions.

Soli Pardo démontre une chose. Son art du sophisme n’a qu’un objectif: tromper son monde. Objectif réussi sur le plan électoral du moins, puisque si l'on suit sa démonstration l'UDC a bien fait de passer de l'extrême centre à la droite extrême. Il n'empêche que ce sont tous les autres partis qui ont forgé la Suisse d'aujourd'hui. Pas la mouche du coche, même si elle prend depuis quelques années les allures d'une grenouille fabuleuse.

La lettre de Soli Pardo: Pardo udc menteur.pdf

11:16 | Lien permanent | Commentaires (9)