Bouchons: où est la métropole? (13/11/2007)
Comment faire pour faire sauter les bouchons? La Tribune empoigne le problème. Complexe à voir la carte publiée ce matin par mon journal préféré. Et étonnamment unilatéral! Il n'y en a que pour les transports publics ou presque et que pour le canton de Genève ou presque.
Certes le CEVA a vocation d'être le RER du XXIe siècle qui draînera les travailleurs jusqu'à Evian, Cluses, La Roche sur Foron et Morges de l'autre côté du Léman. Encore faudra-t-il construire la 3e voie CFF jusqu'à Lausanne et du côté français améliorer les voies, acquérir suffisamment de matériel roulant et dans au nord comme au sud du Léman construire de vrais parkings d'échange, aisément accessibles, bon marché et surveillés. Or on en est loin et rien n'est prévu pour le financement de ces à-côtés coûteux dans le budget du CEVA. En fait les voitures qui ne viendront pas à Genève iront polluer les bourgades alentours au coeur desquelles sont les gares du XIXe siècle. Prenez Cornavin, la gare centrale de Genève est difficilement accessible en voiture. Va-t-on comme l'on imaginé les urbanistes de 500 mètres de ville en plus aménager une grande gare aux voyageurs à la Praille à côté de l'autoroute? On imagine-t-on désenclaver la gare de l'aéroport en la reliant au réseau suisse via Bellevue? Rien de tout cela n'est prévu.
Certes la route des Nations est notée, mais surtout pour y faire passer un tram, une concession sans doute pour que ce tronçon permettant aux internationaux d'aller et venir à leur travail en voiture.
Certes les tunnels de Meyrin et de Vésenaz sont notés, mais avouez que ce sont des projets micro-locaux, sans grande incidences. Quant à la route des Communaux d'Ambilly, c'est une vicinale sans incidence sur les bouchons alentours.
Certes le carrefour autoroutier de la Milice est noté. Cramer l'a arraché à Berne (l'autoroute est une route nationale) pour satisfaire Plan-les-Ouates dans le cadre de l'urbanisation de la Chapelle-les-Sciers. Mais quid de la voie Cottier, cette route interquartier sensée rejoindre la route de Veyrier en passant par Troinex? Le contournement par une voie rapide du sud du canton reste à faire. Rien n'est prévu à ce sujet. Pourtant les propositions ne manquent pas (Lire ici).
Certes la traversée du lac est notée, mais son débouché sur la rive gauche reste hypothétique. Le gouvernement ne l'a d'ailleurs pas évoquée dans son projet d'agglomération Genève 2030. Peut-être parce que l'ogre CEVA a dévoré l'essentiel des subsides bernois que promet la loi fédérale sur les infrastructures. Pourtant une bonne action serait peut-être, sans attendre le pont sur la rade, de raccorder la route de Jussy au sud de Puplinge avec le carrefour d'Etremblière par une autoroute souterraine comme celle de Plan-les-Ouates. Ce tunnel sous Ambilly réaliserait le contournement sud autoroutier du canton, permettrait d'accéder à la gare d'Annemasse aisément. De quoi donner une raison d'être au CEVA et règlerait la question de la vicinale des communaux d'Ambilly.
Rien donc de bien sérieux sur le réseau routier. Rien pour répondre aux habitants de Soral, des villages frontaliers suisses et français. Rien non plus avant une génération pour soulager les quais et le Pont du Mont-Blanc joyaux de notre ville.
Quant à la France voisine, c'est le bleu total. Sur la carte de la Tribune en tous cas. Les Français construisent pourtant à tout va et dans des gabarits conformes aux besoins futurs de mobilité des Genevois (les Genevois sont les habitants du Genevois qui s'étend des Voirons au Vuache et du Salève au Jura). L'autoroute Annecy-Genève par Cruseilles, la voie rapide du Pays de Gex qu'il faudra bien un jour accrocher à l'A1 suisse. La voie rapide du Chablais, en attendant l'autoroute et la réhabilitation du Tonkin.
PS: Plus de voitures, plus de CO2 certes, mais on ne parle plus des NOx, des oxydes d'azote. Il n'ont pas disparu, mais le catalyseur en a tout de même réduit le volume. Comme quoi, le pire (à l'époque c'était les pluies acides) n'est jamais sûr. Idem pour le plomb.
07:31 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
La voiture, comme transport individuel n'est tout simplement pas viable pour les habitants de la ville, elle n'est pas durable écologiquement, et ne sera bientôt plus supportable économiquement (baril à 100$). Vous pourrez construire toutes les routes que vous voudrez, cela ne changera rien au fait que lorsque vous êtes seul dans une énorme boîte d'acier (d'une tonne!), vous occupez beaucoup plus d'espace que nécessaire, vous dégagez beaucoup trop de CO2 et de polluants locaux (alors oui, les filtres à particules aident un peu, mais leur arrivée a été largement compensée par l'augmentation du trafic - niveau pollution de l'air à Genève, c'est toujours aussi catastrophique!!!), vous occupez un espace monumental lorsque votre voiture est à l'arrêt (on peut mettre environ 6 à 8 vélos là où l'on ne parque qu'une seule voiture), etc. etc.
Si l'on veut une ville agréable à vivre, il n'y a qu'un seul moyen:
-développer massivement les Transports Publics
-encourager la mobilité douce
-arrêter de construire des infrastructures routières coûteuses et fondamentalement inutiles parce qu'elles ne font que déplacer le problème
Voilà pourquoi, j'imagine, les journalistes de la Tribune, ayant parfaitement compris tout ceci, ont concentrés leur plan sur les TP...
Écrit par : Sandro Minimo | 13/11/2007
Ceva n’est pas une fin en soi, mais bien un maillon essentiel non seulement pour un projet de réseau transfrontalier ferré qui devrait desservir l’ensemble du territoire compris entre le Jura, le Vuache le Salève et les Voirons, mais aussi dans la vision d’une ligne sud-lémanique permettant, par la réhabilitation du Tonkin, de faire transiter des trains en direction du Valais et de l’Italie par Saint-Gingolph. Or actuellement personne ne veut parler de ce projet global, comme si l’on se refusait d’affronter la réalité en face et d’admettre ces nouveaux territoires qui se développent aussi bien au pied du Jura que dans le genevois haut-savoyard. Ainsi, c’est un non sens de promouvoir les prolongements radiaux des lignes de trams au lieu de compléter l’émergence de ce réseau par la création d’un barreau nord entre Meyrin et Thoiry et d’un shunt à Ambilly qui permettraient de faire transiter des navettes de Divonne à St-julien ou de Bons à Farges en passant par le centre-ville sans oublier la vallée de L’Arve. Et ceci sans forcément devoir électrifier les voies du pied du Jura au vu des nouvelles rames hybrides, tel le Bibi de Bombardier, dont la presse s’est fait largement écho récemment.
Bien évidemment, cerise sur le gâteau dans la cohérence de ce projet, le prolongement de la 3ème voie jusqu’à la nouvelle gare centrale de la Praille, permettant le transfert de tous les modes de mobilité et l’ouverture d’une nouvelle ligne en direction d’Annecy et du futur Lyon-Turin.
Hélas l’ambition, la cohérence, le projet et la vision à long terme ne sont plus guère à la mode dans un système où l’individualisme, le court terme, le saupoudrage à fin électoraliste, l’emportent toujours plus à l’instar du projet transfrontalier d’agglomération en cours d’achèvement !
Louis Cornut membre de « Genève 500 mètres de ville en plus » et d’Alprail
Écrit par : Louis Cornut | 13/11/2007