Le retour des notes (06/01/2008)
Après une longue lutte, les Genevois, vous vous en souvenez, ont infligé un cinglant camouflet aux syndicats des enseignants et à la gauche en rétablissant les notes à l'école. Et Charles Beer, qui n'en voulait pas, avait développer un nouveau carnet réceptacle des évaluations régulières mais non chiffrées des élèves. Personne au fond ne contestait le bienfondé de l'évaluation du travail des élèves et de leurs résultats (ce qui n'est pas la même chose).
Ministre des finances, Mme Calmy-Rey aimait présenter la notation du canton établie par l'évaluateur financier international Standard and Poor's. Et le ministre David Hiler continue cette bonne pratique.
Pas une année sans concours de miss, sans palmarès de tout et de rien. Toujours en matière de gestion publique, l'Idheap (Institut d'études en administration publique) dresse depuis quelques années le comparatif des cantons et des villes les mieux gérées (du point de vue financier).
Et voilà que l'annonce par Sarkozy de l'évaluation prochaine de ses ministres soulèvent un tollé à gauche et l'amusement du grand quotidien Le Monde. "Attention, gadget!" titre le grand quotidien français qui lui-même n'en serait peut-être pas en crise s'il avait pratiqué cette méthode.
Gadget, vraiment? Les radars sur les routes sont pour certains aussi des gadgets. Mais ce n'est pas parce que quelques chauffards les ignorent qu'il viendrait à l'idée de quelqu'un de proposer leur suppression. Au contraire.
Nul ne prétend évidemment qu'une meilleure gouvernance découlera ipso facto de la mise en oeuvre d'une batterie d'indicateurs. Ils ont cependant vertu
- de clarifier les objectifs que l'on s'assignent,
- d'en donner une illustration aussi simple que possible et donc lisible par tout un chacun,
- de donner l'exemple à l'ensemble de l'administration plus coutumière de suivre des règlements que de se préoccuper de la pertinence et l'efficience des services rendus.
Un thermomètre ou un scanner ne remplaceront jamais la décision médicale, mais aucun médecin ne songerait à se passer de ces outils.
Dire enfin de l'Etat qu'il n'est pas une entreprise est une lapalissade qui ne doit cependant pas exonérer les services publics d'être comptables de leurs actes auprès du public. Et pas seulement dans des rapports financiers annuels si complexes et indigestes que personne ne les lit.
14:45 | Lien permanent | Commentaires (7)
Commentaires
Si la gauche française et son porte voix "Le Monde" crient au gadget c'est que l'un comme l'autre redoute d'avoir à affronter les réalités chiffrées de son action.
Pour la gauche française, dont les smilitudes avec celle de Genève sont criantes, la principal danger de ces notes est qu'elles permettront de juger de l'efficacité tant des actions que des mesures.
Or dans ces deux terrains, les socialistes contemporains sont largement en retard, notamment sur l'UMP pour ce qui est de français.
La meilleure démonstrations du retard accumulé est l'absence totale de clairvoyance à la suite de l'éhec des présidentielles de l'an dernier.
Ce qui est par contre plus préoccupant c'est que les électeurs Genevois n'ont pas encore compris que si la gauche s'oppose aux note c'est pour mieux masquer ses lacunes!
C'est bien toute l'inquiétude que nous devons collectivement avoir à la veille d'échéances politiques très importantes notamment pour le développement du "genevois" au sens large du terme!!!
Avec des praticiens tels que Moutinot, Cramer, Hiler ou encore Beer, cette gauche genevoise a de quoi préoccuper les plus optimistes d'entre nous, ils ne savent même pas à quoi servent les outils économiques qu'ils sont chargés de faire fonctionner!
Si la Sa Grâciuse majesté a connu un "annus horibilis" les Genevois connaissent la plus piètre équipe gouvernementale depuis l'époque Nicole.
C'est tout dire!
Écrit par : Post Lux Tenebras | 06/01/2008
"Le monde" de gauche ?!
Et bien, on aura tout entendu !
A la limite vous auriez dit "Le Monde diplomatique" ... mais là, le monde ...
Écrit par : Dji | 06/01/2008
Tout est relatif, Dji, là n'est pas la question. Hitler est un gauchiste à côté de Gengis Khan. Il n'empêche que si les socialistes étaient fûtés - c'est-à - dire pas comme vous - ils pourraient faire un tabac. Le capital à but social, un peu ce que disaient autrefois les radicaux. Puisque les radicaux veulent chasser sur les terres des socialistes, que ceux-ci chassent sur les leurs. Tout le monde y gagnera. La PME pure et dure est compatible avec les socialistes, si ceux-ci se montrent intelligents et éclairés. Quant aux multinationales, elles savent très bien qu'elles doivent se faire aux règles multinationales...un jour ou l'autre...
Après tout, hein, si les radicaux veulent absolument se saborder, aidons les à couler rapidement. Par humanité, y a des tas de gens qui se gargarisent avec ça.
Écrit par : Géo | 06/01/2008
Je vois que 2008 ne sera pas bien différente de l'année précédente. D'un sujet factuel, à savoir l'évaluation de la prestation étatique - à laquelle je souscris pleinement - les internautes dévient en un rien de temps sur la traditionnelle bataille gauche / droite, pour produire un débat tout à fait stérile. Or, c'est justement ce que nous reprochons à nos parlementaires et gouvernants. Ne nous laissons plus enfumer par leurs discours creux mais demandons des comptes chiffrés, étayés, transparents dont la lecture est accessible au simple citoyen. Nous avons le droit de connaître les objectifs pour chaque Département et pour chaque service et ceux-ci devraient être tenus de présenter un bilan objectif. J'aime savoir à quoi servent les impôts payés, pas vous ?
Écrit par : Dixit | 06/01/2008
Pour moi qui ai vu ce qu'a donné ce retour à l'école primaire, je peux vous le dire : les notes c'est un vrai GADGET! Ca ne sert à rien, ça ne dit rien, ça n'explique rien, ça ne pointe pas les problèmes, ça ne met pas en valeur les progrès et les efforts, ça ne fait que rassurer les parents qui croient pouvoir être fixés en quelques secondes en regardant d'un oeil distrait le carnet de leur gamin, sans vouloir se pencher réellement sur ce qui va et ce qui ne va pas.
TOUT n'est pas chiffrable, tout n'est pas quantifiable.
Écrit par : Sandro Minimo | 06/01/2008
@ Sandro, c'est ce que l'on appelle une appréciation ad minima, merci Monsieur Minimo de la mettre au masculin!
Écrit par : Manuel Tourneur | 07/01/2008
La nouvelle organisation de l'école ne coûtera pas un centime de plus aux contribuables, promet Charles Beer; il s'y était engagé, avait-il asséné, dès l'annonce de la nouvelle super structure pour caser des petits copains (la plupart déjà nommés, disponibles, d'autres croupissant dans des placards dorés.) Or, CB n'est pas à un mensonge près!
Non seulement, il aura fait de l'Initiative 121 "pour le retour des notes" un melting pot de tout et n'importe quoi, se défiant de ce qui était convenu au fur et à mesure que les travaux pour l'élaboration du nouveau règlement, mais en plus, il s'est permis avec toute l'arrogance possible dévolue à son titre (exempte de sagesse élémentaire, cela va sans dire) de sucrer les soldats au lieu de garantir le suivi des élèves, les encadrements et cours d'appui divers.
Ce dernier point est tellement criant - contrairement à ce qu'il affirme sur le plateau de Décaillet et dans la TdG - que beaucoup d'élèves en difficulté font appel à des services extérieurs (preuves à l'appui); en outre, CB s'est écrié souvent, feignant l'étonnement à plusieurs reprises, que c'était n'importe quoi et qu'il fallait strucurer ces mesures à la dérive.
Brandissant les REP (14)comme gage de la réussite de son "pari" en matière d'aide en milieu scolaire, ce surtout dans les quartiers dits en difficulté.
Quant aux su-sucres distribués, ils coûteront bel et bien, malgré les dénégations réitérées de CB! Peut-être passera-t-il ce budget sur la rubrique des postes au front?
Enfin, dans le florilège des candidatures, beaucoup étaient jouées d'avance, les différents profils n'ont pas été pris en considération, même parmi les plus riches. Est-ce là le respect des lois républicaines ou faut-il y admettre que les processus sélectifs (= en vue d'une exclusion systématique et méthodique) ont été maniés de telle sorte à former une caste, pour la plupart ayant signé de leur nom le Manifeste anti IN 121, perpétrant ainsi une nouvelle "rénovation" bis ?! La réponse réside dans la question, bien sûr.
Le ministre détient le pouvoir de jouer à sa guise alors que l'instruction est chose sérieuse, ici comme ailleurs...
Écrit par : Micheline | 06/06/2008