Pluie en été (10/08/2007)
Inondations ici, canicule là, tornade et blizzard sont aux gazettes ce que le labourage était autrefois à la France selon Sully ("Labourage et pâturage sont les deux mamelles dont la France est alimentée et les vraies mines et trésors du Pérou"). Certes, les gens vraiment concernés par les coulées de boue ou les incendies ravageurs et autres caprices de la nature ont droit à notre compassion et à notre aide.
Ce qui m'horripile dans ces déluges de commentaires, c'est la bonne pensance qui en découle et dégouline: "Braves genres, la colère du ciel n'est qu'un avant-goût des catastrophes que notre comportement irresponsable nous prépare" clament les Cassandres assemblées. "Nous sommes responsables du réchauffement climatique et nous n'en voyons que les premiers effets dévastateurs."
Décidément notre monde est retombé à l'an 1000, où les incantateurs appelaient au repentir pour conjurer le mauvais sort. A quand des prières républicaines pour calmer la colère des dieux?
Je ne nie pas le réchauffement actuel, mais peine, à ce stade des connaissances, 1) à en faire porter l'unique responsabilité au genre humain (occidental évidemment), 2) à conclure sans plus d'études à un futur dérèglement climatique durable, 3) à hurler avec les loups à la fin prochaine du monde.
Pour revenir au hic et nunc, si l'homme a quelques responsabilités dans les flots boueux actuels, il faudrait plus sûrement
- incriminer le manque d'entretien des fossés, rigoles, nants et torrents encombrés par les herbes folles et les bois morts,
- mesurer combien le labourage intensif et profond que permettent les tracteurs géants détruit la structure des sols, brûle excessivement la matière humique spongieuse et accélère leur colmatage,
- prendre en compte le bétonnage continu du pays,
- considérer aussi dans le bilan hydrique le drainage des marais, la canalisation des cours d'eau, la suppression des zones humides inondables.
Et, last but not least, ne pas s'alarmer outre mesure du moindre écart à la normale et de la moindre flaque d'eau comme signe évident d'une catastrophe séculaire.
Patience. Dans quelques années, les effets de la nouvelle politique agricole, moins productiviste (encore que les perspectives des agro-carburants font craindre le pire), la révolution (lente) des cultures sans labour, le revitalisation des terres, la renaturation des cours d'eau l'entretien des forêts et du réseau capillaire des cours d'eau et l'épuisement annoncé des énergies à effet de serre suffiront à faire passer les hoquets de la météo pour de vieilles lunes.
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